Fais toi désensibiliser si tu ne veux pas devenir asthmatique !

mardi 21 décembre 2004 par Dr Isabelle Begon Bagdassarian1322 visites

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Fais  toi désensibiliser si tu ne veux pas devenir asthmatique !

Fais toi désensibiliser si tu ne veux pas devenir asthmatique !

mardi 21 décembre 2004, par Dr Isabelle Begon Bagdassarian

Dans cette étude sur 3643 patients, l’incidence de l’asthme chez les patients ayant une rhinite allergique pollinique traitée par un traitement symptomatique saisonnier seul est comparée avec celle de l’asthme chez les patients polliniques désensibilisés.

La marche allergique dans la pollinose : histoire naturelle et implications thérapeutiques. : Marogna M, Falagiani P, Bruno M, Massolo A, Riva G.

Pneumology Unit, Cuasso al Monte, Macchi Hospital Foundation, Varese, Italy

dans Int Arch Allergy Immunol. 2004 Nov 24 ;135(4):336-342

 Objectifs

  • Des études contrôlées avaient déjà confirmé que la désensibilisation pouvait ralentir l’évolution de l’allergie.
  • Pourtant une confirmation de ses effets sur la vie quotidienne, étudiés sur une large cohorte de patients, pourrait apporter de plus amples informations.

 Méthodes

  • Cette étude a inclus 3643 patients allergiques au pollen, qui ont été repartis en 2groupes de respectivement 1620 et 2023 patients.
  • Le premier groupe de 1620 patients rassemblait les patients porteurs de rhinite seule (n=890) et ceux présentant une association rhinite et asthme intermittent ou modéré persistant (n=730), tous mal soulagés par un traitement symptomatique standard.
  • On proposa pendant 3 ans aux patients présentant une rhinite un traitement symptomatique seul.
  • On proposa pendant 3 ans aux patients présentant une rhinite associée à un asthme un traitement associant immunothérapie spécifique et traitement symptomatique.
  • Le deuxième groupe de 2023 patients, porteurs de rhinite pollinique seule et habituellement soulagés par un simple traitement symptomatique se vit proposer de prendre ce traitement symptomatique à la demande pendant les 3 années suivantes. Ce groupe servit de groupe témoin pour évaluer l’incidence de l’asthme.
  • Un score était établi comptabilisant les symptômes, et la consommation de médicaments.
  • Des tests respiratoires, des tests cutanés et des tests de provocation à la métacholine étaient réalisés en début puis en fin d’étude.

 Résultats

  • L’incidence de l’asthme s’est révélée plus grande dans le groupe qui prenait son traitement symptomatique à la demande (incidence de 50.8 %)
  • Cette incidence était plus grande chez les patients porteurs d’une rhinite persistante que chez les patients porteurs d’une forme intermittente de rhinite
  • On observa à chaque fois un ralentissement de la marche allergique chez les patients traités par association immunothérapie spécifique plus traitement symptomatique, alors que cette évolution naturelle de l’allergie n’est pas influencée par la prise d’un traitement symptomatique seul.

  Conclusion

  • En pratique quotidienne, la désensibilisation spécifique est efficace pour ralentir l’évolution de la marche allergique.
  • Les patients porteurs d’une rhinite persistante sont ceux qui ont le plus grand risque d’évoluer vers l’apparition d’un asthme et semblent donc être les candidats les plus logiques à une immunothérapie spécifique.

Cette étude semble confirmer l’intérêt de la désensibilisation pour prévenir l’apparition d’un asthme chez les patients polliniques, surtout lorsque leur rhinite est assez intense pour donner des symptômes persistant toute la saison pollinique.

Mais comme l’équipe le note en introduction, ceci a été déjà démontré par de nombreuses études contrôlées.

Et la méthodologie manque malheureusement un peu de rigueur.

On déplore notamment l’absence de randomisation des patients : la répartition des patients en 2 groupes initialement non comparables, constitués sur des critères subjectifs, ne permet pas de tirer des conclusions aussi fiables des résultats obtenus.

Nous ne pouvons être sûrs que les résultats observés soient liés aux traitements différents et non simplement au fait que les populations initiales soient différentes.

En résumé, le résultat semble logique puisqu’il va dans le sens de ceux des autres études contrôlées et aussi dans le sens de notre expérience d’allergologues de terrain mais on n’est plus stricto sensu dans « l’evidence based medecine »...

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