Accueil du site > Sciences > Immunologie > Faut pas stresser mon épithélium !

Faut pas stresser mon épithélium !
lundi 16 mai 2005, par
Le remodelage bronchique joue un rôle important dans l’asthme, avec des conséquences à long terme. Cette étude s’est intéressée à ces mécanismes chez des enfants de 5 à 15 ans.
Stress épithélial et remodelage structural dans l’asthme de l’enfant : I A Fedorov2, S J Wilson1, D E Davies1 and S T Holgate1
1 Division of Infection, Inflammation and Repair, School of Medicine, Southampton General Hospital, Southampton SO16 6YD, UK
2 City Clinical Hospital #1, Chelyabinsk, Russia
dans Thorax 2005 ;60:389-394
– Contexte :
- Dans l’asthme de l’adulte, il existe au sein de l’épithélium bronchique une augmentation de l’expression du récepteur à l’EGF (Epidermal Growth Factor) et de l’inhibiteur de kinase cycline-dépendant p21 waf, liée aux stress et agressions permanentes de ce tissu.
– Méthodes :
- Afin de déterminer si ces 2 éléments sont des marqueurs précoces de la maladie asthmatique, nous avons analysé en immuno-histo-chimie des sections de coupes bronchiques d’enfants âgés de 5 à 15 ans obtenues en post-mortem ou par bronchoscopie chez des sujets non-athmatiques (n=7), chez des asthmatiques modérés (n=7), ou sévère (n=9).
- Tous les asthmatiques sévères et un asthmatique modéré recevaient des corticoides inhalés.
– Résultats :
- La lamina réticularis des sections biopsiques des asthmatiques était plus épaisse que chez les non-asthmatiques (p=0,01), avec un dépôt accru de collagène III (p=0,007).
- Il n’y avait pas de différence entre le nombre d’éosinophiles intra-muqueux dans les différents groupes.
- Comme chez l’adulte, on observait une augmentation de l’expression du récepteur à l’EGF chez les asthmatiques (p<0,002), mais il n’y avait pas de prolifération cellulaire évidente, avec une diminution du Ki67 (p=0,001) et une augmentation du p21waf (p<0,004).
(NDLR : le Ki67est un marqueur nucléaire de prolifération cellulaire, le p21waf inhibe indirectement le cycle cellulaire) - L’épaisseur de la lamina réticularis était significativement corrélée l’expression épithéliale du récepteur à l’EGF (rho=0,77 ;p<0,001).
– Conclusion :
- Ces données montrent que, chez les enfants asthmatiques, l’épithélium respiratoire est stressé ou lésé sans inflammation significative à éosinophiles.
- Ce changement de phénotype épithélial est associé à un dépôt de collagène au niveau de la lamina réticularis, suggérant que « l’unité mésenchymale épithéliale » est activée tôt dans la vie, et pourrait contribuer à la physiopathologie de l’asthme.
Cette étude montre que les phénomènes de remodelage bronchique commencent très tôt dans la vie d’un asthmatique, avec dépôt excessif de collagène dès la petite enfance.
Le« stress épithélial » chronique amène une modification des phénomènes de réparation cellulaire, avec des signaux celullaires contradictoires empêchant le déroulement normal de ce processus.
Cette étude montre bien que ces phénomènes sont indépendants de l’inflammation à éosinophiles et évoluent pour leur propre compte, avec peu d’effet des corticoides inhalés (la majorité des patients étaient traités).
Il reste à déterminer les mécanismes précis de ces phénomènes pour envisager des nouvelles cibles thérapeutiques.
Recevez les actualités chaque mois