Coliques du nourrisson : une question de flore ?

vendredi 25 février 2005 par Dr Alain Thillay5099 visites

Accueil du site > Sciences > Hygiène > Coliques du nourrisson : une question de flore ?

Coliques du nourrisson : une question de flore ?

Coliques du nourrisson : une question de flore ?

vendredi 25 février 2005, par Dr Alain Thillay

Nombre d’études ont suggéré un rôle de la flore microbienne intestinale dans la maturation immunitaire du nourrisson et tout particulièrement dans le swicth TH2, TH1. Ici, il s’agissait de vérifier si cette flore était différente parmi des nourrissons nourris par allaitement maternel, les uns souffrant de coliques les autres non.

Comptes bactériens des espèces de Lactobacillus intestinaux chez des nourrissons atteints de coliques. : F. Savino1, E. Bailo1, R. Oggero1, V. Tullio2, J. Roana2, N. Carlone2, A. M. Cuffini2 and L. Silvestro1

1Department of Paediatrics, 2Department of Public Health and Microbiology

dans Pediatric Allergy and Immunology 16 (1), 72-75.

 CONTEXTE

  • La colonisation intestinale par le Lactobacillus semble être un pré-requis pour des fonctions immunes normales de la muqueuse.
  • Un taux inadéquat de Lactobacillus apparaît être impliqué dans la maladie allergique, ainsi, les coliques du nourrisson sont considérées comme une manifestation clinique précoce.

 OBJECTIF

  • Le but de cette étude est d’évaluer le Lactobacillus intestinal chez des nourrissons alimentés au sein souffrant de coliques et chez des nourrissons en bonne santé.

 METHODE

  • Cinquante-six nourrissons alimentés au sein, âgés de 15 à 60 jours ont été enrôlés dans l’étude et divisés en deux groupes : coliques (30 cas) et sans coliques (26 cas) en accord avec les critères de Wessel (Un nourrisson en bonne santé, bien nourri qui présente des attaques de pleurs qui durent plus de 3 heures par jour, plus de 3 jours par semaine et plus de 3 semaines consécutives).
  • Les échantillons de fèces ont été collectés, dilués et cultivés sur des milieux sélectifs.
  • Les colonies ont été comptées, rapportées en cfu (colony forming unit) par gramme de selle et identifiées par méthodes biochimiques.

 RESULTATS

  • Différents types de colonies de Lactobacillus ont été trouvés parmi les nourrissons sains et ceux atteints de coliques.
  • Lactobacillus brevis (4,34 x 108 cfu/g) et L. lactis lactis (2,51 x 107 cfu/g) ont été mis en évidence uniquement chez les nourrissons atteints de coliques alors que L. acidophilus (2,41 x 107 cfu/g) n’étaient retrouvés que chez les nourrissons sains.

 CONCLUSIONS

  • Lactobacillus brevis et L. lactis lactis pourraient être impliqués dans la pathogenèse des coliques du nourrisson augmentant le météorisme et la distension abdominale.
  • D’autres études sont nécessaires pour comprendre comment les différences observées peuvent être impliquées dans la pathogenèse de cette maladie courante.

Cette étude aborde un aspect intéressant de l’émergence des maladies allergiques IgE médiées en rapport avec une flore intestinale inadéquate.

Sur www.allergique.org vous avez déjà pu lire des publications qui montrent, par exemple, un lien entre les caractéristiques de la flore intestinale et le développement des malades atopiques [1]. Une autre étude a pu démontrer que le rapport du nombre de bifiobacteria sur clistridia était plus bas chez les atopiques comparativement aux non atopiques [2].

Les coliques du nourrisson peuvent faire partie du tableau de l’allergie alimentaire mais sont-elles si souvent que cela isolées ? On le sait, les manifestations précoces de l’allergie alimentaire chez le bébé vont des manifestations cutanées à l’asthme en passant par les troubles digestifs. Il n’est donc pas obligatoire de sélectionner des nourrissons atopiques en recherchant uniquement un état colitique.

Les 55 nourrissons de l’étude sont tous nourris au sein et ont été divisés en deux groupes, l’un souffrant de coliques, l’autre pas. Dans ces conditions de sélection, il est difficile de dire que tous les enfants souffrant de coliques sont des atopiques. Il aurait fallu d’autres critères : terrain atopique familial avéré, autres signes chez le nourrisson en faveur d’une atopie.

Ainsi, les conclusions qui suggèrent que la présence dans la flore intestinale de L.brevis et de L. lactis lactis puisse jouer un rôle déterminant dans la genèse des coliques du nourrisson, n’indiquent en rien son implication dans le développement de la maladie atopique.

Il resterait à déterminer pourquoi des nourrissons alimentés de la même manière ont des flores intestinales si différentes (accouchement par voie basse ou césarienne).

1 Kalliomäki M, Isolauri E. - Role of intestinal flora in the development of allergy. Curr. Opin. J. Allergy Clin. Immunol., 2003, 3, 15-20.
2 Kalliomäki M, Kirjainan P, Eorola E, Kero P, Salminen S, Isolauri E. - Distinct patterns of neonetal gut microflora in infants in whom atopy was and was not developing. J. Allergy Clin. Immunol., 2001, 107, 129-34.

Abonnez-vous!

Recevez les actualités chaque mois