L’avenir est-il rose chez nos enfants asthmatiques ?

jeudi 27 janvier 2005 par Dr Philippe Carré987 visites

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L’avenir est-il rose chez nos enfants asthmatiques ?

L’avenir est-il rose chez nos enfants asthmatiques ?

jeudi 27 janvier 2005, par Dr Philippe Carré

Il est écrit dans les vieux manuels d’asthmologie que l’asthme disparaît à la puberté. Cet aphorisme est loin d’être toujours vérifié dans les études longitudinales récentes. Cette étude américaine a étudié l’évolution à l’âge adulte d’asthmes débutés dans l’enfance, en recherchant si des facteurs particuliers étaient prédictifs de l’évolution.

Sévérité de l’asthme à l’âge adulte chez des sujets ayant une histoire d’asthme dans l’enfance. : Susan L. Limb, MD a
Kathryn C. Brown, MD a
Robert A. Wood, MD b
Robert A. Wise, MD c
Peyton A. Eggleston, MD b
James Tonascia, PhD d
N. Franklin Adkinson Jr., MD a *

# aDivision of Allergy and Clinical Immunology
# bDepartment of Pediatrics
# cDivision of Pulmonology and Critical Care Medicine
# dDepartment of Biostatistics, Bloomberg School of Public Health, Johns Hopkins University

dans JACI January 2005 • Volume 115 • Number 1

 Contexte

  • L’asthme infantile peut avoir des évolutions différentes à l’âge adulte.

 Objectif

  • Identifier les caractéristiques cliniques et les facteurs associés à la persistance et la sévérité de l’asthme infantile à l’âge adulte.

 Méthodes

  • 85 des 121 sujets inclus précédemment dans une étude sur l’immunothérapie dans l’asthme allergique infantile (âge de 5 à 12 ans) ont été réévalués avec des tests cutanés allergiques, une spirométrie et un interrogatoire concernant les symptômes d’asthme et les médicaments utilisés.
  • Ces jeunes adultes (17 à 30 ans, 74 % d’hommes) avaient tous un asthme allergique modéré à sévère.
  • La sévérité de l’asthme à l’âge adulte était évaluée en utilisant une version modifiée des catégories de sévérité du National Heart, Lung, and Blood Institute.

 Résultats

  • 13 (15.3 %) des 85 adultes étaient en rémission malgré un asthme persistant dans l’enfance. 19 (22.4 %) avaient seulement un asthme intermittent. Les 53 restant avaient un asthme persistant, dont 12 (14.1 %) un asthme léger, 25 (29.4 %) un asthme modéré et 16 (18.8 %) un asthme sévère.
  • Les sujets en rémission, comparés aux sujets avec un asthme persistant ou intermittent, avaient un taux sérique d’IgE dans l’enfance plus bas (412 ng/ml vs 1136 ng/ml ; p= 0.02) et des tests cutanés positifs moins fréquents (7 vs 9 vs 10 dans un panel de 18 ; p= 0.02).
  • Les sujets en rémission avaient aussi un asthme infantile plus léger, attesté par une moyenne plus basse des scores d’utilisation quotidienne de médicaments (1.6 vs 3.5 ; p= 0.005), et un pourcentage plus bas d’utilisation de corticoïdes inhalés (13.7% vs 24.7% vs 40.9% ; p= 0.008).
  • Aucune association significative n’a été mise en évidence entre la sévérité de l’asthme à l’âge adulte et l’immunothérapie infantile.

 Conclusion

  • Le pronostic d’avoir de l’asthme à l’âge adulte, en cas d’asthme infantile, est largement déterminé de façon précoce dans la vie.
  • Le degré d’atopie apparaît être un élément déterminant de la persistance de l’asthme.

La persistance de l’asthme à l’âge adulte est déterminée de façon très précoce dans l’existence, en fonction de l’évolutivité de l’asthme dans l’enfance : les sujets en rémission à l’âge adulte étaient ceux qui avaient un asthme plus léger dans l’enfance, comme en atteste une moindre consommation de médicaments, en particulier de corticoïdes inhalés.

Parmi les facteurs prédictifs de l’évolution, seule l’atopie semble être un facteur de risque : les sujets adultes en rémission avaient des tests cutanés moins souvent positifs et des IgE plus basses dans l’enfance.

Une immunothérapie infantile n’avait pas de lien particulier avec la sévérité ou non de l’asthme à l’âge adulte.

Globalement dans cette population de 85 sujets, les sujets en rémission étaient une minorité (environ 15%) alors que l’asthme était persistant à l’âge adulte dans 2/3 des cas, à un stade sévère environ une fois sur cinq.

L’avenir n’est donc pas toujours très rose pour les enfants asthmatiques quant à la disparition de l’asthme à l’âge adulte, même si la persistance d’un asthme sévère ne se retrouve que dans seulement un peu moins de 20% des sujets.

Le risque particulier de l’atopie dans cette évolution est certainement un élément important en faveur du dépistage précoce de l’allergie chez les enfants asthmatiques, et de la prise en charge thérapeutique adaptée.

La relation entre le degré de sévérité de l’évolution de l’asthme et la mise en place précoce d’une immunothérapie nécessite certainement des études complémentaires.

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