Faut-il demander aux enfants allergiques de jouer avec le chien dans le fumier ?

mercredi 9 février 2005 par Dr Philippe Carré2805 visites

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Faut-il demander aux enfants allergiques de jouer avec le chien dans le fumier ?

Faut-il demander aux enfants allergiques de jouer avec le chien dans le fumier ?

mercredi 9 février 2005, par Dr Philippe Carré

Il a été montré que le contact régulier des enfants avec les animaux de la ferme protégeait contre le développement de l’asthme et des allergies. Mais ces enfants sont aussi exposés aux animaux domestiques : quelle est leur influence dans cette population rurale sur la survenue de l’asthme et de l’allergie ?

Exposition aux animaux domestiques et leur association avec le rhume des foins, l’asthme et la sensibilisation atopique chez des enfants en milieu rural. : M. Waser1, E. von Mutius2, J. Riedler3, D. Nowak4, S. Maisch2, D. Carr2, W. Eder3,5, G. Tebow5, R. Schierl4, M. Schreuer6, C. Braun-Fahrländer1 and The ALEX Study team

1Institute of Social and Preventive Medicine, University of Basel, Basel, Switzerland ; 2Dr. von Hauner Children’s Hospital, University of Munich, Munich, Germany ; 3Children’s Hospital, Salzburg, Austria ; 4Institute of Occupational and Environmental Medicine, University of Munich, Munich, Germany ; 5Arizona Respiratory Center, Tucson, AZ, USA ; 6Statistical Consultant, Department of Sociology, University of Salzburg, Salzburg, Austria

dans Allergy 60 (2), 177-184

 Contexte

  • Un nombre croissant d’études rapporte qu’une exposition aux animaux domestiques est associée à un risque diminué d’asthme et d’allergies.
  • Il a été suggéré que l’effet protecteur des animaux domestiques résultait d’une modification de la réponse cellulaire TH2 ou d’une augmentation de la charge microbienne dans les maisons où habitent ces animaux domestiques.

 Caractéristiques de l’étude

  • Les auteurs ont examiné les associations entre le contact avec les animaux domestiques et la survenue d’asthme et d’allergies chez des enfants de la population rurale Allergie et Endotoxine (AE), en prenant en compte le contact avec l’animal, et les taux d’endotoxines et d’allergène de chat dans la poussière des matelas.

 Méthodes

  • Des informations concernant le contact avec les animaux domestiques et les animaux de la ferme, l’asthme et l’allergie ont été recueillies chez 812 enfants par un questionnaire standardisé des parents et un interrogatoire.
  • Les taux d’endotoxines et d’allergène de chat dans la poussière des matelas, ainsi que les anticorps spécifiques IgE et IgG4 à Feld1 ont été déterminés.

 Résultats

  • Le contact courant avec des chiens était associé de façon inverse avec
    • le rhume des foins (odd ratio OD 0.29, intervalle de confiance IC à 95% : 0.11-0.57), l’asthme (OR 0.29, IC : 0.12-0.71),
    • la sensibilisation aux allergènes de chat (OR 0.48, IC : 0.23-0.99)
    • et les pollens de graminées (OR 0.55, IC : 0.33-0.94),
    • mais pas avec les taux élevés d’IgG4.
  • Un contact précoce et habituel avec des chats était associé à un risque diminué de sifflements (OR 0.48, IC : 0.23-1) et de sensibilisation aux pollens de graminées (OR 0.49, IC : 0.26-0.92).
  • L’ajustement par rapport aux contacts avec des animaux de la ferme, mais pas pour l’exposition aux endotoxines et aux allergènes de chat, atténuait ces associations et l’effet des animaux domestiques était plus fort chez les enfants habitant dans des fermes.

 Conclusions

  • Bien que l’exposition aux animaux domestiques était très fréquente dans cette population rurale, la relation inverse entre le contact habituel avec les chiens, et l’asthme et l’allergie, était expliquée principalement par la survenue d’une exposition simultanée à des animaux dans les étables ou était limitée aux enfants de fermiers.
  • De plus, un effet sournois d’éviction des animaux domestiques peut contribuer à l’effet apparemment protecteur des animaux domestiques.

Dans cette étude réalisée chez des enfants habitant en zone rurale en Allemagne, en Autriche et en Suisse, l’exposition aux chiens était inversement associée à la fréquence à l’asthme, au rhume des foins, et à la sensibilisation atopique aux allergènes de chat et aux pollens de graminées.

Et ce alors même que l’exposition aux animaux domestiques était très fréquente dans cette population rurale.

Ceci peut être expliqué par le fait que ces enfants sont exposés de façon simultanée à des animaux de la ferme dans les étables ; en effet, quand le contact avec ces animaux était introduit comme variable dans le modèle statistique de régression, l’association n’était plus statistiquement significative.

De plus, l’association entre le contact avec les chiens et l’asthme était plus forte chez les enfants de fermier que les enfants n’habitant pas dans une ferme, où seule l’association avec le rhume des foins persistait.

Ceci peut être dû au fait que dans les fermes, le contact avec les animaux domestiques est plus intense, ou que les animaux domestiques dans les fermes sont plus porteurs de microbes et donc d’endotoxines bactériennes, conduisant à une stimulation différente du système immunitaire.

Enfin, l’effet protecteur des animaux domestiques dans les fermes peut être dû aussi à une éviction plus importante des animaux domestiques dans ce milieu.

D’autres études prospectives sont nécessaires pour éclaircir le rôle de l’exposition aux animaux domestiques dans l’environnement rural, et fermier en particulier.

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