Ah non, les « roses, assez » pour les allergiques au « boulot » ! !

jeudi 4 novembre 2004 par Dr Stéphane Guez3248 visites

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Ah non, les « roses, assez » pour les allergiques au « boulot » ! !

Ah non, les « roses, assez » pour les allergiques au « boulot » ! !

jeudi 4 novembre 2004, par Dr Stéphane Guez

Certains pollens comme le bouleau entraînent des allergies croisées avec des réactions lors de l’ingestion de certains fruits comme les rosacées. Cependant les réactions allergiques sont beaucoup moins violentes que chez les patients qui sont primitivement sensibilisés aux rosacées. Pourquoi ?

La forte allergénicité de Pru av3, la protéine de transfert lipidique de la cerise est due à sa forte stabilité vis-à-vis des traitements thermiques et à la digestion enzymatique. : Stephan Scheurer, PhD a *
Iris Lauer, PhD a
Kay Foetisch, PhD a
Mar San Miguel Moncin, MD c
Mechthild Retzek a
Christina Hartz, MSc a
Ernesto Enrique, MD b
Jonas Lidholm, PhD d
Anna Cistero-Bahima, MD c
Stefan Vieths, PhD a

aFrom the Department of Allergology, Paul-Ehrlich-Institut, Langen ;
bSección de Alergia, Hospital General de Castellón, Castellón ;
cInstitut Universitari Dexeus, Barcelona ; and
dPharmacia Diagnostics, Uppsala

dans JACI October 2004 • Volume 114 • Number 4

 Introduction :

  • Les protéines de transfert lipidique non spécifiques (LTP NS) ont été identifiées comme les allergènes majeurs des fruits chez les patients du pourtour méditerranéen.
  • La sensibilisation aux LTP s’accompagne de réactions cliniques sévères, probablement en raison de propriétés spécifiques biophysiques et biochimiques de cette famille d’allergènes.

 Objectif de l’étude :

  • Évaluer la stabilité des protéines et le potentiel allergénique des LTP de fruits par rapport à des allergènes de la même source provenant de pollens de bouleau .

 Méthodologie :

  • La stabilité des allergènes naturels et recombinants de la cerise Pru av3 (LTP), Pru av1 (homologue de Bet v 1) et Pru av 4 (profiline) :
    • à la digestion par la pepsine
    • et aux processus thermiques
    • ainsi que la stabilité des allergènes dans les réactifs pour les tests cutanés en prick
  • ont été analysés par technique d’immunoblot et/ou par méthode de diffraction circulaire par spectroscopie.
  • De plus, l’allergénicité des fruits frais et après dégradation a été analysée par test de libération d’histamine en ce qui concerne Pru av1 et Pru av 3.

 Résultats :

  • Les protéines de transfert lipidiques montrent une forte résistance à la digestion par la pepsine (rPru av 3 > r Pru av1 > rPru av 4).
  • L’allergène Pru av 3 immunologiquement actif est détecté 2 heures après digestion par la pepsine, alors que les réactions IgE de Pru av1 et Pru av4 sont abolies en moins de 60 minutes.
  • Par rapport à Pru av1, la réactivité IgE des LPSns n’est pas diminuée lors des traitements thermiques des fruits et les structures secondaires de Pru av3 purifié sont plus résistantes à la chaleur.
  • Les tests de libération d’histamine confirment la forte allergénicité des LTP NS alors qu’elles ne sont pas affectées par les traitements par protéases ou par les processus thermiques des fruits.

 Conclusion :

  • Au contraire des allergènes provenant des pollens de bouleau, les protéines de transfert lipidiques non spécifiques sont particulièrement stables au traitement par la pepsine et aux traitements par la chaleur et montrent un fort potentiel allergique.
  • De plus, les LTP non spécifiques ont le potentiel d’agir comme les fruits natifs, expliquant probablement les réactions systémiques sévères par enrichissement de la muqueuse intestinale d’une forme allergénique intacte et très active.

Dans ce travail, les auteurs démontrent que les allergènes des fruits en particulier de la cerise, qui sont des protéines de transfert lipidiques ont 2 particularités :

  • elles résistent à la dégradation par la chaleur,
  • et elles résistent à la digestion enzymatique.

Ceci explique les accidents observés en clinique lors de l’ingestion des fruits.

Les protéines de transfert lipidiques sont des allergènes majeurs des fruits en particulier de la famille des rosacées.

On trouve dans cette famille la pêche, la cerise, la pomme et la poire.

Mais il existe également une sensibilisation à ces fruits en raison d’une allergie croisée aux pollens de bouleau.
Il existe une analogie entre les allergènes du bouleau et les allergènes des rosacées.

Cependant en clinique les accidents par allergie croisées au bouleau sont essentiellement un syndrome oral, alors que les allergies aux rosacées entraînent des accidents aigus comme des chocs anaphylactiques.

Il doit donc y avoir des différences au niveau de la structure de ces antigènes.

Effectivement, les allergènes des rosacées sont donc surtout des protéines de transfert lipidiques qui ont 2 particularités bien misent en évidence dans ce travail :
la résistance à la chaleur et à la digestion enzymatique.

Ainsi, lorsqu’on est sensibilisé aux pollens de bouleau on peut avoir une allergie croisée mais par le biais d’une sensibilisation à un allergène au départ inhalé avec une réaction immédiate qui est le plus souvent mineure et pour des allergènes de fruits qui sont ensuite rapidement dégradés après absorption.

En cas de sensibilisation primaire aux rosacées, celle ci est dirigée contre des allergènes puissants qui vont résister à la digestion et à la cuisson et qui vont déclencher par le biais du système immunologique digestif une réaction sévère.

De plus les auteurs démontrent qu’il n’est pas possible d’utiliser les mêmes extraits pour mettre en évidence, sur le plan cutané, une allergie alimentaire croisée aux pollens de bouleau et une allergie aux rosacées.

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