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Du gras de poisson, et pas de boutons ?
jeudi 6 janvier 2005, par
La supplémentation en acides gras sous forme d’huile de poisson pendant la grossesse est à la mode. Elle aurait un effet préventif sur la survenue d’allergie. Cependant les études sur le sujet restent contradictoires. Cette étude s’est intéressée à l’effet de cette supplémentation sur les progéniteurs hématopoïétiques du sang de cordon.
La supplémentation en huile de poisson pendant la grossesse modifie les progéniteurs hématopoïétiques à la naissance chez des enfants à risque d’allergie. : Denburg JA, Hatfield HM, Cyr MM, Hayes L, Holt PG, Sehmi R, Dunstan JA, Prescott SL.
Department of Medicine, McMaster University, Hamilton, Ontario, L8N 3Z5 Canada, Telethon Institute for Child Health Research and Centre for Child Health Research, University of Western Australia, Perth, Western Australia 6872, School of Paediatrics and Child Health, University of Western Australia, Subiaco, Western Australia 6008
dans Pediatr Res. 2004 Dec 7
La consommation d’acides gras poly-insaturés (AGPI) pourrait représenter un effet préventif sur la survenue d’allergie.
Les progéniteurs hématopoïétiques CD34+ (PGH) (cellules souches NDLR) prélevés au niveau du sang de cordon ombilical sont altérés chez les enfants à risque d’atopie.
Nous avons donc étudié les effets d’une supplémentation diététique en AGPI pendant la grossesse sur le nombre et la fonction des PGH de nouveaux-nés à haut risque d’atopie.
Cette étude en double aveugle « randomisait » 83 femmes enceintes et atopiques en 2 groupes recevant soit des gélules d’huile de poisson (n=40) soit un placebo (n=43) de la 20ème semaine de gestation à l’accouchement.
A la naissance, les PGH CD34+ du sang de cordon étaient isolés et analysés par cytométrie de flux selon l’expression de récepteurs aux cytokines (récepteurs alpha de l’IL-5, de l’IL-3, et du GMCSF) et aux chémokines (CXCR4 et CCR3). Ces cellules étaient également cultivés sur milieu de méthylcellulose afin d’étudier la maturation en éosinophiles et basophiles (apparition de CFU : colony forming unit).
A l’âge de 1 an, les enfants étaient évalués cliniquement à la recherche de symptômes d’allergie avec réalisation de prick tests cutanés.
Le pourcentage du nombre de PGH CD34+ était plus élevé après consommation d’AGPI par rapport au placebo (0.879 +/- 0.096% versus 0.533 +/- 0.041%, p < 0.003).
La co-expression des récepteurs aux cytokines et aux chémokines des PGH CD34+ n’était pas altérée par cette supplémentation en AGPI.
Cependant, il y avait significativement plus de CFU d’éosinophiles et de basophiles stimulables par l’IL-5 dans le groupe AGPI que dans le groupe placebo (12.43 +/- 1.34 versus 8.19 +/- 1.15, p < 0.03).
De façon générale, il y avait une association positive entre les PGH CD34+, les CFU d’éosinophiles et de basophiles stimulables par l’IL-5, et la survenue de symptômes cliniques à 1 an (dermatite atopique et asthme).
– La supplémentation en AGPI pendant la grossesse chez des femmes atopiques altère le phénotype des PGH du sang de cordon. Ceci a un impact sur le développement ultérieur de maladies allergiques.
Cette étude montre à priori qu’il existe un effet négatif de la supplémentation en AGPI pendant la grossesse chez des femmes à risque sur la survenue ultérieure d’allergie.
Que penser ? Les diverses études sur le sujet se contredisent un peu...
Par exemple, Dunstan et col. (Clin Exp Allergy 2003 ;33:442-8) montraient une diminution de l’IL-13 dans le sang des nouveaux-nés de mères ayant eu une telle supplémentation. Le mêmes auteurs (J Allergy Clin Immunol 2003 ;112:1178-84) trouvaient également une diminution potentielle du risque de survenue d’allergie avec cette prise en charge nutritionnelle.
Osons une hypothèse : les acides gras essentiels auraient peut être dans l’absolu un effet préventif sur l’allergie, mais l’origine (poisson) de ces lipides pourrait jouer un rôle contradictoire pro-allergique ?
Quoiqu’il en soit, il manque une étude plus clinique qui analyserait la survenue d’allergie à long terme en fonction de cette supplémentation, chez des mères allergiques et non allergiques. Le débat reste ouvert...
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