Le mystère du « schimlblick » enfin élucidé : c’était un kératinocyte !!

vendredi 3 décembre 2004 par Dr Stéphane Guez2057 visites

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Le mystère du « schimlblick » enfin élucidé : c’était un kératinocyte !!

Le mystère du « schimlblick » enfin élucidé : c’était un kératinocyte !!

vendredi 3 décembre 2004, par Dr Stéphane Guez

On pense tout connaître de l’inflammation au regard de la somme considérable des articles publiés. Et pourtant on connaît mal l’implication de certaines cellules comme les kératinocytes au niveau de la peau, et les interactions entre ces cellules et certains médiateurs pourtant « célèbres » comme l’histamine.

Les récepteurs H1 à l’histamine induisent une réponse inflammatoire immédiate par les kératinocytes humains. : Maria Laura Giustizieri, PhD a
Cristina Albanesi, PhD a
Joachim Fluhr, MD b
Paolo Gisondi, MD a
Johannes Norgauer, MD b
Giampiero Girolomoni, MD a *

# aFrom the Istituto Dermopatico dell’Immacolata, Istituto di Ricovero e Cura a Carattere Scientifico, Rome
# bDepartment of Dermatology, Friedrich Schiller University, Jena

dans JACI November 2004 • Volume 114 • Number 5

 Introduction :

  • Les kératinocytes participent à l’initiation et à l’amplification des affections dermatologiques liées à une activation des cellules lymphocytaires T.
  • Lors de ces affections, l’histamine peut être libérée à partir à la fois des cellules présentes dans la peau et des leucocytes circulants, et peut alors affecter les fonctions des cellules dendritiques, des monocytes et des lymphocytes.
  • On a encore peu de données sur les effets de l’histamine sur les kératinocytes.

 Objectif de l’étude : : Étudier :

  • la présence de récepteurs fonctionnels H1 sur les kératinocytes humains
  • et la capacité de l’histamine à moduler l’expression des molécules inflammatoires de ces cellules.

 Méthodologie :

  • Des cultures de kératinocytes au repos ou activés par des cytokines et provenant de patients en bonne santé ont été étudiées, en particulier :
    • l’expression du récepteur H1
    • et la production de médiateurs inflammatoires
  • après exposition à des agonistes et des antagonistes du récepteur H1 à l’histamine.

 Résultats :

  • Les kératinocytes cultivés expriment de façon constitutive l’ARNm du récepteur H1 ainsi que sa protéine, sans qu’il n’y ait d’influence par l’action de l’IFN gamma, du TNH alpha ou de l’IL4.
  • Les agonistes H1, et pas les H2, induisent des circulations de calcium au niveau des kératinocytes.
  • Le traitement des kératinocytes avec de l’histamine (10-7 à 10-4 mol/l) ou par la béta-histine, augmente l’expression, induite par l’INF gamma, d’ICAM-1 et des molécules MHC de classe I mais pas de clase II.
  • De plus, la stimulation H1 entraîne :
    • la sécrétion de la chimiokine RANTES et de GM-CSF
    • et augmente la libération induite par l’IFN gamma :
      • des chimiokines CCL2 (MCP-1),
      • CCL5 (RANTES)
      • CCL20 (MIP-13alpha)
      • CXC10 (IP10)
      • et GM-CSF.
  • L’administration de l’anti-histamine, levocetirizine, mais pas d’un anti-histaminique de type 2 comme la cimétidine, va abolir l’expression de toutes les molecules inflammatoires étudiées dont l’expression dépend de l’histamine, d’une façon dose-dépendante (0.01-10 micromol.l).
  • La levocetirizine à fortes doses peut réduire l’expression d’ICAM-1, du CCL5/RANTES et la libération de GM-CSF induite par l’IFN gamma.

Les auteurs démontrent qu’il existe un lien étroit entre histamine et activités pro inflammatoires des kératinocytes.

Les kératinocytes expriment des récepteurs fonctionnels à l’histamine. Leurs stimulations entraînent la production de chimiokines inflammatoires, de GM-CSF en particulier sous l’action de l’IFN gamma.

Ce travail est intéressant d’une part sur le plan physiopathologique, d’autre part sur le plan thérapeutique.

Sur le plan de la physiopathologie, il est démontré que les kératinocytes ont un rôle important voir central dans l’amplification des manifestations inflammatoires induites au niveau de la peau par les lymphocytes T.

En effet cet article démontre que les kératinocytes ont bien des récepteurs à l’histamine qui est un médiateur essentiel dans la réaction allergique. Ces récepteurs sont bien fonctionnels puisqu’il y a une activité calcique.

La stimulation des récepteurs entraîne la production de nombreuses chimiokines qui sont impliquées dans les manifestations inflammatoires de nombreuses affections dermatologiques. Ces chimiokines vont attirer sur le site d’activation des kératinoytes de très nombreuses cellules de l’inflammation comme les monocytes, les polynucléaires etc....

Donc l’histamine va induire de façon très rapide une inflammation via ces molécules.

D’autre part, sur le plan thérapeutique, les auteurs ont étudié l’effet d‘un anti-histaminique sur la production de ces chimiokines. La cetirizine bloque la production de toutes ces molécules pro inflammatoires. Ainsi, il est démontré in vivo que les anti-histaminiques ont bien une action anti-inflammatoire.

Reste à savoir maintenant si l’effet des anti-histaminiques peut être confirmé in vivo au niveau de la peau des patients atteints par exemple de dermatite atopique.

Ces manifestations sont supposées depuis de nombreuses années mais attendent une confirmation.

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