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Allergiques alimentaires : soyez tolérants !
dimanche 2 octobre 2005, par
A l’heure actuelle, le traitement de base de l’allergie alimentaire est l’éviction. L’induction d’une tolérance orale spécifique alimentaire est une autre voie thérapeutique. La question est de savoir si l’obtention d’une telle tolérance alimentaire est définitive ou seulement transitoire et selon quelles modalités ? C’est tout l’intérêt de cette étude.
Induction d’une tolérance orale alimentaire spécifique chez l’enfant : effet transitoire ou persistant sur l’allergie alimentaire ? : C. Rolinck-Werninghaus, U. Staden, A. Mehl, E. Hamelmann, K. Beyer, B. Niggemann
Department of Pediatric Pneumology and Immunology, University Children’s Hospital Charité of Humboldt University, Berlin, Germany
dans Allergy 60 (10), 1320-1322.
– Contexte
- Le traitement standard de l’allergie alimentaire est l’éviction de l’aliment incriminé.
- L’induction d’une tolérance orale spécifique semble être une approche prometteuse dans le cadre d’un traitement étiologique ; cependant, rien n’est clair quant à savoir si la tolérance ainsi réalisée est définitive ou transitoire.
- Nous rapportons l’étude de suivi d’un sous-groupe de trois patients qui ont été traités avec succès par l’induction d’une tolérance orale spécifique, mais qui ont fait l’expérience d’une perte secondaire de tolérance après une période d’éviction de l’allergène.
– Méthodes
- Les patients souffraient d’une allergie IgE médiée soit au lait de vache (patient A) ou soit à l’œuf de poule (patients B et C) confirmée par un test de provocation orale, contrôlé, en double-aveugle contre placebo.
- L’induction de la tolérance orale spécifique a été pratiquée à domicile selon un protocole journalier afin de tolérer un maximum de 250 ml de lait de vache ou de 4,5 grammes de protéines lyophilisées d’œuf de poule.
- La dose journalière d’entretien était de 100 ml pour le lait de vache et 2,5 grammes pour les protéines d’œuf.
– Résultats
- Les patients A, B et C sont parvenus à une tolérance pour la dose maximum après 37, 41 et 52 semaines, respectivement.
- En accord avec le protocole, les patients A et B ont réalisé une éviction alimentaire stricte secondaire durant 2 mois après avoir suivi préalablement une période d’entretien de 27 et 39 semaines, respectivement, et ont alors subi un nouveau test de provocation orale, contrôlé, en double-aveugle contre placebo.
- Le patient C abandonnait le traitement pour 2 jours après 4 semaines de suivi de la dose d’entretien.
- Malgré la tolérance antérieure, lors d’une nouvelle exposition à l’allergène tous les patients ont eu des réactions allergiques systémiques modérées.
– Conclusions
- Nous concluons que l’induction d’une tolérance orale spécifique alimentaire peut induire une tolérance transitoire dans l’allergie alimentaire, mais ne permet pas nécessairement sa disparition définitive.
- La prise régulière de l’allergène semble nécessaire pour maintenir la tolérance obtenue.
Bien sûr, cette étude présente une certaine faiblesse car il ne s’agit que d’une étude de cas, sur trois cas pour être précis. Sa valeur ne sera donc qu’indicative.
Elle permet toutefois de s’intéresser au phénomène de tolérance spécifique alimentaire.
Globalement dans les trois cas, deux allergiques au lait de vache et un allergique à l’œuf, les patients parviennent sans ennuis à une bonne tolérance des doses prédites de leur trophallergène respectif.
De même, les doses d’entretien ont permis de maintenir la tolérance avec test de provocation orale négatif.
Par contre, l’arrêt de la dose d’entretien se solde pour les trois patients au retour de la réactivité alimentaire.
Les auteurs de conclure qu’il faut maintenir la dose d’entretien pour faire perdurer cette tolérance.
On peut s’interroger sur la durée de la dose d’entretien, ne faudrait-il pas la maintenir beaucoup plus longtemps pour obtenir une tolérance durable lors de son arrêt ?
Il serait donc intéressant de pratiquer à nouveau cette étude sur un bien plus grand nombre de patients et sur une plus grande durée de la période d’administration de la dose d’entretien. On pourrait aussi comparer ce groupe à un groupe similaire se pliant à l’éviction stricte.
Il semble que ce phénomène de tolérance n’existe pas seulement dans le cadre de l’allergie alimentaire. Par exemple, le cas particulier du chat paraît à cet égard avoir certaines similitudes. Nous voyons régulièrement des sujets au terrain atopique avéré qui, malgré des tests cutanés et/ou biologiques positifs au chat, supportent très bien leur petit félin. Mais, il suffit qu’ils restent assez longtemps sans contact pour voir cette tolérance s’effondrer et le patient devenir symptomatique.
Il y a là sans doute matière à réflexion...
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