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Faut-il être « bêta » pour faire de l’allergie et de l’asthme ?
vendredi 1er octobre 2004, par
Les chercheurs ont beaucoup d’imagination et soulèvent des questions qui n’ont pas immédiatement de réponse. Ainsi, on sait qu’il existe des récepteurs bêta² sur les cellules immunologiques, mais que se passe t-il lors d’une agression allergique chez un asthmatique ? Si l’absence de réponse vous angoisse cet article est pour vous.
Altération de la régulation bêta² adrénergique des cellules lymphocytaires T activées après un test de provocation allergique dans l’asthme. : I. H. Heijink*, M. van den Berge, E. Vellenga, J. G. R. de Monchy*, D. S. Postma and H. F. Kauffman*
Departments of *Allergology, Hematology and Pulmonology, University Hospital Groningen, Groningen, The Netherlands
dans Clinical & Experimental Allergy 34 (9), 1356-1363
– Introduction :
- L’inflammation des voies aériennes respiratoires dans l’asthme est orchestrée par le recrutement de lymphocytes T helper de type TH2 au niveau du poumon, avec la production secondaire de cytokines de type TH2 lors du test allergique.
– Objectif de l’étude :
- Il a été d’étudier si une anomalie de fonctionnement des récepteurs béta2 adrénergiques lors de la réaction allergique peut provoquer une augmentation de l’activité des lymphocytes TH2 dans l’asthme.
– Méthodologie :
- La régulation bêta²-adrénergique sur l’expression des ARNm des cytokines a été étudiée au niveau des lymphocytes périphériques sanguins activés CD3/CD28 chez 7 asthmatiques avant et 6h après un test de provocation allergique.
- De façon concomitante, les effets d’un bêta² agoniste, le fénotérol, sur le chémotactisme des LT et sur les voies d’activation intracellulaire ont été étudiés.
– Résultats :
- Une perte complète du contrôle des bêta² récepteurs sur l’expression des cytokines TH2 : IL4, IL5 et IL13 mais pas sur les cytokines TH1 : IFN-gamma, est observée après le test de provocation allergique.
- De plus, les auteurs ont trouvé une anomalie de régulation des récepteurs béta² sur la migration cellulaire des LT ainsi que sur les signaux de transduction intracellulaire (phosphorylation ou protéine kinase).
- La perte du contrôle par le bêta² récepteur est associée à une augmentation de l’expression de la bêta² récepteur kinase, qui pourrait être impliquée dans le phénomène de désensibilisation des récepteurs bêta².
- Enfin, il est démontré pour la première fois que les cellules T exposées aux chemokines thymiques, et aux chemokines régulatrices, ont une diminution de réponse au fénotérol.
– Conclusion :
- Ces résultats suggèrent que la perte du contrôle des récepteurs bêta² induite par l’allergène, probablement due à la libération de chemokines, joue un rôle important dans l’augmentation de l’activité de type TH2 dans l’asthme.
Les auteurs démontrent qu’une perte du contrôle des bêta² récepteurs lors de la réaction allergique provoque chez l’asthmatique une augmentation de la réponse de type TH2. Cet effet passe par l’intermédiaire de chemokines dont la régulation est modifiée par un béta2 agoniste.
On sait que les lymphocytes expriment le bêta² récepteur, surtout les LT CD8+. Les auteurs démontrent que chez les asthmatiques, le test de provocation allergique entraîne une perte d’expression des cytokines de type TH2 : IL4, 5 et 13 mais n’agit pas au niveau des cytokines de type TH1 comme l’IFN gamma.
La perte du contrôle des bêta² récepteurs entraîne une altération de la conduction entre le récepteur et les systèmes d’activation intracellulaire qui conduisent vis des phosphorylations au couplage de la protéine G et à l’augmentation de la concentration en AMP cyclique.
Donc, chez l’asthmatique, le test de provocation (ou la crise d’asthme lors d’un contact allergique) entraîne une perte du contrôle des récepteurs bêta² du système immunologique, avec une augmentation de production des cytokines TH2 avec un shift des TH1 vers les TH2.
Cela explique donc l’association entre asthme et allergie au niveau cellulaire via ces bêta² récepteurs.
Reste à savoir si l’utilisation d’un agoniste bêta va inverser les effets et protéger à la fois de la bronchoconstriction mais aussi de la réponse allergique.
En particulier il faut pouvoir apprécier réellement l’impact de cette observation in vitro, sur les lymphocytes in vivo, en association avec toutes les cellules qui interviennent également parce qu’elles ont des récepteurs bêta².
Il en est ainsi des éosinophiles, des macrophages, des mastocytes, des neutrophiles...
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