Sous unité alpha : l’oméga de l’urticaire chronique

vendredi 20 mai 2005 par Dr Philippe Auriol4481 visites

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Sous unité alpha : l’oméga de l’urticaire chronique

Sous unité alpha : l’oméga de l’urticaire chronique

vendredi 20 mai 2005, par Dr Philippe Auriol

L’ urticaire chronique est un des problèmes les plus complexes qu’ont à traiter les médecins allergologues. La plupart des urticaires chroniques ne semblent pas de nature allergique mais sont plurifactorielles, l’allergologue doit pourtant toujours éliminer une cause spécifique puisque celle-ci est beaucoup plus simple à traiter. L’urticaire chronique se caractérise par une durée supérieure à trois mois. Cette étude nous montre le rôle et la place d’auto-anticorps évoqués depuis 1999 qui sont, pour les auteurs, responsables de près de 40% des urticaires chroniques.

Aspects fonctionnels du rôle des sous classes IgG dans les urticaires chroniques auto-immunes Functional assessment of pathogenic IgG subclasses in chronic autoimmune urticaria
 : Soundararajan S, Kikuchi Y, Joseph K, Kaplan AP.

Department of Medicine, Division of Pulmonary/Critical Care, Allergy and Clinical Immunology, 96 Jonathan Lucas Street, Charleston, SC 29425, USA.

dans : J Allergy Clin Immunol. 2005 Apr ;115(4):815-21.

 Introduction :

  • L’urticaire chronique est déclenchée par une fixation du complément par des anticorps IgG dirigés contre la sous-unité alpha du récepteur à IgE (FcER1) et retrouvés dans 35 à 45% des patients.
  • Cette sous population auto-immune peut-être identifiée par des tests cutanés autologues ou un test d’histamino-libération des basophiles ou des mastocytes cutanés.
  • Cependant, les essais de fixation ne corroborent pas cet aspect fonctionnel.
  • Nous avons considéré la possibilité que des anticorps pathologiques soit présents avec des sous-classes particulières ce qui devrait pouvoir faciliter le développement d’une méthode de liaison qui puisse permettre de trier les patients.

 Objectifs :

  • Déterminer la répartition des sous classes des anticorps IgG anti-récepteurs sur la base de l’histamino-libération, et évoquer la possibilité de sous-classes spécifiques fixant en technique ELISA de manière à typer les patients.

 Méthodes :

  • Nous avons isolé les IgG des patients par leur affinité à la protéine G en chromatographie puis isolé les patients en sous classes IgG1, 2, 3, et 4 par une combinaison entre l’activité affinitaire anticorps en chromatographie et l’affinité à la protéine A également en chromatographie.
  • La capacité d’activation basophilique a été testée pour chaque sous classe.

 Résultats :

  • Les sous classes d’IgG1, IgG3 et dans une moindre mesure d’IgG4 sont activatrices de l’histaminolibération des basophiles, tandis que les IgG2 sont inactives.
  • La fixation par Immunoblot ou RAST, qui est spécifique de sous classes, ne montre pas de corrélation de l’histaminolibération en tant que résultat non-fonctionnel mais comme liaison spécifique des sous classes d’IgG 1, 3, ou 4 et d’une activation du complément pour les IgG1 et les IgG3.

 Conclusions :

  • La purification de sous classes IgG des patients souffrant d’urticaire chronique démontre l’aspect fonctionnel des anticorps IgG1 et IgG3 et occasionnellement des IgG4.
  • Des anticorps non fonctionnels parmi les IgG2 ainsi que des anticorps non fonctionnels mélangés avec des anticorps fonctionnels parmi les IgG1, IgG3 et IgG4 ainsi que les effets du Complément sont responsables d’un manque de corrélation avec l’histaminolibération et ce même si la sous classe est spécifique.

L’urticaire chronique est une activation mastocytaire chronique (> trois mois).

Au fur et à mesure que l’urticaire dure les étiologies spécifiques se font de plus en plus rares pour laisser la place à une activation multi-factorielle.

Depuis 1999, cette équipe Américaine pense avoir trouver LA cause principale d’un tiers des urticaires chroniques : les récepteurs à IgE présents sur la membrane du mastocyte seraient activés non pas par des anticorps de l’allergie (comme dans la réaction allergique normale) mais par des auto-anticorps de type IgG qui viendraient activer ce récepteur en se fixant sur sa sous-unité alpha.

Pourtant, si ce mécanisme est possible, il ne semble pas absolu, d’autres auteurs ayant mis en évidence l’importance des autres sous-unités (la sous unité béta par exemple) dans l’activation mastocytaire.

Les auto-anticorps anti-sous unité alpha du récepteur à IgE existent et sont commercialisés, si leur implication dans un tiers des urticaires chroniques est confirmée il serait tout à fait envisageable de faire des "sérothérapies" pour stabiliser ces malades.

Pour finir, je ne crois pas que ce mécanisme soit aussi important que cela dans l’urticaire chronique car, fort heureusement, le blocage des récepteurs à histamine par les anti-H1 habituels à forte dose entraîne heureusement une grande quantité de stabilisations voir de guérisons.

Si le mécanisme auto-immun était si fort il ne pourrait pas y avoir de régulation comme nous les observons à moins que ce mécanisme lui-même ne soit dépendant de l’activation mastocytaire par l’histamine...

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