IgE : soi et non-soi.

mardi 5 octobre 2004 par Dr Alain Thillay1699 visites

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IgE : soi et non-soi.

IgE : soi et non-soi.

mardi 5 octobre 2004, par Dr Alain Thillay

Nombre d’études ont montré qu’il existe des autoanticorps IgE à l’encontre de protéines humaines dans la dermatite atopique. Cette revue fait le point sur les différentes publications concernant cette nouvelle approche pathogénique de la dermatite atopique.

Auto-immunité et dermatite atopique. : Mittermann, Irene a ; Aichberger, Karl J a,b ; Bunder, Robert c ; Mothes, Nadine a ; Renz, Harald c ; Valenta, Rudolf a

dans Current Opinion in Allergy & Clinical Immunology. 4(5):367-371, October 2004

 Propos de cette revue

  • Il a été démontré qu’un pourcentage considérable de patients souffrant de dermatite atopique a des taux élevés d’autoanticorps IgE à l’encontre d’une grande variété de protéines humaines.
  • Cette revue résume les preuves en faveur de mécanismes auto-immuns dans le cadre de la dermatite atopique et suggère de nouveaux mécanismes pathogéniques qui pourraient être impliqués dans cette maladie.

 Découvertes récentes

  • Il a été montré que les patients atteints de dermatite atopique expriment des IgE autoréactives à l’encontre de protéines humaines.
  • Ces autoantigènes sont exprimés dans une variété de cellules et de tissus.
  • Des ADN complémentaires codant pour des IgE à l’encontre d’autoantigènes ont été identifiés, clonés et caractérisés au niveau moléculaire.
  • A l’aide d’autoantigènes réagissant avec des IgE recombinant purifiés, il a été montré dans des modèles paradigmatiques que l’auto-immunité à IgE peut être un mécanisme pathogénique de la dermatite atopique.
  • De plus, il a été montré que les niveaux des autoanticorps IgE sont associés à la sévérité de la maladie.

 En résumé

  • Les patients souffrant de manifestations sévères d’atopie ont des taux élevés d’autoanticorps IgE à l’encontre d’une variété de protéines humaines.
  • Les niveaux des autoanticorps IgE sont en rapport avec la sévérité de la maladie.
  • Plusieurs mécanismes d’auto-immunité à IgE peuvent contribuer à la pathogenèse de la dermatite atopique.

Je ne reviendrai pas sur les constats de cette étude sous forme de revue, ils sont exprimés de façon suffisamment simple et concise.

Cette idée d’auto-immunité à IgE dans la dermatite atopique particulièrement dans ses formes sévères et persistantes m’est habituelle puisque évoquée par le Docteur Martine Drouet, chef du service d’allergologie d’Angers depuis déjà un bon bout de temps lorsque dans les années 90 je m’y formais à l’allergologie.

Cet aspect pathogénique de la dermatite atopique nous permet de nous interroger sur la place de la maladie atopique, sur sa signification.

L’allergique réagit à l’encontre des antigènes environnementaux par l’intermédiaire des IgE et nous en connaissons bien les conséquences. Si cette pathogénie poussée à l’extrême réagit avec les antigènes humains mêmes, on peut imaginer que nous sommes dans une logique d’un continuum centripète allant de l’extérieur (l’environnement extérieur à l’organisme humain) à l’intérieur (les autoantigènes des cellules et tissus de ce même organisme humain).

Les molécules du pollen de phléole comme n’importe quelle molécule du corps humain sont nées au sein de la même « soupe » biologique primordiale.

Alors, les maladies à IgE pourraient être comprises comme une dysrégulation de la tolérance au non soi et dans une forme particulière, du soi.

On peut alors concevoir que cette forme particulièrement grave d’emballement du système IgE pourrait correspondre au manque d’un élément d’autorégulation.

Tout cela est peut-être un brin philosophique, mais permet d’ouvrir notre esprit à l’ampleur des maladies à IgE et à leur complexité...

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