Chris d’Asma hospitalisé aux USA ! Un article de notre correspondant à Philadelphie

vendredi 10 juin 2005 par Dr Hervé Couteaux829 visites

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Chris d’Asma hospitalisé aux USA ! Un article de notre correspondant à Philadelphie

Chris d’Asma hospitalisé aux USA ! Un article de notre correspondant à Philadelphie

vendredi 10 juin 2005, par Dr Hervé Couteaux

Nos traitements de l’asthme sont globalement efficaces, avec des stratégies pensées et repensées mais le problème n’est toujours pas résolu. Les auteurs ont cherché à préciser les conditions qui aboutissent à des hospitalisations répétées, témoins de l’échec thérapeutique dans l’asthme, dans le but avoué de pouvoir les éviter !

Les exacerbations d’asthme chez les adultes en Amérique du Nord : Sharon K. Griswold, MD ; Carla R. Nordstrom, MD, MPH ; Sunday Clark, MPH ; Theodore J. Gaeta, DO, MPH ; Michelle L. Price and Carlos A. Camargo, Jr, MD, DrPH

* From the Department of Emergency Medicine Dr. Griswold and Ms. Price), Thomas Jefferson University Hospital, Philadelphia, PA ; Department of Critical Care Medicine (Dr. Nordstrom), Mercy Hospital of Philadelphia, Philadelphia, PA ; Department of Emergency Medicine (Ms. Clark and Dr. Camargo), Massachusetts General Hospital, Boston, MA ; and Department of Emergency Medicine (Mr. Gaeta), Methodist Hospital, Brooklyn, NY.

dans Chest. 2005 ;127:1579-

 Objectifs :

  • Il s’agit de caractériser des patients asthmatiques adultes pour ce qui concerne leur fréquence d’admission dans les services d’urgences (SU) au cours de l’année écoulée.

 Méthode :

  • Des adultes avec un asthme aigu s’étant présenté dans 83 services d’urgences aux USA ont répondu à un questionnaire défini dans les services d’urgence et au téléphone, 2 semaines après.

 Résultats :

  • Les 3151 patients inclus dans l’étude ont été classés en 4 groupes :
    • Groupe 1 : Ceux qui n’ont pas été admis en service d’urgence l’année précédente (27%).
    • Groupe 2 : Ceux qui ont été admis à 1 ou 2 reprises (27%).
    • Groupe 3 : Entre 3 et 5 admissions (25%).
    • Groupe 4 : 6 admissions ou plus (21%).
  • Ce nombre d’admission aux services d’urgence (NASU) est associé à :
    • Un âge avancé.
    • Le fait de ne pas être blanc.
    • Un statut socio-économique inférieur.
    • Plusieurs marqueurs de la sévérité de l’asthme. (p<0.001).
  • Le NASU est associé à une adhésion à une assurance médicale pour :
    • 17% des patients du groupe 1.
    • 22% des patients du groupe 2.
    • 30% des patients du groupe 3.
    • 39% des patients du groupe 4 ; p<0.001.
  • Le NASU n’est pas corrélé :
    • Au sexe des patients,
    • Au fait d’avoir un pourvoyeur de premiers soins « Primary care provider » (PCP).
  • Dans un modèle à variables multiples, les facteurs indépendants prédictifs d’un fort taux d’admission (6 ou d’avantage) aux SU sont :
    • Le fait de ne pas être blanc.
    • La présence d’une assurance médicale.
    • La présence d’une assurance publique ou pas d’assurance (?...)
    • L’existence de facteurs de sévérité de l’asthme chronique.
  • Les patients du groupe 4 représentent 67% des admissions antérieures en SU au cours de l’année précédente.

 Conclusions :

  • Un NASU élevé est associé à des caractéristiques qui peuvent aider à l’identification des « usagers fréquents » des SU.
  • Une meilleure compréhension de ces caractéristiques peut contribuer à réduire les disparités de prise en charge de l’asthme, en particulier pour les accès aux soins primaires dans l’asthme.
  • Les directives nationales recommandent des prises en charges spécifiques lors des consultations en PCP.
  • Bien qu’un suivi longitudinal soit certainement important, les efforts pour réduire les visites répétées en SU pourraient être plutôt dirigés vers une prévention plus spécifique et une éducation adaptée.

Dans cette étude multicentrique américaine, les auteurs ont mis en évidence qu’une fréquentation importante des services d’urgence était corrélée au fait de ne pas être blanc, d’avoir une assurance médicale privée et aux marqueurs de sévérité de l’asthme.

  • Un nombre élevé d’admissions s’observe chez des non-blancs, âgés, de condition socio-économique précaire et porteurs d’un asthme sévère.
  • Les conclusions de cette étude doivent permettre, selon les auteurs, de développer prévention et éducation.

En 95, selon l’AAAAI, on recensait 500 000 admissions pour asthme et 6000 décès : le sujet mérite quelque considération...

Les études sont maintenant nombreuses qui se sont intéressées aux hospitalisations par asthme.

Parmi les facteurs les plus fréquemment mis en évidence, on peut en citer certains qui ne sont pas évoqués dans ce travail :

  • Le tabagisme,
  • Les ATCD d’infections respiratoires (sinusites notamment)
  • Les facteurs de non-compliance au premier rang desquels se situent les facteurs socio-psychologiques, à côté des classiques conditions socio-économiques défavorables.

On peut également remarquer l’accent mis par cette étude sur des facteurs ethniques et socio-économiques (avoir une assurance privée) qui ne sont pas toujours en première ligne dans les études antérieures.

Agir sur ces facteurs de société paraît plutôt du ressort de la politique que de la médecine, sauf pour les marqueurs d’asthme sévère. Dans ce domaine, la solution serait évidemment d’agir en amont afin de pouvoir éviter une évolution vers un asthme sévère : question déjà difficile à l’échelle d’un individu mais quasi insoluble au niveau d’une vaste population.

Au total, le constat final qui est de développer la prévention et l’éducation ressemble au mieux à un vœu pieu et au pire à la langue de bois : comme souvent il va falloir attendre pour savoir !

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