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L’inflammation bronchique gagne du terrain dans l’asthme : après le nez, alerte sur les poumons !!
mercredi 15 juin 2005, par
L’asthme est une maladie essentiellement inflammatoire à éosinophiles. On connaît par contre moins bien le siège exact de l’inflammation. Grosses bronches ? Petites bronches ? Muqueuse nasale ? Tissu pulmonaire ? Il s’agit d’une question essentielle pourtant pour traiter totalement et complètement les asthmatiques.
Localisations des cellules inflammatoires au niveau des voies respiratoires dans l’asthme fatal. : S. de Magalhães Simões*1, M. A. dos Santos*1, M. da Silva Oliveira, E. S. Fontes, S. Fernezlian, A. L. Garippo, I. Castro*, F. F. M. Castro*, M. de Arruda Martins, P. H. N. Saldiva, T. Mauad and M. Dolhnikoff*Division of Clinical Immunology and Allergy, Departments of Pathology, and Medicine, School of Medicine, University of Sao Paulo, Sao Paulo, Brazil
*Division of Clinical Immunology and Allergy, Departments of Pathology, and Medicine, School of Medicine, University of Sao Paulo, Sao Paulo, Brazil
dans Clinical & Experimental Allergy 35 (5), 602-611
– Introduction :
- Le site et la distribution de l’inflammation dans les voies respiratoires des patients ayant un asthme ont été largement étudiés.
- Les cellules inflammatoires sont distribuées à la fois dans les grosses bronches et les petites bronches.
- Il a été démontré que l’inflammation distale dans l’asthme peut contribuer significativement à la physiopathologie de cette affection.
- Les voies respiratoires supérieures sont également impliquées.
- Bien qu’il soit maintenant accepté que l’inflammation pulmonaire ne soit pas restreinte uniquement aux voies respiratoires intra pulmonaires dans l’asthme, on connaît peu la distribution cellulaire dans les autres compartiments pulmonaires et leur relation avec les voies respiratoires intra pulmonaires.
– Objectif de l’étude :
- Le but de ce travail a été de faire le relevé topographique du processus inflammatoire dans des asthmes fatals (AF) depuis les voies aériennes supérieures jusqu’au parenchyme pulmonaire.
– Méthodologie :
- Le contenu en éosinophiles, neutrophiles, cellules mastocytaires et lymphocytes a été déterminé dans la muqueuse nasale, la trachée, les voies respiratoires intra pulmonaires et le parenchyme pulmonaire (péri bronchiolaire et distal) de 20 patients ayant un AF par rapport à 10 patients témoins.
– Résultats :
- Le contenu en éosinophiles est plus important au niveau de tous les sites étudiés dans l’AF par rapport aux témoins (p<0.02)
- Il y a plus de mastocytes dans les aires extérieures des grosses voies respiratoires, des petites bronchioles membraneuses et dans le parenchyme péri bronchique des patients avec AF par rapport aux témoins (p<0.04).
- Les cellules CD3+, CD4+ et CD20+ sont en nombre plus élevé dans les voies respiratoires intra pulmonaires des patients avec AF par rapport aux témoins (p<0.05).
- Il y a une corrélation positive entre le taux des CD4+ contenu dans la muqueuse nasale et les grosses voies respiratoires chez les asthmatiques.
- L’augmentation des neutrophiles est observée seulement dans le parenchyme péri bronchique des AF (p=O.028).
– Conclusion :
- Les éosinophiles présentent une large distribution au niveau des voies respiratoires dans l’AF, depuis la muqueuse nasale jusqu’au poumon distal.
- Le mur extérieur des petites bronches membraneuses est le site principal des modifications de l’inflammation dans l’AF.
- Il y a une distribution localisée de l’inflammation alvéolaire en région péri bronchique pour les cellules mastocytaires et les neutrophiles.
- Ces données prouvent l’importance de la périphérie pulmonaire dans la physiopathologie de l’AF.
Dans ce travail, les auteurs ont essayé de définir le site exact et la nature de l’inflammation cellulaire dans l’asthme.
Les études autopsiques d’asthmes fatals ont montré qu’il existe une augmentation diffuse des éosinophiles avec un infiltrat inflammatoire des bronches mais aussi des régions pulmonaires péri bronchiques.
Ce travail est intéressant car il apporte des renseignements complémentaires sur un sujet qui paraissait pourtant définitivement acquis.
Cela fait plusieurs années que l’on considère la maladie asthmatique essentiellement comme une affection inflammatoire à éosinophiles. Mais le site de l’inflammation est discuté depuis quelques années.
Ainsi il a été montré que cette inflammation est beaucoup plus distale que proximale et qu’elle inclut toutes les voies respiratoires à partir de l’étage nasal.
Dans ce travail, les auteurs montrent qu’il existe aussi une infiltration pulmonaire avec une atteinte péri bronchique.
Par contre, contrairement à d’autres travaux, il n’y a pas d’infiltration neutrophile prédominante chez ces asthmatiques sévères.
Il apparaît donc de plus en plus important de considérer que seul un traitement global de l’inflammation au niveau de ses différents sites permettra seul d’envisager une guérison de l’asthme.
Il faut donc continuer à chercher des molécules thérapeutiques pouvant combattre l’inflammation éosinophile au niveau de tous les sites de l’appareil respiratoire.
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