Asthme non allergique : les tests cutanés peuvent apporter beaucoup !

mercredi 10 août 2005 par Dr Alain Thillay4183 visites

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Asthme non allergique : les tests cutanés peuvent apporter beaucoup !

Asthme non allergique : les tests cutanés peuvent apporter beaucoup !

mercredi 10 août 2005, par Dr Alain Thillay

La maladie asthmatique est une entité nosologique. Si les mécanismes inflammatoires sont bien connus dans les asthmes allergiques et dans les asthmes non allergiques, on connaît peu de chose sur le primum movens de la réactivité chez ce dernier. C’est l’objet de ce travail simple et élégant.

Réactivité des tests cutanés au sérum autologue chez des patients atteints d’asthme non allergique. : A. Tedeschi*, A. L. Comi, M. Lorini*, C. Tosini* and A. Miadonna

*Second Division of Internal Medicine, IRCCS Ospedale Maggiore Policlinico and Division of Internal Medicine and Respiratory Disease, Ospedale Fatebenefratelli, Milano, Italy

dans Clinical & Experimental Allergy 35 (7), 849-853.

 Contexte

  • Des altérations inflammatoires des voies respiratoires ont été mises en évidence chez les patients atteints d’asthme non allergique, mais le facteur déclenchant n’a jamais été défini.
  • L’hypothèse d’une activation auto-immune des cellules inflammatoires a été émise.

 Objectif
*-Evaluer si les facteurs de libération de l’histamine sont présents dans les sera de sujets atteints d’asthme non allergique.

 Méthodes

  • Vingt-quatre patients souffrant d’asthme non allergique ont subi in vivo des tests cutanés avec du sérum autologue et in vitro une épreuve de libération de l’histamine par les basophiles à l’aide des basophiles autologues et aussi de basophiles provenant de donneurs sains.
  • Vingt-sept sujets ayant des troubles respiratoires allergiques et trois sujets sains ont été choisis comme contrôle.

 Résultats

  • Les tests cutanés au sérum autologue étaient positifs chez 14/24 asthmatiques non allergiques (58%) alors qu’ils étaient négatifs chez les 30 sujets contrôle (P<0,001).
  • Seul le sérum d’un patient ayant eu un test cutané positif au sérum autologue parmi les douze testés in vitro a induit la libération d’histamine avec ses basophiles autologues.
  • Le sérum des autres patients ayant un test au sérum autologue positif induisait la libération d’histamine à partir des IgE membranaires fixées sur les basophiles autologues.
  • Les sera provenant aussi bien des autres sujets asthmatiques non allergiques que des sujets contrôle n’ont pas provoqué de libération d’histamine significative à partir de basophiles provenant de trois donneurs sains.

 Conclusion

  • La réactivité cutanée au sérum autologue est commune parmi les sujets atteints d’un asthme non allergique, indiquant la présence de facteurs circulants de la libération d’histamine.
  • Cependant, seule une minorité de patients montrent in vitro une libération d’histamine par auto-anticorps (anti-Fc epsilon RI ou anti-IgE).
  • La présence de facteurs circulants de la libération d’histamine pourrait contribuer à l’initiation ou au maintien de l’inflammation des voies respiratoires des sujets atteints d’asthme non allergique.

Les résultats de cette étude suggèrent fortement que, quel que soit le mécanisme mis en cause, dans l’asthme allergique ou non, tout passe par la libération de l’histamine par les basophiles via la sollicitation de IgE fixées sur la membrane de ces basophiles ou de leurs récepteurs membranaires.

Dans l’asthme allergique, l’activation du basophile est spécifique de l’allergène qui ponte les IgE ce qui entraîne message trans-membranaire, mobilisation du calcium intra-cellulaire puis dégranulation des facteurs pré-formés dont l’histamine. Nous connaissons tous la suite.

Dans l’asthme non allergique, tout est identique sauf l’activation qui se ferait grâce à la présence d’auto-anticorps anti-IgE ou anti-récepteurs des IgE.

Il semble que dans certaines urticaires chroniques dites idiopathiques, la même extrapolation ait déjà été faite.

Cela nous ramène à nos considérations quasi philosophiques qui nous a déjà permis de nous interroger sur l’augmentation de la prévalence des maladies allergiques IgE médiées parallèlement à celle des maladies auto-immunes. Les maladies allergiques IgE médiées relèvent d’une augmentation de la fonction TH2, les maladies auto-immunes de celle de la fonction TH1.

Mais en fait, à la lumière de ce qui est communiqué actuellement à propos des cellules T régulatrices CD4+ CD25+ qui jouent un rôle essentiel dans la régulation de la balance TH1/TH2, ne serait-ce alors que le dérèglement de cette cellule régulatrice qui serait responsable des maladies allergiques IgE médiées et des maladies auto-immunes.

A suivre, vraiment passionnant !

En passant, il faudra tordre le coup à cette vieille mauvaise habitude d’appeler les asthmes non allergiques des asthmes intrinsèques, ce qui ne veut rien dire. Au minimum, il faut parler dans ce cas d’asthme non allergique et si l’on veut être un tantinet provocateur parler d’asthme auto-immun. De quoi faire hurler les vieilles barbes, c’est super !

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