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Virus+atopie = un si mauvais ménage ?
lundi 5 septembre 2005, par
Les virus respiratoires provoquent chez l’enfant asthmatique exacerbations et hyperréactivité bronchique. Afin de savoir si le terrain atopique est un facteur favorisant de prolongation de l’HRB, les auteurs ont comparé l’effet des viroses respiratoires sur des enfants asthmatiques atopiques ou non (25 sujets en tout).
Durée de l’hyperréactivité bronchique postvirale chez l’enfant asthmatique : effet de l’atopie. : Paraskevi Xepapadaki, MD, PhD, Nikolaos G. Papadopoulos, MD, PhD, Apostolos Bossios, MD, PhD, Emmanuel Manoussakis, MD, Theodoros Manousakas, MD, Photini Saxoni-Papageorgiou, MD, PhD
From the Allergy Unit, 2nd Pediatric Clinic, University of Athens
dans JACI Volume 116, Issue 2, Pages 299-304 (August 2005)
– Contexte
- Les virus respiratoires induisent des exacerbations asthmatiques et une hyperréactivité bronchique (HRB).
- L’atopie est un facteur de risque important d’asthme persistant.
– Objectif
- Nous avons cherché à évaluer si l’atopie est un facteur de risque de prolongation de l’HRB après infection des voies respiratoires supérieures.
– Méthodes
- Vingt-cinq enfants (13 atopiques et 12 non atopiques) souffrant d’asthme intermittent induit par des virus ont été étudiés.
- Au départ, les enfants ont subi évaluation clinique, tests cutanés, test de provocation bronchique à la méthacholine, questionnaire et prélèvement d’un échantillon de lavage nasal.
- Durant 9 mois, les sujets ont tenu un journal des symptômes respiratoires.
- Lors du premier épisode viral rapporté, un prélèvement d’un échantillon de lavage nasal a été effectué.
- Le test de provocation à la méthacholine était pratiqué 10 jour après et 5, 7, 9 et 11 semaines après.
- Dans le cas du développement d’un nouvel épisode viral, le programme des tests de provocation bronchique était repris au départ.
– Résultats
- Des virus ont été détectés chez 17 (68%) des 25 patients lors du premier épisode viral ; les rhinovirus étaient les plus communément identifiés (82%).
- L’HRB a augmenté significativement 10 jours après l’épisode viral respiratoire, de façon égale dans les deux groupes (P=0,67) et restait tout aussi élevée à la cinquième semaine.
- La durée de l’HRB chez les sujets ayant subi un seul épisode viral s’échelonnait dans une fourchette de 5 à 11 semaines, sans différence significative entre les deux groupes.
- Pendant la durée de l’étude, les enfants atopiques souffraient plus souvent d’épisodes viraux et d’exacerbations asthmatiques que les enfants non atopiques.
- Ainsi, pour ce qui concerne de la durée de l’HRB, une prolongation significative a été notée dans le groupe des atopiques en évaluation cumulative.
– Conclusion
- Chez les enfants asthmatiques la durée de l’HRB après un épisode de virose respiratoire est de 5 à 11 semaines.
- Cependant, le taux d’augmentation des viroses symptomatiques et des épisodes asthmatiques chez les enfants atopiques est associé à une augmentation cumulative considérable d’HRB qui pourrait aider à comprendre le rôle de l’atopie en tant que facteur de risque d’asthme persistant.
Cette étude est intéressante car elle touche un sujet à la fois fondamental et pratique, toutefois, on regrettera le faible nombre de patients sélectionnés, 25 enfants, ce qui donnera aux résultats plus une valeur indicative que dogmatique.
Les résultats ne montrent pas de différences entre les enfants asthmatiques atopiques ou non pour la durée de l’HRB après un épisode viral, 5 à 11 semaines.
Par contre, dans le groupe atopique, les épisodes de viroses respiratoires étaient plus fréquents avec des exacerbations asthmatiques également plus fréquentes ; cumulativement la durée de l’HRB est plus longue.
Autrement dit, ce qui fait l’augmentation des exacerbations asthmatiques et de la durée cumulée d’HRB chez l’atopique, n’est pas une réponse plus importante après un épisode viral respiratoire mais la répétition de ces épisodes. Les atopiques seraient donc plus sensibles aux infections respiratoires hautes et basses.
Rappelons que d’autres études ont déjà abordé ce problème à la recherche d’un déficit immunitaire chez l’atopique. Toutes ces études n’ont jamais pu mettre en évidence un tel déficit. C’est donc l’état inflammatoire chronique de voies respiratoires de l’atopique qui favorise les viroses via les ICAM 1 par exemple.
Cette étude encourage donc l’allergologue à prendre en charge le plus tôt possible les petits allergiques.
De fait, cette étude ne permet pas de trancher pour savoir si l’atopie intrinsèquement est un facteur de risque d’exacerbations de l’asthme et d’augmentation dans le temps de l’HRB puisque ce qui est constaté semble lié à la multiplication des épisodes viraux respiratoires.
Il faudra donc attendre des études un peu plus solides pour connaître le fin mot de l’histoire.
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