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Mon atopie contre ton hépatite Ah Ah !
vendredi 7 janvier 2005, par
Les auteurs ont étudié la relation entre sensibilisation allergénique et exposition au virus de l’hépatite A dans une population adulte espagnole de 469 adultes. La théorie hygiéniste est-elle toujours d’actualité ? Pas sûr... La suite dans cet article.
Association entre infection par le virus de l’hépatite A et la sensibilisation allergénique dans une population à forte prévalence d’exposition au virus de l’hépatite A. : A. Gonzalez-Quintela1, F. Gude2, O. Boquete3, A. Aguilera4, J. Rey3, L. M. Meijide3, M. C. Fernandez-Merino3, C. Vidal5
Departments of 1Internal Medicine and 2Clinical Epidemiology, Complejo Hospitalario Universitario de Santiago, Santiago ; 3Primary Care Unit, A Estrada, Pontevedra ; Departments of 4Microbiology and 5Allergy, Complejo Hospitalario Universitario de Santiago, Santiago, Spain
dans Allergy 60 (1), 98-103.
– Historique :
- Il a déjà été décrit une association inverse entre sensibilisation allergénique et marqueurs d’exposition à des infections par voie alimentaire ou oro-fécale (en particulier avec le virus de l’hépatite A HAV).
- La prévalence de l’exposition au HAV varie énormément en fonction des régions et dans une région donnée elle varie en fonction de l’âge.
– Buts de l’étude :
- Analyser l’association entre exposition au HAV et sensibilisation allergénique chez des adultes vivant dans une région d’Espagne à prédominance rurale.
– Méthodes :
- On a sélectionné au hasard et réparti en fonction de l’âge un échantillon de 720 adultes (plus de 18 ans) de A-Estrada en Espagne.
- Sur les 697 sujets éligibles, 469 (67.2%, âge moyen=54 ans, écart : 18-92) ont accepté de participer.
- La sensibilisation allergénique était définie par des tests cutanés en prick positifs à un panel de pneumallergènes.
- La présence d’anticorps sériques dirigés contre le HAV (effectué chez 465 sujets) définissait l’exposition au HAV.
– Résultats :
- La prévalence de l’exposition au HAV était de 83.6% (IC 95% :80.7-86.5).
- La prévalence de la sensibilisation allergénique était plus faible chez les sujets avec exposition au HAV que sans (25.0% vs 40.0%, OR 0.44, IC 95% : 0.25-0.77, p=0.004), mais cette association était sensiblement atténuée après ajustement en fonction de l’âge, qui était étroitement associé à la fois à la sensibilisation allergénique et à l’exposition au HAV (OR ajusté 1.15, IC 95% : 0.60-2.19, p=0.66).
– Conclusions :
- Dans une population à forte prévalence d’exposition au HAV, il n’existe aucune association significative entre l’exposition au HAV et la sensibilisation allergénique, après correction du paramètre de l’âge.
Selon la théorie hygiéniste, l’exposition aux germes alimentaires ou oro-fécaux diminue le risque de sensibilisation allergénique.
Les auteurs espagnols ont étudié la relation entre exposition au virus de l’hépatite A (HAV) et sensibilisation allergénique chez 469 adultes.
Si en prenant toute la population sans tenir compte de l’âge (18 à 92 ans), ils arrivaient aux mêmes conclusions que les études précédemment publiées (25.0% de sensibilisation chez les patients ayant été exposés au HAV contre 40.0% chez les non exposés, p=0.004 ; dans les autres études, le ratio était de 2), en tenant compte de l’âge, il n’existait pas d’association entre les deux paramètres.
Or un étude italienne publiée en 2000 et portant sur 480 jeunes de 17 à 24 ans (l’écart entre les âges extrêmes est relativement faible) concluait à une sensibilisation allergénique de 16% chez les patients ayant été exposés au HAV contre 30% chez les sujets non exposés avec une même p de 0.004. Les mêmes résultats étaient retrouvés avec l’exposition au Toxoplasma gondii.
Ces résultats avaient été confirmés par une étude américaine publiée dans Nature, qui avait encore affiné cette relation en précisant que le rôle protecteur vis-à-vis de l’atopie de l’exposition au HAV était corrélé à l’existence d’une variante particulière du gène codant pour TIM-1 (ou HAVcr-1, le récepteur de surface cellulaire utilisé par HAV pour infecter les cellules humaines). Cet allèle TIM-1 est retrouvé chez 63% des Caucasiens, 46% des Asiatiques et 64% des Afro-américains.
Je ne pense pas que la population espagnole fasse exception à la règle.
Une des questions posées par les auteurs américains était la nécessité éventuelle d’une exposition précoce dans l’enfance au HAV pour bénéficier d’une protection contre le risque atopique.
Il est donc souhaitable que d’autres études soient effectuées afin de définir vraiment la relation entre sensibilisation et exposition au HAV.
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