Plus d’atopiques aujourd’hui qu’au siècle dernier : une évidence qu’il faut bien démontrer.

dimanche 5 juin 2005 par Dr Isabelle Bossé1531 visites

Accueil du site > Maladies > Atopie > Plus d’atopiques aujourd’hui qu’au siècle dernier : une évidence qu’il faut (…)

Plus d’atopiques aujourd’hui qu’au siècle dernier : une évidence qu’il faut bien démontrer.

Plus d’atopiques aujourd’hui qu’au siècle dernier : une évidence qu’il faut bien démontrer.

dimanche 5 juin 2005, par Dr Isabelle Bossé

L’augmentation de l’atopie durant les 50 dernières années a été essentiellement démontrée grâce à des études basées sur des questionnaires de patients tout venants. Ces auteurs ont voulu trouver un moyen plus « scientifique », en tout cas plus objectif de démontrer l’augmentation de l’atopie dans la population générale, par des dosages biologiques effectués sur des sérothèques.

Modifications de l’atopie durant un quart de siècle, basées sur des données d’études croisées à 3 périodes différentes. : Malcolm Law, professor1, Joan K Morris, reader1, Nicholas Wald, professor1, Christina Luczynska, honorary senior research fellow2, Peter Burney, professor2

1 Centre for Environmental and Preventive Medicine, Wolfson Institute of Preventive Medicine, Barts and The London School of Medicine and Dentistry, London EC1M 6BQ, 2 Department of Public Health Sciences, Division of Primary Care and Public Health Sciences, Guy’s, King’s, and St Thomas’ School of Medicine, Guy’s Hospital, London SE1 3QD

dans BMJ 2005 ;330:1187-1188 (21 May)

 Introduction :

  • il est évident que la prévalence des maladies atopiques, y compris asthme et pollinoses, s’est accrue depuis les 20 à 30 dernières années, ces données provenant essentiellement de résultats d’enquêtes ; les résultats objectifs en sont limités.
  • les auteurs ont par conséquent mesuré des marqueurs sérologiques de sensibilisation atopique sur des échantillons de sérum conservés, qui avaient été collectés sur une population d’hommes depuis environ 25 ans.

 Participants, méthodes, et résultats :

  • les auteurs ont donc utilisé des sérums congelés (-40 °) d’hommes âgés de 40 à 64 ans qui ont été consulter au centre médical de la « British United Provident Association », à Londres, pour un examen médical de routine.
  • un des avantages de cette cohorte était son homogénéité socio-économique (presque tous étaient des professionnels qualifiés ou des hommes d’affaires).
  • les auteurs ont comparé ( par âge et mois de prélèvement) 513 échantillons d’hommes qui ont consulté entre 1996 et 1998 à 513 échantillons d’hommes suivis entre 1981 et 1982 et à 513 vus entre 1975 et 1976.
  • les échantillons de sérum n’avaient pas été décongelés précédemment.
  • des travaux précédents avaient montré une destruction négligeable des IgE pendant le stockage des sérums.

 Que dire de certain à ce stade du raisonnement ?

  • la prévalence des maladies allergiques s’accroît.
  • les études montrent que la prévalence de l’atopie décroît avec l’âge.

 Qu’apporte cette étude ?

  • les dosages sériques à ces trois périodes apportent des résultats objectifs : les patients dans les cohortes de naissance plus anciennes deviennent probablement moins allergiques que dans les plus récentes. Ce qui explique la prévalence décroissante de l’atopie avec l’âge.
  • les auteurs ont d’abord testé des échantillons en utilisant le Phadiatop ( Pharmacia & Upjohn) , marqueur qualitatif sérique standardisé de l’atopie testant 11 allergènes aériens communs ( graminées, arbres, armoise, moisissures et olivier ; chat, chien, cheval ; et deux acariens de poussière de maison).
  • les échantillons positifs ont été ensuite testés par dosages des Ig E spécifiques pour les pollens de graminées (fléole), un mélange d’arbres (sureau, bouleau, noisetier, chêne et platane), ainsi que le chat ( Pharmacia Cap System).
  • les échantillons Phadiatop négatifs n’ont pas été testés, le Phadiatop contenant déjà tous ces allergènes.
  • les sérums ont également été testés pour les anticorps IgG de l’hépatite A ( Diasorin) et pour l’helicobacter pylori ( sérums de 1996 à 98 seulement ; Axis -Shield Diagnostics).
  • le tableau montre que les auteurs ont trouvé une augmentation significative au fil du temps du nombre d’hommes avec Phadiatop positif et avec des IgE spécifiques positives à ces trois allergènes inhalés.
  • la moyenne d’augmentation équivaut à une addition de 4.5 % des hommes devenant positifs au Phadiatop tous les 10 ans.
  • les auteurs ont comparé les données des hommes nés entre 1932 et 1942 qui ont été prélevés au début (en 1975 et 1976 à l’âge de 40-50 ans) et chez les hommes nés dans les mêmes années (1932-1942) mais qui ont été prélevés plus tard (en 1996- 1998 , à l’âge de 54-64 ans).
    • Les proportions de Phadiatop positifs étaient équivalentes dans les deux groupes ( 35 % et 34 %).
    • Les proportions d’échantillons positifs en IgE spécifiques pour les graminées, les arbres, et le chat étaient également équivalents pour les deux périodes.
    • Après régression multiple l’année de naissance était associée à la prévalence de l’atopie ( P <0.001), mais pas l’âge au moment du prélèvement.
  • les résultats ne confirment pas les données antérieures suggérant une association inverse entre ces deux infections digestives communes et l’atopie à l ‘âge adulte.
    • les proportions d’échantillons positifs pour le Phadiatop étaient équivalentes avec ou sans sérologie positive pour une hépatite A ancienne ( 37 % vs 34 %), ou une infection à Helicobacter Pylori ( 40% vs 36%).
    • Deux autres marqueurs d’infections infantiles disponibles grâce aux données d’un questionnaire ( nombre de frères et sœurs ou les hommes ayant été pensionnaires) ne montrait pas non plus de corrélation avec le Phadiatop positif.

 Commentaires :

  • les résultats montrent que l’atopie chez les hommes à l’âge adulte a augmenté durant le dernier quart de siècle et que la prévalence de l’atopie ne diminue pas avec l’avancée en âge.
  • certes, certaines cohortes de naissance plus récentes ont plus de risques de devenir atopiques.
  • la constatation d’une augmentation au fil du temps des Ig E spécifiques aux allergènes inhalés chez des adultes des pays nordiques, des Suisses et des Japonais concerne des sujets plus jeunes et des périodes de surveillance plus courtes que celles de cette étude.
  • la raison de l’augmentation de l’atopie est inconnue. Les données de cette étude suggèrent qu’il est peu probable que ce soit une exposition accrue à des allergènes spécifiques (en raison de la sensibilité augmentée à la fois aux allergènes intérieurs et extérieurs).
  • Les résultats ne sont pas non plus en faveur de la diminution des infections de l’enfance responsables de l’accroissement de l’atopie.

L’atopie augmente, cette étude le prouve sur des populations testées biologiquement depuis 25 ans environ.

Les sérums de patients consultant pour un bilan médical systématique ont été congelés et testés par le Phadiatop.
Quand celui-ci était positif des dosages d’Ig E spécifiques aux allergènes inhalés contenus dans le Phadiatop ont été réalisés.

La population était exclusivement masculine, le niveau socio-économique équivalent, et l’âge du prélèvement variait de 40 à 64 ans.

Trois périodes de prélèvements ont été retenues : années 1975/76, 19881/1982 et 1996/1998.

Outre le Phadiatop et les Ig E spécifiques aux allergènes inhalés les plus courants, ont été testés l’hépatite A et l’Helicobacter pylori.

Les conclusions que l’on peut tirer de cette étude sont les suivantes :

  • l’atopie augmente : + 4.5 % tous les 10 ans.
  • la prévalence de l’atopie reste la même pour une tranche d’âge quel que soit le moment où le prélèvement est effectué.
  • la prévalence de l’atopie est donc corrélée à l’année de naissance, mais pas à l’âge au moment du prélèvement. Contrairement à ce que concluaient les précédentes études, qui montraient une diminution de l’atopie avec l’âge.
  • il n’y a aucune corrélation avec les infections digestives à virus de l’hépatite A et à Helicobacter Pylori
  • il n’y a aucune corrélation avec d’autres marqueurs d’infections infantiles.
  • les causes de cette augmentation restent des hypothèses, mais celle qui semble la plus évidente, à savoir le contact avec les allergènes, ne ressort pas de cette étude.

Ce travail a le mérite d’être plus objectif que les enquêtes par questionnaires, confirme l’augmentation de l’atopie depuis 25 à 30 ans, et risque de semer la discorde sur un point jusqu’alors convenu : l’atopie ne décroît pas avec l’âge.

En matière d’atopie on peut donc être et avoir été......

Abonnez-vous!

Recevez les actualités chaque mois