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Une big claque pour le Big Mac !
jeudi 17 novembre 2005, par
Hamburger et cheeseburger sont les mamelles de bien des bambins. Les fast-foods sont passés du stade d’épiphénomène à celui d’institution internationale en quelques dizaines d’années. Encore une révolution à vivre, avec quelques dégâts collatéraux inévitables...
Les Fast foods sont-ils un facteur de risque pour l’asthme ? : Yi-Giien Tsai1, Jien-Wen Chien1, Woan-Ling Chen2, Jeng-Jer Shieh2 and Ching-Yuang Lin1
1Department of Pediatrics, Children’s Hospital, Changhua Christian Hospital, Institute of Medical Research, Chang Jung Christian University, Changhua, Taiwan, 2Department of Medical Research, Children’s Hospital, Changhua Christian Hospital, Institute of Medical Research, Chang Jung Christian University, Changhua, Taiwan
dans Pediatric Allergy and Immunology
Volume 16 Issue 7 Page 602 - November 2005
-Contexte :
- Les changements survenus dans notre mode de vie depuis plus de 30 ans sont l’explication la plus probable de l’augmentation en fréquence des maladies allergiques sur cette période.
– Objectifs :
- Cette étude a testé l’hypothèse selon laquelle la fréquentation de restauration rapide était reliée à la prévalence d’asthme et d’allergie.
– Méthodes :
- Dans le cadre de l’étude internationale d’asthme et d’allergie de l’enfance (ISAAC), une étude de prévalence en section croisée portant sur 1321 enfants (moyenne d’âge de 11.4 années, s’étalant de 10.1 à 12.5 ans) a été menée à Hastings, Nouvelle-Zélande.
- Nous avons recueilli des données sur la prévalence de l’asthme et sur les symptômes d’asthme aussi bien que sur la fréquentation des fast-foods.
- Des prick tests aux allergènes communs de l’environnement ont été réalisés ainsi qu’une mesure de l’hyperréactivité bronchique (HRB) au moyen d’un protocole standardisé.
- Un index de masse corporelle (BMI) a été calculé comme le rapport du poids sur la taille au carré (kg/m²) définissant surpoids et obésité selon une définition standard internationale.
– Résultats :
- Après ajustement des autres facteurs de mode de vie, incluant divers régimes et variables du BMI, comparés aux enfants qui n’avaient jamais mangé de hamburgers, nous avons mis en évidence qu’une consommation de hamburgers constituait un risque indépendant :
- D’une histoire clinique de sifflements (consommation de moins d’une fois par semaine OR=1.44, IC de 95%, 1.06-1.96, et consommation de plus d’une fois par semaine OR=1.65, IC de 95%, 1.07-2.52).
- De sifflements actuels (Consommation de moins d’une fois par semaine, OR=1.17, IC de 95%, 0.80-1.70, et consommation de plus d’une fois par semaine OR= 1.81, IC de 95%, 1.10-2.98).
- La consommation de plats à emporter, plus d’une fois par semaine était relié significativement d’une façon marginale, à l’HRB (OR=2.41, IC de 95%, 0.99-5.91) ; elle était sans effet sur l’atopie.
– Conclusions :
- La consommation fréquente de hamburgers est associée de façon dose dépendante aux symptômes d’asthme.
- La consommation fréquente de plats à emporter a montré une association similaire avec l’hyperréactivité bronchique.
Manger des hamburgers, même moins d’une fois par semaine est associé aux symptômes d’asthme avec une relation dose dépendante.
La consommation de plats à emporter est reliée de façon identique à l’HRB.
Pour savourer cette étude, il faut rajouter un peu d’histoire...
C’est en 1937 que Richard et Maurice McDonald, ayant quitté le New Hampshire au début de la Dépression, surfent sur la vague de la voiture reine pour ouvrir leur premier drive-in, à Pasadena.
S’inspirant de la production en chaîne développée par l’industrie automobile, la préparation des menus est divisée en plusieurs tâches simples réalisées par plusieurs employés, permettant ainsi de se passer de cuisiniers expérimentés aux salaires élevés : seuls les cheeseburgers et le hamburgers sont maintenus au menu.
Entre 1960 et 1973, McDonald passe de 250 à 3000 restaurants.
Il en a aujourd’hui 17 000, dans 120 pays, et en ouvre en moyenne 5 par jour.
Durant les 10 prochaines années, Jack Greenberg, le nouveau PDG, espère doubler leur nombre à travers le monde.
Ce qui avait commencé comme une série de petits commerces régionaux, est devenu un composant majeur de l’économie américaine puis mondiale.
A mesure que les fast-food apparaissent aux quatre coins du monde, un autre phénomène, bien connu des Américains, apparaît lui aussi : l’obésité.
Avec plus de 55 % d’Américains adultes trop gros, les Etats-Unis conservent la tête du peloton. Mais ce type de statistique ne lui est désormais plus réservé, la contagion arrive en France, où un rapport retentissant de l’Inserm a révélé en juin 2003 qu’un enfant sur 10 y est obèse dés l’âge de 10 ans.
L’épidémie d’obésité, aux Etats-Unis, est telle que seul le tabac, désormais, y est une plus grande cause de mortalité.
Asthme et obésité sont de plus en plus fréquents chez les enfants des pays occidentalisés ; existe-t-il un lien de cause à effet entre l’obésité et l’asthme ?
Afin de mieux cerner la relation entre ces deux tendances, Mutius et al. ont utilisé une partie des données de l’enquête NHANES III (The Third National Health and Nutrition Survey) initiée aux Etats-Unis en 1988. Pour leur analyse, Mutius et ses confrères ont retenu les données des enfants de 4 à 7 ans, soit 7505 individus.
Les auteurs ont observé que la prévalence de l’asthme dans cette population augmentait de façon significative avec l’indice de masse corporelle (IMC).
Par contre, les auteurs n’ont pas observé de relation indépendante entre l’IMC et les maladies atopiques.
Dans leur discussion, ils expliquent qu’un poids élevé pourrait être un précurseur de l’inflammation, ce qui serait un élément essentiel pour l’apparition de l’asthme. Par ailleurs, le surpoids aurait des conséquences mécaniques directes sur les voies respiratoires.
Au total, cette étude reprend donc des éléments déjà mis en évidence par une pédiatre allemande, Erika Von Mutius, avec comme élément « supplémentaire » le fait que le hamburger pourrait être retenu comme marqueur tout à fait correct de l’obésité.
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