Qu’est-ce qui fait siffler les enfants précocement ?

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Qu’est-ce qui fait siffler les enfants précocement ?

Qu’est-ce qui fait siffler les enfants précocement ?

mardi 7 décembre 2004, par Dr Alain Thillay

Cette étude canadienne sur une cohorte de 170 960 sujets suivis de la naissance à l’âge de 6 ans cherche à déterminer les facteurs de risque d’apparition d’un asthme en fonction de la grossesse, l’accouchement, les infections respiratoires, la fratrie.
Deux points particuliers sont abordés : la taille de la fratrie et l’exposition aux infections respiratoires.

Risque de l’asthme diagnostiqué par le médecin dans les 6 premières années de la vie. : Natalia Dik, MSc ; Robert B. Tate, PhD ; Jure Manfreda, MD and Nicholas R. Anthonisen, MD

* From the Departments of Community Health Sciences (Ms. Dik, and Drs. Tate and Manfreda) and Internal Medicine (Dr. Anthonisen), University of Manitoba, Winnipeg, MB, Canada

dans Chest. 2004 ;126:1147-1153.

 OBJECTIF

  • L’objectif de cette étude de cohorte était de déterminer si les complications de la grossesse et du travail, les caractéristiques de naissance et l’exposition aux infections influent sur l’incidence de l’asthme dans les 6 premières années de vie.

 METHODES

  • Nous avons identifié tous les enfants nés entre 1980 et 1990 dans la province du Manitoba, Canada.
  • Nous avons eu recours au registre des contacts des médecins et des services d’assurance santé universelle provinciale afin de suivre 170 960 enfants de la naissance jusqu’à l’âge de 6 ans pour identifier le premier diagnostic d’asthme.
  • Les informations concernant les mères et les fratries ont été obtenues aussi pour déterminer les antécédents familiaux et l’exposition aux infections.

 RESULTATS

  • Durant la période de l’étude, le diagnostic d’asthme a été fait chez 14,1% des enfants sur une période de 6 ans.
  • L’incidence était plus haute chez les garçons que chez les filles, chez ceux ayant des antécédents familiaux de maladies allergiques.
  • Cette incidence était plus haute en zones urbaines que rurales et plus basse chez les enfants nés en hiver.
  • L’asthme était plus probable chez ceux ayant un poids de naissance bas et ceux nés prématurément.
  • Certaines anomalies congénitales et complications de la grossesse et du travail augmentaient aussi le risque d’asthme.
  • Le risque d’asthme augmentait avec l’âge de la mère.
  • Les infections des voies respiratoires basses et hautes augmentaient le risque d’asthme ultérieur, cet effet était plus important que l’exposition aux infections respiratoires familiales, qui tendaient à accroître également le risque d’asthme.
  • Le risque d’asthme diminuait avec le nombre des membres de la fratrie lorsque la fratrie avait des antécédents de manifestations d’allergie.

 CONCLUSIONS

  • En plus des facteurs génétiques, les conditions intra-utérines et du travail sont déterminantes de l’asthme.
  • L’exposition aux infections respiratoires basses et hautes augmente le risque ; ces infections n’expliquent pas l’effet protecteur associé à l’augmentation du nombre de la fratrie.

Cette étude canadienne aborde le sujet maintes et maintes fois traité, celui des facteurs de risque de l’asthme, aussi bien durant la vie intra-utérine, l’accouchement qu’après la naissance avec l’exposition aux infections respiratoires, tout cela rapporté aux facteurs génétiques.

La prévalence de l’asthme dans cette tranche d’âge est d’environ 14%.

Nous retrouvons des confirmations d’augmentation de l’incidence de l’asthme : les garçons, zones urbaines, petit poids de naissance, prématurité, l’âge de la mère.

Par contre, l’exposition aux infections respiratoires augmente le risque d’asthme alors que l’augmentation de la fratrie reste un facteur de protection comme déjà montré dans des travaux antérieurs de longue date.

Par exemple, ce constat va à l’encontre de ce que suggérait une étude de Strachan et al. JACI 1997, qui constatait un effet protecteur vis à vis des manifestations atopiques en relation avec l’augmentation du nombre des membres de la fratrie. Les auteurs interprétaient cela par une augmentation de l’exposition aux infections respiratoires, facteur de maturation du clone TH2. Hors, ici, certes le nombre grandissant de la fratrie reste protecteur, mais l’exposition aux infections respiratoires est un facteur de risque de l’asthme.

On pourrait conclure que les infections respiratoires précoces protégeraient du risque de voir apparaître les manifestations d’atopie mais pas de l’asthme.

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