Gouttes sous la langue contre gouttes au nez

samedi 8 janvier 2005 par Dr Catherine Solignac- Fernström2422 visites

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Gouttes sous la langue contre gouttes au nez

Gouttes sous la langue contre gouttes au nez

samedi 8 janvier 2005, par Dr Catherine Solignac- Fernström

L’immunothérapie sublinguale est une voie séduisante de désensibilisation, du fait de sa maniabilité et de sa sécurité d’emploi, mais quelle est son efficacité réelle, en particulier dans la rhinite allergique ? Les auteurs de cet article essaient de répondre à cette question par une revue systématique et une méta-analyse de la littérature.

Immunothérapie sublinguale dans la rhinite allergique : revue systématique et méta-analyse. : D. R. Wilson1, M. Torres Lima2, S. R. Durham2

1University Hospital Birmingham NHS Trust, Birmingham, UK ; 2Upper Respiratory Medicine, Imperial College London School of Medicine at the National Heart and Lung Institute, London, UK

dans Allergy 60 (1), 4-12.

- Introduction

  • Les rhinites allergiques sont des affections fréquentes, et peuvent, pour certains patients, altérer considérablement la qualité de vie, malgré les traitements anti-histaminiques et les traitements corticoïdes locaux bien menés.
  • L’immunothérapie injectable réduit significativement la sévérité des symptômes et la quantité de médicaments utilisés, mais son utilisation est limitée par le risque de survenue de réactions allergiques systémiques sévères.
  • C’est pourquoi on observe aujourd’hui un intérêt grandissant pour d’autres voies d’administration des allergènes, en particulier la voie sublinguale.

 Objectifs

  • Évaluer l’efficacité de l’immunothérapie sublinguale ( SLIT) sur la diminution des symptômes et la consommation médicamenteuse, en comparaison de traitements placebos.

 Méthodes

  • Revue systématique de la littérature jusqu’à septembre 2002 sur différentes bases de données : registre d’essais cliniques contrôlés Cochrane, Medline (1966-2002), Embase (1974-2002), Scisearch.
  • Mots-clés : rhinite ou rhume des foins ET immunothérapie ou désensibilisation ET sublingual(e)
  • Évaluation des études et sélection des essais randomisés et contrôlés portant sur des groupes de patients présentant des rhinites allergiques avec sensibilisations prouvées,et traités soit par SLIT soit par placebo.
  • Enregistrement des données sur Revman4.1.
  • Analyse par la méthode SMD ( standardized mean differences). Les indices de significativité p < 0,05 ont été considérés comme statistiquement significatifs.
  • Classement en sous-groupes, selon le type d’allergène administré, l’âge des participants, et la durée du traitement.

  Résultats

  • Inclusion de 22 études, comprenant en tout 979 patients, en double aveugle versus placebo (les préparations placebo utilisées étaient comparables dans toutes les études).
  • 6 études de SLIT aux acariens, 5 aux pollens de graminées, 5 au pollen de pariétaire, 2 au pollen d’olivier, 1 à l’ambroisie, 1 au chat, 1 au pollen de cyprès + 1 ( noisetier ?).
  • 5 études concernaient exclusivement des enfants.
  • Dans 17 études, l’administration de gouttes sublinguales était suivie d’ingestion, dans 3 études, les gouttes sublinguales étaient recrachées, dans 2 études, il s’agissait de comprimés sublinguaux.
  • 8 études d’une durée de moins de 6 mois, 10 études de 6 à 12 mois, 4 études de plus de 12 mois.

 Malgré une hétérogénéité due à des systèmes d’évaluation différents d’une étude à l’autre, on a retrouvé dans toutes les études, une réduction significative des symptômes allergiques (SMD -0,42, 95% CI : -0,69 à -0,15 ; p = 0,002), de la consommation médicamenteuse (SMD-0,43, 95% CI : -0,63 à -0,23 ; p = 0,00003), après immunothérapie sublinguale.

  Analyse des sous-groupes :

  • Pas de supériorité d’une désensibilisation par rapport à une autre, en fonction de l’allergène administré.
  • Pas de réduction des symptômes ni de la consommation médicamenteuse dans les études portant exclusivement sur des enfants, mais le nombre de participants était trop faible pour que l’on puisse en tirer des conclusions fiables.
  • Pas d’augmentation d’efficacité avec l’allongement de la durée du traitement.
  • La dose totale d’allergène administrée est une composante importante qui n’a pas pu être évaluée, du fait du manque de données à ce sujet.

Cette méta-analyse sur revue systématique de la littérature porte sur une population importante de 979 patients souffrant de rhinite allergique. Elle met en évidence une amélioration significative des symptômes, ainsi qu’une baisse de consommation médicamenteuse, après désensibilisation sublinguale.

Ceci est évidemment très intéressant, puisque cette forme de désensibilisation ne comporte pas de risque de réaction systémique sévère, le choc anaphylactique étant un risque rare, mais réel et malheureusement toujours actuel, de la désensibilisation injectable.

L’efficacité se manifeste pour des durées de désensibilisation allant de moins de 6 mois à plus de 12 mois, ce qui suggère une efficacité rapide, mais on n’a pas de données sur le rythme de ces désensibilisations, (perannuel, pré et co-saisonnier), ni sur les doses cumulées utilisées.

Il serait certainement utile d’approfondir nos connaissances et d’uniformiser les pratiques, en faisant des études plus précises, par type d’allergène, avec rythme d’administration, dosage optimal, durée minimale efficace, maintien de l’efficacité après arrêt du traitement.

Ces questions sont importantes pour l’allergologue et son patient, en particulier la durée, qui est un facteur limitant de compliance au traitement, et le maintien de la tolérance après arrêt de la désensibilisation, qui est une question (presque) toujours posée....

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