Arrête de psychoter, tu vas t’étouffer !

dimanche 28 novembre 2004 par Dr Hervé Couteaux2131 visites

Accueil du site > Maladies > Asthme > Arrête de psychoter, tu vas t’étouffer !

Arrête de psychoter, tu vas t’étouffer !

Arrête de psychoter, tu vas t’étouffer !

dimanche 28 novembre 2004, par Dr Hervé Couteaux

Le stress : c’est à la fin de la liste des facteurs aggravants de l’asthme que vous le trouverez cité...parfois. Son rôle ne fait pourtant guère de doute, et c’est un sujet volontiers évoqué par nos patients ou dans les forums de discussions. Les études le concernant sont rares. Alors, le stress dans l’asthme : faux problème ?

Exacerbations de l’asthme chez l’enfant suivant immédiatement des événements stressants de la vie : une régression hiérarchique de Cox : S Sandberg1, S Järvenpää2, A Penttinen2, J Y Paton3 and D C McCann4

1 Department of Mental Health Sciences, Royal Free and University College London Medical School, London, UK
2 Department of Mathematics and Statistics, University of Jyväskylä, Jyväskylä, Finland
3 Division of Developmental Medicine, University of Glasgow, Glasgow, UK
4 School of Psychology, University of Southampton, Southampton, UK

dans Thorax 2004 ;59:1046-1051

 Contexte :

  • Une étude prospective récente chez des enfants asthmatiques, dont l’analyse utilisait une régression logistique dynamique a montré que des événements extrêmement négatifs de la vie augmentaient significativement le risque d’une exacerbation aiguë pendant les six semaines suivantes.
  • Le moment du risque maximum dépendait du degré de stress psychosocial chronique également présent.
  • Une analyse de régression de Cox a été entreprise pour examiner si des événements négatifs de la vie pouvaient avoir un quelconque effet immédiat chez des enfants ne présentant pas de contexte de stress chronique marqué.

 Méthodes :

  • 60 enfants asthmatiques chroniques avérés ont été suivis prospectivement pendant dix-huit mois avec une évaluation continue de l’asthme au moyen de cahiers symptomatiques quotidiens et de mesures du débit de pointe, s’accompagnant d’entretiens répétés consignant les événements de la vie.
  • Les variables de sortie prises en compte ont été les exacerbations de l’asthme et les événements de la vie sévèrement négatifs.

 Résultats :

  • Dans les deux jours suivants un événement extrêmement négatif de la vie, le risque d’une nouvelle attaque d’asthme était multiplié par un facteur de 4.69.
  • Dans la période de trois à dix jours après un événement grave, il n’y avait pas d’augmentation du risque d’une attaque d’asthme (p=0.5).
  • En plus de l’effet immédiat, une augmentation du risque de 1.81 a été retrouvé cinq à sept semaines après un événement grave (p=0.002).
  • Ceci est cohérent avec les résultats précédents.
  • Il existait une variation statistiquement significative dans l’incidence des attaques d’asthme chez les enfants en raison de facteurs qui étaient passés inaperçus.

 Conclusion :

  • L’utilisation de méthodes statistiques capables de mettre en évidence des décalages de courte durée a montré que des événements stressants de la vie augmentaient significativement le risque d’une nouvelle attaque d’asthme immédiatement après l’événement.
  • Une période retardée de risque supplémentaire a également été mise en évidence, cinq à sept semaines plus tard.

Le stress de la vie est bien un facteur aggravant de la maladie asthmatique.

  • Immédiatement après un événement grave, il existe un surcroît de risque d’attaque d’asthme.
  • A l’image de la chronologie d’une réaction allergique, il existe également un risque supplémentaire 5 à 7 semaines après un événement stressant.

Sur 260 études concernant l’asthme, répertoriées sur notre site bien aimé allergique.org, et qui traitent de sujets fort divers (du suivi des asthmatiques par téléphone au rôle de l’érosion dentaire dans l’asthme), 3 seulement évoquent les facteurs psychologiques.

Le stress est pourtant un facteur modulateur évident de l’asthme. Son évaluation, son suivi, pas plus que sa prise en charge ne sont codifiés, mais plutôt laissés au libre arbitre de chaque praticien.

Dans la prise en charge d’un asthmatique, la connaissance d’un facteur multipliant pratiquement par 5 le risque de faire une attaque d’asthme ne peut évidemment rester sans conséquence thérapeutique, à la fois immédiate et retardée.

On peut ici rappeler les résultats d’une étude suédoise, portant sur 43 asthmatiques, sur le rôle de l’anxiété et de la dépression, que l’on retrouvait corrélées a un recours plus fréquent aux traitements d’urgence.

Abonnez-vous!

Recevez les actualités chaque mois