Physiopathologie métaphysique : le nez n’est-il qu’une bronche externe ?

samedi 12 février 2005 par Dr Stéphane Guez1503 visites

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Physiopathologie métaphysique : le nez n’est-il qu’une bronche externe ?

Physiopathologie métaphysique : le nez n’est-il qu’une bronche externe ?

samedi 12 février 2005, par Dr Stéphane Guez

Il a été montré une augmentation de la production de leucotriènes dans la condensation de l’air exhalé chez les asthmatiques. L’inflammation allergique au niveau des bronches étant identique au niveau du nez, peut-on également trouver une augmentation des leucotriènes exhalées dans la rhinite allergique ?

Analyse des leucotriènes exhalées chez des patients adultes non asthmatiques ayant une rhinite allergique saisonnière. : P. Cáp1, F. Pehal1, J. Chládek2, M. Malý3

1Department of Allergology and Clinical Immunology, Hospital Na Homolce, Institute for Postgraduate Medical Education, Prague, 2Department of Pharmacology, Faculty of Medicine, Charles University, Hradec Králové, 3National Institute of Public Health, Prague, Czech Republic

dans Allergy 60 (2), 171-176

 Introduction :

  • Les leucotriènes (LTs) sont augmentées dans la condensation de l’air expiré (EBC) chez les patients asthmatiques.
  • Cependant, aucune donnée n’a été rapportée concernant le taux des LTs chez les adultes non asthmatiques ayant une rhinite saisonnière.

 Objectif de l’étude :

  • Il a été de savoir :
    • si le taux des LtS de l’EBC est augmenté chez les adultes non asthmatiques ayant une rhinite allergique saisonnière, pendant la saison et après la saison pollinique, par rapport à des sujets témoins sains
    • et d’évaluer les modifications des taux des LTs après la saison pollinique.

 Méthodologie :

  • 29 patients adultes non asthmatiques ayant une rhinite allergique saisonnière ont eu une mesure des taux de LTs dans l’EBC pendant et après la saison pollinique.
  • Les leucotriènes B4, C4, D4, et E4 ont été analysées par une méthode sensible et spécifique de spectrométrie de masse et chromatographie en phase gazeuse.
  • Les résultats ont été comparés à ceux de 50 témoins sains non fumeurs.
  • Une spirométrie, des tests cutanés et un dosage des IgE non spécifiques ont été réalisés.

 Résultats :

  • Les concentrations des leucotriènes B4, E4 mais pas D4 sont significativement augmentées pendant et après la saison pollinique chez les patients ayant une rhinite allergique saisonnière par rapport aux témoins contrôles.
  • Dans la plupart des échantillons, les taux de LTC4 sont indétectables.
  • Les valeurs des taux de LTs exhalés sont significativement diminuées après la saison pollinique par rapport aux taux de base durant la saison pollinique (LTB4 : p=0.023, LTD4 : p=0.020 et LTE4 : p=0.047).

 Conclusions :

  • Les taux de LTB4 et LTE4 exhalés sont plus élevés chez les patients ayant une rhinite allergique saisonnière par rapport aux témoins sains,
  • et ces taux diminuent après la saison pollinique par rapport aux taux durant la saison des pollens.
  • Les patients ayant une rhinite saisonnière avec les taux les plus élevés pendant la saison pollinique ont également les taux les plus élevés après la saison, et cela peut traduire le début d’un processus inflammatoire des bronches malgré l’absence de signes cliniques évocateurs d’un asthme.

Dans ce travail, les auteurs démontrent que chez des patients ayant une rhinite pollinique sans asthme, il existe pendant la saison une élévation des taux de leucotriènes B4 et E4 dans l’air exhalé. Après la saison les taux diminuent mais restent élevés chez ceux qui ont eu la plus forte élévation pendant la saison.

Ce travail est très intéressant et confirme le caractère ubiquitaire de la production des leucotriènes.

Cette production est logique dans la mesure où elle traduit un processus inflammatoire qui est commun à toutes les formes d’allergie. Ainsi après les bronches, on retrouve un taux élevé de leucotriènes lors de la stimulation allergénique dans la rhinite allergique.

Il existe cependant un profil de sécrétion spécifique avec surtout production de LTB4 et LTE4, alors que la production de LTC4 est négligeable. Par rapport aux témoins sains, l’augmentation des leucotriènes dans l’air exhalé est significative, avec par ailleurs une différence significative entre les taux qui sont élevés pendant la saison et qui diminuent après la saison chez les sujets allergiques.

De plus il semble que les patients le plus répondeurs pendant l’exposition aux pollens conservent ensuite un taux de base qui reste élevé, pouvant traduire une atteinte bronchique infra clinique.

La suite logique de cet article est thérapeutique : les antileucotriènes sont maintenant un traitement de la rhinite allergique. Ainsi cette nouvelle classe thérapeutique protège à la fois le nez et les bronches, expliquant un impact thérapeutique très intéressant lorsqu’on connaît la fréquence de l’association entre un asthme et une rhinite chez le patient allergique.

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