Les méfaits du tabagisme passif dans l’enfance, c’est pas si fumeux que ça.

mardi 13 décembre 2005 par Dr Philippe Carré3782 visites

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Les méfaits du tabagisme passif dans l’enfance, c’est pas si fumeux que ça.

Les méfaits du tabagisme passif dans l’enfance, c’est pas si fumeux que ça.

mardi 13 décembre 2005, par Dr Philippe Carré

L’exposition passive à la fumée de tabac dans l’enfance est clairement associée à la plus grande fréquence de troubles respiratoires chez les enfants exposés. Mais les risques respiratoires de ces enfants quand ils seront arrivés à l’âge adulte, sans jamais avoir fumé, n’ont été que peu été évalués. C’est le but de cette étude.

Exposition dans l’enfance à la fumée de tabac environnementale et symptômes respiratoires chroniques chez les adultes non fumeurs : la Singapore Chineese Health Study. : G L David1, W-P Koh2, H-P Lee2, M C Yu3 and S J London1

1 Epidemiology Branch, National Institute of Environmental Health Sciences, National Institutes of Health, Department of Health and Human Services, Research Triangle Park, NC, USA
2 Yong Loo Lin School of Medicine, National University of Singapore, Singapore
3 University of Minnesota Cancer Center, Minneapolis, MN, USA

dans Thorax 2005 ;60:1052-1058

 Contexte

  • L’exposition dans l’enfance à la fumée de tabac environnementale a été clairement associée aux maladies respiratoires infantiles.
  • Peu d’études en ont étudié les effets à l’âge adulte.

 Méthodes

  • L’exposition à la fumée de tabac environnementale dans l’enfance et sa relation avec la toux chronique, l’encombrement et l’asthme ont été étudiés chez des sujets n’ayant jamais fumé, provenant d’une cohorte de sujets de Singapour, d’origine chinoise, âgés de 45 à 74 ans au moment de leur inclusion de 1993 à 1998.
  • De 1999 à 2004, les sujets ont été interviewés pour ce qui concerne leur exposition à la fumée de tabac avant et après l’âge de 18 ans, ainsi que la présence et la durée de symptômes de toux chronique et d’encombrement, ou d’asthme.

 Résultats

  • Parmi les 35000 sujets n’ayant jamais fumé, moins avaient une mère tabagique (19%) qu’un père tabagique (48%).
  • Bien que peu de sujets vivaient couramment (20%) ou travaillaient couramment (4%) avec des fumeurs, 65% rapportaient avoir vécu avec quelqu’un fumant tous les jours avant l’âge de 18 ans.
  • Habiter avec un fumeur avant l’âge de 18 ans augmentait le risque relatif de toux chronique sèche (149 cas, odd ratio OR : 2.1, intervalle de confiance à 95% IC : 1.4 à 3.3), et dans une moindre mesure d’encombrement, après ajustement pour l’âge, le sexe, le dialecte et l’exposition actuelle ou passée à des fumeurs à la maison ou sur le lieu de travail après l’âge de 18 ans.
  • Les associations étaient plus proches selon l’importance du nombre de fumeurs dans l’enfance.
  • Il n’y avait pas d’association avec l’asthme ou la bronchite chronique.
  • L’étude suggère une association plus forte parmi les sujets avec une absorption plus basse de fibres à l’âge adulte, qui a été antérieurement montrée comme étant protectrice vis-à-vis des symptômes respiratoires.

 Conclusions

  • Dans cette vaste étude chez des sujets non fumeurs, avoir vécu avec un fumeur dans l’enfance était associé avec une toux chronique sèche et un encombrement à l’âge adulte, indépendamment des expositions ultérieures à la fumée de tabac.

Cette étude a été réalisée dans une cohorte de Chinois de Singapour, recrutés à l’âge adulte entre 1993 et 1998 et interrogés entre 1999 et 2004.

Parmi les 35000 sujets non fumeurs à cet âge, 65% avaient vécu dans l’enfance, avant l’âge de 18 ans, avec un fumeur quotidien.

Parmi ceux-là, le risque relatif d’avoir une toux chronique sèche à l’âge adulte était multiplié par plus de 2, et le risque de présenter à cet âge de l’encombrement était aussi plus important, à un moindre degré.

Le fait pour ces adultes d’être en contact ou non avec des fumeurs, à domicile ou au travail, ne changeait pas le résultat.

La fréquence des troubles respiratoires était proportionnelle au nombre de fumeurs en contact à l’adolescence.

Par contre, il n’y avait pas de relation en ce qui concerne la fréquence de l’asthme ou de la bronchite chronique.

Il semblait aussi y avoir une relation proportionnelle avec l’absorption de fibres à l’âge adulte, celles-ci semblant avoir une vertu protectrice vis-à-vis des symptômes respiratoires.

Cette étude confirme une fois de plus que le tabagisme passif dans l’enfance est responsable de séquelles respiratoires à l’âge adulte, au moins au niveau des symptômes.

Reste à savoir quelle est la part de ces symptômes dans la dégradation éventuelle de la fonction respiratoire, en terme par exemple de BPCO, qui peut être longtemps asymptomatique et ne se dévoiler que par la mesure de la fonction respiratoire, notamment pour ce qui est de l’obstruction au niveau des petites bronches ; cette étude ne le dit pas, et la mesure reste à faire.

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