La sinusite chronique, c’est un nez tout moisi.

lundi 31 janvier 2005 par Dr Sylvie HUET5636 visites

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La sinusite chronique, c’est un nez tout moisi.

La sinusite chronique, c’est un nez tout moisi.

lundi 31 janvier 2005, par Dr Sylvie HUET

Cette équipe américaine relance le débat sur l’étiologie fongique de la rhinosinusite chronique en publiant une étude randomisée en double aveugle contre placebo avec l’Amphotéricine B.

Traitement de la rhinosinusite chronique par l’Amphotéricine B intranasale : Une étude pilote randomisée en double aveugle contre placebo. : Jens U. Ponikau, MD a *
David A. Sherris, MD b
Amy Weaver, MS c
Hirohito Kita, MD d

# aDepartment of Otorhinolaryngology-Head and Neck Surgery, Mayo Clinic Rochester
# bDepartment of Otorhinolaryngology, University at Buffalo, State University of New York
# cDivision of Biostatistics, Department of Health Sciences Research, Mayo Clinic Rochester
# dDepartment of Internal Medicine, Division of Allergic Diseases, Mayo Clinic Rochester

dans JACI January 2005 • Volume 115 • Number 1

 Historique :

  • La rhinosinusite chronique (RSC) est l’une des plus fréquentes des maladies chroniques.
  • Son étiologie demeure inconnue et il existe peu de traitements médicaux efficaces.

 Objectif  :

  • Nous avons testé l’hypothèse selon laquelle un traitement antifongique intranasal améliorerait les signes cliniques retrouvés en tomodensitométrie (TDM) retrouvées (épaississement inflammatoire des muqueuses), à l’endoscopie nasale (stades) et les symptômes de RSC.

 Méthodes :

  • L’étude monocentrique en double aveugle contre placebo a randomisé 30 patients atteints de RSC.
  • On a demandé aux patients d’instiller 2 fois par jour pendant 6 mois dans chaque narine 20 ml d’Amphotéricine B (250 μg/mL) ou du placebo.
  • L’objectif primaire était une réduction quantitative de l’épaississement inflammatoire muqueux au niveau du TDM sur une coupe standardisée.
  • Les objectifs secondaires étaient les scores endoscopiques, les scores des symptômes du patient et les concentrations intranasales des médiateurs inflammatoires.

 Résultats  :

  • 24 patients ont réalisé les mois de traitement.
  • Les patients sous Amphotéricine B sont parvenus à une diminution relative de l’épaississement muqueux au scanner (n=10 ; -8.8%) par rapport au placebo (n=14 ; +2.5%, P=0.38).
  • De même, les scores endoscopiques se sont améliorés dans le groupe traité par rapport au groupe placebo (P=0.38).
  • Les comparaisons entre les deux groupes en ce qui concerne les concentrations dans le mucus nasal de la neurotoxine dérivée de l’éosinophile EDN montraient une diminution dans le groupe Amphotéricine B et une augmentation dans le groupe placebo (P=046) et cela était identique pour les concentrations en IL-5 (P=0.82).

 Conclusions :

  • L’amphotéricine B intranasale chez les patients atteints de RSC réduit l’épaississement muqueux inflammatoire à la fois au niveau du scanner et de l’endoscopie nasale et diminue les concentrations intranasales des marqueurs de l’inflammation à éosinophiles.

Les auteurs américains (équipe ORL de la clinique Mayo de Rochester) publient ici un étude randomisée en double aveugle contre placebo sur le traitement par Amphotéricine B intranasale chez des patients atteints de rhinosinusite chronique.

Ils avaient déjà publié une étude en 2002 (étude ouverte sans placebo) qui apparaissait prometteuse.

Ici, ils ont enrôlé 24 patients (10 sous Amphotéricine B et 14 sous placebo), les patients sous Amphotéricine recevant une dose biquotidienne de 0.20ml d’Amphotéricine B dosée à 250 μg/ml pendant 6 mois.

Les patients avant et à la fin de l’étude bénéficiaient d’un examen tomodensitométrique avec des coupes ciblées, d’un examen endoscopique et d’un dosage au niveau du mucus nasal de la protéine neurotoxique dérivée de l’éosinophile et d’IL5.

Leurs conclusions étaient que ce traitement réduisait l’épaississement muqueux inflammatoire (objectivé par TDM et endoscopie nasale) et les concentrations intranasales des marqueurs de l’inflammation à éosinophiles.

Or une étude allemande parue en 2004 dans le JACI avait aussi évalué ce traitement et concluait à une inefficacité. En reprenant les conclusions des auteurs, on s’aperçoit que quant à l’efficacité de l’Amphotéricine B, elles sont un peu hâtives car on a des valeurs de p comprises entre 0.30 et 0.82 c’est-à-dire non significatives. Il est même surprenant que cette étude ait été admise pour publication dans un journal tel que le JACI !

Enfin, il faut rappeler que le rôle d’infections fongiques dans la rhinosinusite chronique reste très controversé. En effet, si plusieurs études démontrent que des moisissures sont retrouvées dans 90% des cas chez les patients souffrant de rhinosinusites chroniques, il ne faut pas oublier qu’on arrive à des résultats identiques chez des contrôles sains.

Le traitement miracle de la rhinosinusite chronique n’est pas encore pour aujourd’hui.

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