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Mamselle lectine est à la colle avec Msieur M et ça l’allergène pas !!
jeudi 23 décembre 2004, par
La désensibilisation par voie orale est une voie d’avenir car quoi de plus simple que d’avaler un allergène ? Cependant il faut être certain que cet allergène va résister à la digestion et va bien gagner les lymphocytes T du système immunitaire digestif. Comment faire ?
Ciblage des cellules M avec la lectine Aleuria aurantia : une nouvelle approche de l’immunothérapie par voie orale. : Franziska Roth-Walter, PhD a
Isabella Schöll, PhD a
Eva Untersmayr, MD a
Renate Fuchs, PhD a
George Boltz-Nitulescu, PhD a
Andrea Weissenböck, PhD b
Otto Scheiner, PhD a
Franz Gabor, PhD b
Erika Jensen-Jarolim, MD a *
# aFrom the Department of Pathophysiology, Medical University of Vienna
# bDepartment of Pharmaceutical Technology and Biopharmaceutics, University of Vienna
dans JACI December 2004 • Volume 114 • Number 6
– Introduction :
- L’étendue et la qualité de la réponse immune lors de l’application orale d’allergènes dépendent étroitement du site précis de capture au niveau de la muqueuse intestinale.
– Objectif de l’étude :
- Le but de ce travail a été de construire un vecteur de l’allergène pour optimiser l’immunothérapie par voie orale.
– Méthodologie :
- En utilisant un modèle animal chez la souris, les auteurs ont examiné les effets immunomodulateurs de protéines du pollen de bouleau encapsulées dans des microsphères (D, L-lactacide-co-clycolide), qui sont spécifiquement ciblées vers les entérocytes ou les cellules M, dans un type de réponse TH2.
- Les souris BALB/c expriment différents carbohydrates sur ces 2 types cellulaires.
- Pour cibler les résidus sialiques sur les entérocytes de la souris, les auteurs ont fonctionnalisé des microsphères avec l’agglutinine du germe de blé (WGA), et pour cibler le alpha-L-Fucose sur les cellules M, ils ont utilisé une lectine : Aleuria aurantia (AAL), provenant d’un champignon.
– Résultats :
- Les fonctionnalisations WGA et AAL augmentent la liaison aux cellules Caco 2 de façon substantielle, cellules qui expriment des résidus sialiques mais également, comme cellules carcinomateuses, des résidus alpha-L-fucose.
- Différents groupes de souris BALB/c ont été sensibilisés avec du pollen de bouleau et nourris avec des pollens de bouleau fonctionnalisés (microsphères WGA et AAl) ou non fonctionnalisés.
- Lorsque les souris sont nourries avec des microsphères AAL, les IgG2a spécifiques des pollens de bouleau, mais pas les IgG1 ou les IGE, augmentent de façon significative.
- Comme escompté, lors de tests avec de la thymidine tritiée, leurs splénocytes prolifèrent spécifiquement lors de la stimulation par le pollen de bouleau.
- Les 2 stratégies de ciblage, utilisant WBA ou AAL, induisent la production aussi bien d’IL10 que d’IL4.
- Cependant, les souris traitées avec les microsphères AAL, ont une production significativement augmentée d’IFN gamma, qui pourrait être responsable de la production significative d’IgG2a dans ce groupe.
– Conclusion :
- Ces données indiquent que le ciblage des cellules M, en utilisant des véhicules allergéniques marqués avec de l’AAL, pourrait être une stratégie intéressante pour l’immunothérapie par voie orale.
Dans ce travail, les auteurs démontrent qu’il est possible de fabriquer des vecteurs des allergènes pour cibler de façon préférentielle les cellules M lors d’une administration par voie orale. Cela devrait permettre de fabriquer des produits nouveaux beaucoup plus efficaces pour l’immunothérapie par voie orale.
Cette étude est très intéressante et réalisée d’une façon très élégante.
Les cellules M sont les cellules qui captent les antigènes et qui recouvrent les lymphocytes au niveau des plaques de Peyer. Il est donc important d’y mener des allergènes en vue d’une immunothérapie par voie orale.
Mais pour cela il faut d’abord vaincre l’acidité gastrique : cela peut être fait en incorporant l’allergène dans une micro capsule à la fois protectrice et non toxique. Mais comment faire pour qu’elle se fixe sur les cellules M ?
Les auteurs ont appliqué une technique utilisée en routine dans les laboratoires pour séparer différents types cellulaires : la technique de couplage d’une lectine avec son récepteur.
Il existe des substances, les lectines, qui sont exprimées à la surface des cellules et qui peuvent se lier avec certains résidus.
Ici, les auteurs ont utilisé 2 lectines, WBA et AAL, qui se fixent respectivement sur des résidus sialique et de fucose.
Les auteurs ont vérifié la bonne adhésion de leurs capsules allergéniques « fonctionnalisées » par l’apport, sur la capsule, de ces lectines, en contrôlant que ces capsules se sont bien collées sur des cellules d’une lignée cancéreuse de colon (Caco2) qui expriment de façon constitutive les 2 résidus correspondants de ces lectines.
Ensuite ils ont sensibilisé des souris, puis vérifiés qu’il y ait bien une réponse immunitaire en désensibilisant les souris par voie orale avec des capsules allergéniques fonctionnalisées (avec chaque lectine) ou non fonctionnalisées.
La fixation spécifique sur les cellules M entraîne une production d’igG2a, la lectine AAL entraînant une production d’interféron gamma.
Les 2 lectines par ailleurs induisent l’augmentation d’IL4 et d’IL10.
Ainsi, le fait de coupler les capsules allergéniques avec la lectine AAL permet une fixation spécifique de l’allergène avec les cellules M, et par la même, production d’IgG et d’interféron gamma.
Il s’agit donc d’une technique très intéressante dans la perspective d’une désensibilisation par voie orale.
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