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Dis-moi : pourquoi tu tousses ?!
samedi 8 octobre 2005, par
La toux chronique est un motif fréquent de consultation chez l’allergologue. Ici, les auteurs de cette étude tentent de faire le distinguo entre la toux chronique évoluant dans le cadre d’un asthme ou dans le cadre d’autres étiologies, en caractérisant le type d’inflammation des voies respiratoires et du remodelage.
Nature de l’inflammation des voies respiratoires et remodelage dans la toux chronique. : Akio Niimi, MDa, Alfonso Torrego, MDa, Andrew G. Nicholson, MDb, Borja G. Cosio, MDa, Tim B. Oates, MSca, Kian Fan Chung, DSca
a From Thoracic Medicine, National Heart and Lung Institute, Imperial College
b Histopathology, Royal Brompton and Harefield National Health Service Trust
dans JACI Volume 116, Issue 3, Pages 565-570 (September 2005)
– Généralités
- Une toux chronique peut résulter aussi bien d’un asthme que d’une étiologie non asthmatique, mais, il reste que l’on ne sait pas clairement s’il existe des modifications inflammatoires spécifiques ou un remodelage.
– Objectif
- Nous avons cherché à déterminer les modifications des muqueuses des voies respiratoires chez des patients présentant une toux associée à de l’asthme ou une toux associée à une étiologie non asthmatique.
– Méthodes
- Les patients non asthmatiques souffrant de toux chronique (n=33 ; encombrement du rhino-pharynx postérieur/rhinite=6 cas, reflux gastro-oesophagien=5 cas, dilatation des bronches=3 cas, idiopathiques=19), les patients asthmatiques (n=14) et les 15 sujets de contrôle en bonne santé ont subi une fibroscopie bronchique.
- Nous avons évalué la morphométrie des biopsies bronchiques et la sensibilité de la toux à la capsaïcine.
– Résultats
- Comparés aux contrôles, les éosinophiles et les neutrophiles de la sous-muqueuse étaient augmentés chez les patients atteints de toux asthmatique (P<0,005), les mastocytes de la sous-muqueuse l’étaient chez les patients atteints de toux non asthmatiques (P<0,01).
- L’épaisseur de la membrane basale, la zone des cellules à mucus, la vascularisation et la taille des vaisseaux étaient également augmentées dans les deux groupes.
- La zone du muscle lisse était augmentée uniquement chez les patients atteints de toux non asthmatique (P=0,0007 contre le groupe contrôle et P=0,19 contre le groupe asthmatique).
- Aucune des modifications pathologiques n’était en relation avec la durée de la toux.
- La sensibilité à la toux était augmentée chez les patients ayant une toux non asthmatique comparativement aux sujets du groupe de contrôle et au groupe des patients atteints de toux asthmatique.
- Le degré de l’hyperplasie des cellules à mucus et les zones de perte d’épithélium étaient positivement corrélés avec la sensibilité à la toux chez les patients atteints de toux non asthmatique (r=0,43 ; P=0,01 et r=0,40 ; P=0.02, respectivement).
– Conclusion
- Les caractéristiques du remodelage de la paroi respiratoire sont importantes au niveau des voies respiratoires des non asthmatiques comme chez les sujets atteints de toux asthmatique.
- Celles-ci sont plus liées à la toux chronique qu’à l’asthme.
- L’hyperplasie des mastocytes plus que celle des éosinophiles permet la distinction de la toux non asthmatique.
Le but de cette étude était de savoir si le profil inflammatoire et le remodelage des voies respiratoires sont différents en fonction du type de la toux chronique, dans le cadre d’un asthme ou en dehors d’un asthme.
Les résultats montrent des points commun pour ce qui concerne l’épaississement de la membrane basale, l’augmentation des cellules à mucus et l’hypervascularisation.
Au niveau cellulaire quelques différences, infiltrat à éosinophiles et à neutrophiles au niveau de la sous-muqueuse des patients atteints de toux asthmatique alors que chez les autres c’est plutôt les mastocytes qui dominent.
La sensibilité de la toux à la capsaïcine est plus importante dans la toux non asthmatique.
Il se dégagerait ainsi deux profils inflammatoires en fonction de l’étiologie de la toux, liée à l’asthme ou liée à une pathologie autre.
Bien sûr, comme à l’accoutumée, il faudra attendre confirmation avec d’autres études du même type sur de plus grandes populations.
On peut aussi s’interroger sur la possibilité d’une pathologie intercurrente, infectieuse ou toxique par exemple, venant perturber l’état asthmatique, ce qui risque de modifier la donne inflammatoire.
En tous cas, si confirmation, ce travail permettra dans le cas d’une toux chronique qui ne fait pas vraiment sa preuve de demander une bronchoscopie avec biopsie afin d’orienter le diagnostic étiologique.
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