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Quand la muqueuse a des fuites, l’urticaire fleurit ...
vendredi 1er octobre 2004, par
L’urticaire chronique génère bon nombre d’hypothèses. La présence d’un facteur alimentaire dans l’urticaire chronique est pressentie depuis longtemps : mis à la diète, la plupart des patients hospitalisés voient leurs symptômes disparaître...ce que l’on comprend mieux à la lumière de ce travail.
Dans l’urticaire chronique, les réactions pseudo allergiques sont associées à des altérations de la perméabilité gastroduodénale. : S. Buhner1, I. Reese2, F. Kuehl1, H. Lochs1, T. Zuberbier2
Departments of 1Gastroenterology, Hepatology, and Endocrinology, and 2Dermatology and Allergy, Charité Universitätsmedizin Berlin, Germany
dans Allergy 59 (10), 1118-1123
– contexte :
- dans un sous-groupe de patients atteints d’urticaire chronique (UC), la maladie est causée par des réactions pseudo allergiques à la nourriture.
- le but de cette étude a été de rechercher si les troubles de la fonction de la barrière gastro-intestinale jouaient un rôle dans la physiopathologie de la maladie.
– méthodes :
- chez 55 patients atteints d’urticaire chronique, la perméabilité gastro-intestinale été mesurée avec un test in vivo au triple sucre avant et après 24 jours d’un régime pauvre en pseudo allergènes.
- le sucrose a servi comme marqueur de la perméabilité gastroduodénale, tandis que le rapport lactulose/mannitol a servi comme marqueur de la perméabilité intestinale.
– résultats :
- les perméabilités gastro-duodénales et intestinales de base ont été significativement plus hautes chez les patients avec urticaire comparés aux sujets contrôles.
- chez 29 des 55 patients les symptômes cutanés ont diminué ou complètement disparu pendant le régime (répondeurs).
- comparés aux non répondeurs (n=26), les répondeurs avaient une perméabilité gastroduodénale plus importante avant traitement ( 0.36 + ou - 0.04 vs 0.15 + ou - 0.01% sucrose ; p<0.001),qui a diminué après le régime (0.17 + ou - 0.02 ; p<0.001).
- le nombre de patients infectés par Helicobacter pylori ne différait pas dans les deux groupes.
– conclusions :
- les résultats indiquent que dans un sous-groupe de patients atteints d’urticaire chronique avec pseudo allergie, une altération de la fonction de la barrière gastroduodénale peut avoir une importance physiopathologique.
- les mécanismes impliqués dans cette altération paraissent être indépendants de l’infection à H.pylori.
Dans le sous groupe bien particulier de patients atteints d’urticaire chronique dont les symptômes sont modulés par des pseudo allergies alimentaires, le mécanisme en jeu paraît être d’une part, lié à un trouble de la perméabilité de la muqueuse gastroduodénale, et d’autre part, sans rapport avec une infection à H.pylori.
Dans le consensus sur la prise en charge de l’urticaire chronique (consultable dans son intégralité sur le site de l’ANAES), le paragraphe concernant l’alimentation est court : il rappelle que l’allergie alimentaire est très rare, et que la fausse allergie alimentaire par surconsommation d’aliments riches en histamine ou d’aliments histaminolibérateurs constitue la cause la plus fréquente d’urticaire chronique liée à l’ingestion d’aliments.
C’est à ce sous groupe de patients, concernés par des symptômes pseudo allergiques, que s’intéresse ce travail.
On connaît les conséquences de certains médicaments (notamment salicylés et anti-inflammatoires non stéroïdiens) sur la perméabilité de la muqueuse digestive ; il aurait été intéressant de signaler d’éventuelles prises médicamenteuses parmi les patients sélectionnés.
Par ailleurs, on ne connaît pas, au sein d’une population de patients atteints d’urticaire chronique, la proportion de patients dont les symptômes sont déclenchés par des pseudo allergies et qui sont donc concernés par des troubles de la perméabilité de la muqueuse digestive.
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