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Les basophiles ont du nez, ça donne de l’asthme !!
dimanche 21 novembre 2004, par
On sait qu’il y a une prévalence augmentée de l’asthme chez les patients ayant une rhinite allergique. Mais comment expliquer la diffusion de la réaction allergique à partir de la simple pénétration nasale de l’allergène ? Cela peut-il entraîner une activation des basophiles circulants et comment ?
Effets généraux d’une exposition allergique locale sur la sécrétion d’IL13 par les basophiles sanguins et sur le FceRIb. : Sarbjit Saini, MD *
D. Candy Bloom, AA
Anja Bieneman, BS
Kavitha Vasagar, BS
Alkis Togias, MD
John Schroeder, PhD
From the Department of Medicine, Division of Allergy and Clinical Immunology, The Johns Hopkins University School of Medicine.
dans JACI October 2004 • Volume 114 • Number 4
– Introduction :
- Les études de provocation allergénique des voies respiratoires ont mis en évidence :
- une régulation dynamique par les cytokines au niveau des tissus des voies respiratoires locales
- et des effets distaux sur les précurseurs cellulaires des éosinophiles et des basophiles sur la moelle osseuse.
– Objectif de l’étude :
- Les auteurs ont cherché à savoir si l’application locale intra nasale d’un l’allergène modifie le phénotype des basophiles circulants à un stade initial.
– Méthodologie :
- 10 patients ayant une rhinite allergique ont eu un test de provocation avec des allergènes au moyen d’un spray nasal appliqué de façon séquentielle sur 3 jours.
- Les basophiles de ces patients ont été isolés :
- avant le test de provocation
- et 3, 24, et 96 heures après le troisième test de provocation.
- Les basophiles ont été comparés avant le test et après en ce qui concerne :
- les taux des protéines FceRIb par un western blott
- et l’expression d’ARNm du FceRIb par PCR.
- Il a également été comparé la sécrétion spontanée d’IL4 et d’IL13 par les basophiles.
– Résultats :
- Le taux des protéines FceRIb des basophiles augmente chez 5 des 6 patients après le test de provocation allergénique par rapport au taux initial.
- De plus, le taux d’ARNm du FceRIb des basophiles augmente en moyenne du double après le dernier test de provocation par rapport à l’état de base (p=0.007, n=9).
- La protéine IL13 est détectée dans le surnageant de 7 des 9 patients, sur les cultures enrichies en basophiles, après le dernier test de provocation par rapport au taux initial observé sur 3 des 9 cultures enrichies faites avant le test de provocation (médiane 6.2 versus 0 pg/ml, p=0.058).
- L’IL4 n’est détectée dans aucun des surnageants des cultures.
– Conclusion :
- Le test de provocation allergénique intra nasal active transitoirement les basophiles circulants en augmentant :
- l’expression de la sous unité FceRIb
- et la sécrétion spontanée d’IL13.
- Comme le FceRIb est un amplificateur des réponses médiées par le récepteur FceRI et que l’IL13 est une cytokine pro inflammatoire,
- ces données montrent que le basophile peut être activé à un stade initial
- et démontrent un effet systémique lors de l’application locale de l’allergène pouvant ainsi expliquer une aggravation des réactions allergiques.
Les auteurs démontrent que l’application locale d’un allergène au niveau de la muqueuse nasale a des effets systémiques.
Ces effets sont observés sur les basophiles circulants qui augmentent leur expression en FceRIb et en sécrétion d’IL13. Ces données pourraient expliquer la généralisation de la réaction allergique.
Ce travail est très intéressant. Il met bien en évidence la puissance étonnante de la réaction allergique.
Il est stupéfiant de penser que la simple application locale d’un allergène au niveau de la muqueuse nasale puisse avec une incroyable rapidité entraîner des modifications profondes du système immunitaire. Cette réponse, de locale devient alors générale.
Les auteurs démontrent qu’il y a très rapidement après le test de provocation, une modification du phénotype des basophiles circulants qui augmentent leur expression en FceRIb, ce qui va contribuer à augmenter la captation des IgE spécifiques au niveau de la membrane des basophiles.
De même il y a une augmentation de la sécrétion d’IL13 qui est une puissante cytokine pro inflammatoire.
Ainsi très rapidement il y a une amplification et une diffusion de la réaction allergique locale.
Cela peut expliquer les manifestations d’asthme liées à une rhinite allergique.
Plus que jamais, quelque soit le mode de pénétration de l’allergène dans l’organisme, la réaction allergique déclenchée doit être considérée comme générale.
La maladie atopique quelque soit son mode d’expression prédominant est bien une affection générale qui mérite un traitement systémique plus que local.
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