Les enfants ont-ils le droit de siffler en toute impunité ?

lundi 13 juin 2005 par Dr Philippe Carré911 visites

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Les enfants ont-ils le droit de siffler en toute impunité ?

Les enfants ont-ils le droit de siffler en toute impunité ?

lundi 13 juin 2005, par Dr Philippe Carré

Un certain nombre de jeunes enfants présentent des sifflements respiratoires lors d’infections répétées des voies aériennes, qui font poser la question de l’existence d’une hyperréactivité bronchique sous-jacente. Quelle est sa prévalence, et y a-t’il des facteurs de risque prévisibles ?

Facteurs de risque d’hyperréactivité bronchique chez les enfants avec sifflements associés à une infection respiratoire. : Futrakul S, Deerojanawong J, Prapphal N.

Newborn Services, Monash Medical Centre, Melbourne, Victoria, Australia

dans Pediatr Pulmonol. 2005 Jul ;40(1):81-7

 Objectifs :

  • Les objectifs de l’étude sont :
    • Identifier les facteurs de risque possibles d’hyperréactivité bronchique (HRB) chez des enfants jusqu’à cinq ans ayant des sifflements lors d’une infection respiratoire (SIR)
    • Etudier la prévalence de l’HRB

 Méthodes :

  • Les enfants jusqu’à 5 ans, présentant des SIR, ont été inclus dans l’étude
  • Les parents étaient interrogés sur les données démographiques et l’histoire clinique
  • Un examen clinique et un score clinique étaient effectués
  • Des tests de fonction respiratoire, à savoir une courbe de débit en respiration normale, étaient effectués pour mesurer les paramètres en respiration calme avant et après nébulisation de salbutamol.
  • Si le volume du débit expiratoire de pointe par rapport au volume expiratoire courant ou le temps pour atteindre le débit expiratoire de pointe par rapport au temps total augmentait d’au moins 20%, ou si le débit expiratoire de pointe à 25% du volume augmentait d’au moins 20% après nébulisation, une HRB était présente
  • Le nombre dans le groupe ayant une HRB était utilisé pour calculer la prévalence de l’HRB, et les caractéristiques cliniques étaient comparées au groupe sans HRB
  • L’analyse statistique de signification (p<0.05) utilisait le test du chi2 ou le test de Fischer ou le test de Student
  • Les odds ratios (OR) et les intervalles de confiance à 95% (IC) étaient calculés en cas de signification.

 Résultats :

  • 106 enfants siffleurs ont eu des tests de fonction respiratoire avant et après nébulisation de salbutamol.
  • 41 (38.7%) avaient une HRB.
  • Une histoire de maladie réactive des voies aériennes (OR, 6.31 ;IC 1.68-25), d’asthme maternel (OR, 3.45 ;IC 1.34-9), d’allaitement de moins de 3 mois (OR, 3.18 ;IC 1.26-8.12) et de tabagisme passif (OR, 3 ;IC 1.15-7.62) étaient des facteurs de risque significatifs d’HRB
  • Le taux des éosinophiles était significativement plus élevé dans le groupe avec HRB, chez les enfants de 1 à 5 ans (p<0.01).

 Conclusions :

  • Des antécédents de maladie réactive des voies aériennes, d’asthme maternel, d’allaitement de moins de 3 mois et de tabagisme passif étaient des facteurs de risque significatifs d’HRB.

Dans cette étude évaluant 106 enfants de 5 ans au plus ayant des sifflements lors d’une infection respiratoire, les auteurs ont trouvé que 38.7% de ces jeunes enfants avaient une HRB.

Quatre facteurs de risque étaient significativement associés à cette HRB :

  • des antécédents de maladie réactive des voies aériennes,
  • d’asthme chez la mère,
  • d’une période d’allaitement inférieure à 3 mois, et
  • l’existence d’un tabagisme passif.

De plus, l’éosinophilie sanguine était significativement élevée dans le groupe avec HRB.

Cette étude vient confirmer les données classiques sur le lien entre sifflements et HRB prolongée, ces enfants ayant été évalués certainement en dehors d’une période d’aggravation.

Elle apporte un élément de fréquence intéressant, en montrant que plus d’1/3 des enfants gardent une HRB.

Les facteurs de risque retrouvés associés à cette HRB (antécédents personnels ou maternels de maladie bronchique hyper réactive, allaitement bref et tabagisme passif) sont des données classiques et connues.

Deux facteurs peuvent facilement être pris en charge : proposer aux femmes asthmatiques d’allaiter leurs enfants de façon prolongée (mais ceci reste discuté) et surtout continuer à se battre contre l’exposition des enfants au tabagisme passif.

Cela suffirait-il à diminuer la prévalence de l’HRB et à faire des enfants non siffleurs ?

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