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On ne retrouve pas toujours de règles précises dans l’asthme de la femme.
jeudi 23 juin 2005, par
Certaines données sont en faveur d’un rôle des hormones sexuelles féminines dans l’asthme et l’allergie. L’asthme de la femme a souvent une évolution particulière liée aux événements de la vie génitale (puberté, grossesse, ménopause). Les auteurs ont cherché s’il existait un lien entre asthme, allergie et irrégularités menstruelles.
Association d’un asthme et d’un rhume des foins avec des menstruations irrégulières : C Svanes1,2, F Gomez Real1,3, T Gislason4, C Jansson5, R Jögi6, E Norrman7, L Nyström8, K Torén9 and E Omenaas2
1 Institute of Medicine, University of Bergen, 5021 Bergen, Norway
2 Department of Thoracic Medicine, Haukeland University Hospital, 5021 Bergen, Norway
3 Department of Gynaecology and Obstetrics, Haukeland University Hospital, 5021 Bergen, Norway
4 Department of Pulmonary Medicine, Landspitali University Hospital, 105 Reykjavik, Iceland
5 Department of Medical Sciences : Respiratory Medicine and Allergology, Uppsala University, 77185 Uppsala, Sweden
6 Foundation Tartu University Clinics, Lung Clinic, 51014 Tartu, Estonia
7 Department of Pulmonary Medicine and Allergology, Umeå University, 90185 Umeå, Sweden
8 Department of Public Health, Clinical Medicine, Epidemiology, Umeå University, 90185 Umeå, Sweden
9 Department of Occupational and Environmental Medicine, Sahlgrenska University Hospital, 41266 Göteborg, Sweden
dans Thorax 2005 ;60:445-450
– Contexte :
- Il existe des données évoquant le fait que les femmes asthmatiques ont plus souvent des taux d’hormones sexuelles anormaux
- Cette étude vise à déterminer si l’asthme et l’allergie étaient associés à des menstruations irrégulières dans une population générale, et le rôle éventuel des traitements de l’asthme dans cette association.
– Méthodes :
- 8588 femmes (taux de réponse : 77%) ont participé pendant 8 ans à une étude à partir d’un questionnaire postal dans le cadre de la première partie de l’enquête ECRHS, au Danemark, en Estonie, en Islande en Norvège et en Suède
- Seules les femmes non enceintes et ne prenant pas d’hormones sexuelles exogènes ont été inclues dans les analyses (n= 6137).
– Résultats :
- Les menstruations irrégulières étaient associées
- à l’asthme (OR 1.54, IC 1.11 à 2.13),
- aux symptômes d’asthme (OR 1.47, IC 1.16 à 1.86)
- au rhume des foins (OR 1.29, IC 1.05 à 1.57) et
- à l’asthme précédé de rhume des foins (OR 1.95, IC 1.30 à 2.96) parmi les femmes de 26 à 42 ans.
- Cela était aussi observé chez les femmes ne prenant pas de traitement pour
- l’asthme (symptômes d’asthme : OR 1.44, IC 1.09 à 1.91) ;
- rhume des foins : OR 1.27, IC 1.03 à 1.58) ;
- sifflements précédés de rhume des foins : OR 1.76, IC 1.18 à 2.64).
- Les menstruations irrégulières étaient associées avec un début de l’asthme chez les femmes les plus jeunes (OR 1.58, IC 1.03 à 2.42) mais pas chez les femmes âgées de 42 à 54 ans (OR 0.62, IC 0.32 à 1.18)
- Les résultats étaient corrélés dans tous les centres.
– Conclusions :
- Les femmes les plus jeunes ayant un asthme et de l’allergie sont plus à même d’avoir des menstruations irrégulières
- Cela ne peut être attribué à l’utilisation habituelle de médicaments anti-asthmatiques
- L’association pourrait être expliquée par des facteurs sous-jacents communs, métaboliques ou liés au développement
- Les auteurs font l’hypothèse que la résistance à l’insuline peut jouer un rôle dans l’asthme et l’allergie.
Cette étude est la première à montrer que l’asthme et l’allergie sont liés à des périodes d’irrégularités menstruelles, chez des femmes asthmatiques d’une population générale.
Ceci ne se retrouve que chez les femmes les plus jeunes, et pas celles dans le groupe 42-54 ans.
Cette constatation n’est pas en rapport avec le rôle éventuel que pourraient jouer les médicaments de l’asthme.
Cette étude ayant été menée dans 5 pays différents, aucune différence n’a été notée en fonction des pays.
Cette association pourrait être expliquée par des facteurs liés au développement (on sait que des conditions défavorables de développement intra-utérin sont associées à un risque accru d’asthme et de déséquilibre hormonal).
Elle pourrait aussi être expliquée par des facteurs métaboliques. On sait que les irrégularités menstruelles sont souvent retrouvées chez les femmes présentant une maladie polykystique ovarienne, qui est une manifestation du syndrome métabolique, qui peut être traité par des médicaments sensibilisateurs de l’insuline (comme la métformine). Ce syndrome étant expliqué par une résistance anormale à l’insuline, et des relations ayant déjà été évoquées entre anomalies de développement pulmonaire et résistance à l’insuline, les auteurs font l’hypothèse que la fréquence de l’asthme et de l’allergie chez ces femmes pourrait être liée à une résistance anormale à l’insuline.
Cette hypothèse pourrait permettre de clarifier les données contradictoires concernant l’asthme et différents aspects de la vie hormonale chez la femme.
Elle pourrait peut-être aussi expliquer la relation entre l’asthme et le surpoids, associés de façon fréquente dans l’asthme chez la femme.
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