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Révolution chez les lymphocytes T allergiques : il est interdit d’interdire !!
samedi 2 octobre 2004, par
L’homéostasie humaine est basée sur des systèmes de régulation, l’équilibre étant maintenu grâce à des facteurs activateurs et des facteurs suppresseurs. Il devrait en être de même pour la réaction allergique. On sait qu’il existe des LT suppresseurs qui devraient bloquer la réponse TH2. Que se passe t’il chez l’allergique ?
Suppression défectueuse des cytokines TH2 par les cellules T régulatrices CD4+CD25+ chez les allergiques au bouleau durant la saison pollinique des bouleaux. : H. Grindebacke*, K. Wing*, A.-C. Andersson*, E. Suri-Payer, S. Rak and A. Rudin*
*Department of Rheumatology and Inflammation Research, The Sahlgrenska Academy at Göteborg University, Göteborg, Sweden, Division of Immunogenetics, German Cancer Research Center, Heidelberg, Germany and Department of Respiratory Medicine and Allergology, The Sahlgrenska Academy at Göteborg University, Göteborg, Sweden
dans Clinical & Experimental Allergy 34 (9), 1364-1372
– Introduction :
- Les cellules T régulatrices CD4+CD25+ inhibent la prolifération et la production de cytokines des cellules T humaines à la fois vis-à-vis des autoantigènes et des antigènes exogènes.
- L’absence de ces cellules régulatrices chez des nouveaux nés conduit à des maladies auto immunes multiples et à des maladies inflammatoires, avec conjointement une élévation du taux des IgE.
- Cependant, le rôle des ces cellules en pathologie allergique humaine n’est pas encore élucidé.
– Objectif de l’étude :
- Ce travail a cherché à évaluer la capacité de régulation des cellules T CD4+CD25+, à inhiber la prolifération et la production de cytokines hors et pendant la saison pollinique chez des patients allergiques au pollen de bouleau par rapport à des témoins non allergiques.
– Méthodologie :
- Les cellules CD4+ ont été obtenues par prélèvements sanguins :
- chez 13 patients allergiques au bouleau et chez 6 témoins non allergiques, en dehors de la saison pollinique,
- et chez 10 patients allergiques au bouleau et chez 10 témoins non allergiques durant la saison pollinique.
- Les sous populations CD25+ et CD25- ont été isolées par billes magnétiques et elles ont été cultivées seules, ou dans des proportions variables, en présence de cellules présentant les antigènes et :
- avec des extraits de pollen de bouleau
- ou avec des anticorps anti-CD3.
- La prolifération et les taux d’IFN gamma, d’IL13, d’IL5 et d’IL10 ont été mesurés respectivement par incorporation de la thymidine tritiée et par tests ELISA.
- Le nombre des cellules CD25+ a été mesuré par cytométrie de flux.
– Résultats :
- Les cellules T régulatrices CD4+CD25+ à la fois des patients allergiques et non allergiques ont la capacité de supprimer la prolifération des cellules T lors de la stimulation par les allergènes de bouleau à la fois hors de la saison pollinique et pendant la saison pollinique.
- Cependant, durant la saison pollinique, les cellules T régulatrices CD4+CD25+ des patients allergiques mais pas des patients non allergiques témoins ont un défaut de régulation négative de la production induite par les pollens des cytokines IL13 et IL5. Par contre leur capacité à supprimer la production d’IFN gamma reste intacte.
- Inversement, en dehors de la saison pollinique, les cellules régulatrices à la fois des allergiques et des non allergiques sont capables d’inhiber la production des cytokines des LT4+ de type TH2.
– Conclusion :
- C’est la première étude qui montre des suppressions différentes des cytokines TH1 et TH2, avec des cellules T régulatrices CD4+CD25+ de patients allergiques au pollen de bouleau.
- Ces cellules régulatrices sont incapables de réguler négativement les réponses des LT de type TH2 mais pas les TH1 lors de la saison pollinique.
Dans ce travail, les auteurs démontrent pour la première fois que chez les patients allergiques aux pollens de bouleau il existe une anomalie de contrôle de l’activation des lymphocytes T durant la saison pollinique. Les cellules T régulatrices ne peuvent pas supprimer la réponse TH2 mais seulement la réponse TH1.
Cette étude montre donc que pendant la saison pollinique il existe chez le patient allergique un défaut de fonctionnement de l’action suppressive de cellules régulatrices T.
Ces cellules régulatrices T sont, hors saisons polliniques, capables d’inhiber la prolifération cellulaire T ainsi que la production de cytokines. Mais en saison pollinique il existe une absence de suppression de l’activité des LT de type TH2.
Reste à expliquer le mécanisme de cette action sélective de l’activité des cellules T suppressives sur les sous-populations lymphocytaires T de type TH2. L’idéal pour éviter la réaction allergique serait bien entendu d’obtenir une réponse inverse avec suppression des LTH2 et au contraire persistance de la prolifération et de la production de cytokines de LTH1.
Il est douteux de penser que l’on puisse intervenir sur le plan thérapeutique à ce niveau cellulaire car cette action suppressive intervient pour d’autres réactions immunologiques en dehors de l’allergie.
Mais cela prouve qu’il reste encore beaucoup de chose à apprendre avant de comprendre intimement le mécanisme qui conduit à la réaction allergique lors de l’exposition à des allergènes.
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