Quid de l’assistanat des asthmatiques sévères à domicile ?

mercredi 14 décembre 2005 par Dr Alain Thillay1296 visites

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Quid de l’assistanat des asthmatiques sévères à domicile ?

Quid de l’assistanat des asthmatiques sévères à domicile ?

mercredi 14 décembre 2005, par Dr Alain Thillay

Si on dispose d’une panoplie thérapeutique importante et efficace pour soigner la grande majorité des « asthmes », trop de patients asthmatiques restent symptomatiques. Cette étude s’intéresse à des asthmatiques sévères qui font l’objet d’un suivi psycho-éducationnel à domicile afin de limiter le risque de résultat défavorable. Les résultats sont-ils probants ?

Étude sur la prise en charge de l’asthme : un essai contrôlé, randomisé d’une intervention psycho-éducationnelle à domicile d’adultes asthmatiques à risque de résultat défavorable. : J R Smith1, S Mildenhall2, M J Noble3, L Shepstone1, M Koutantji4, M Mugford1 and B D W Harrison1,2

1 School of Medicine, Health Policy and Practice, University of East Anglia, Norwich NR4 7TJ, UK
2 Department of Respiratory Medicine, Norfolk & Norwich University Hospital NHS Trust, Norwich NR4 7UY, UK
3 Acle Medical Centre, Acle, Norfolk NR13 3RA, UK
4 Department of Surgical Oncology and Technology, Imperial College, St Mary’s Hospital, London W2 1NY, UK

dans Thorax 2005 ;60:1003-1011

  • Généralités :
  • La morbidité et la mortalité de l’asthme sévère pourraient être réduites par une intervention visant à diminuer les facteurs psychosociaux contribuant à favoriser les mauvais résultats.

 Objectifs :

  • Une étude a été entreprise afin d’évaluer l’efficacité d’une intervention psycho-éducationnelle à domicile, sur une durée de 6 mois, délivrée par une infirmière spécialisée dans les problèmes respiratoires, chez des asthmatiques adultes à risque de résultats défavorables.

 Méthodes :

  • Un essai pratique, randomisé, contrôlé a été effectué chez 92 adultes ayant été déjà enregistrés à l’hôpital ou dans une structure de soins primaires.
  • Tous avaient été antérieurement hospitalisés et/ou recevaient un traitement stade 4-5 de la « British Thoracic Society », et, soit, n’étaient pas venus à un rendez-vous de consultation, ou, soit, n’adhéraient que très mal au programme convenu de gestion de l’asthme.
  • Les patients étaient visités à domicile pour évaluation et mise en place de l’intervention appropriée.
  • Les principaux résultats mesurés étaient le contrôle des symptômes, la qualité de vie spécifique de l’asthme et l’état de santé général.

 Résultats :

  • Lors du contrôle à 6 mois, il n’existait pas de différences significatives entre les patients suivant les soins usuels et le groupe « intervention » dans la moyenne du contrôle des symptômes, de l’état physique, ou des scores de santé mentale [différence pour IC=95% ; -0,35 (-1,83 à 1,13) ; 3,10 (-11,42 à 17,63) ; 0,42 (-10,22 à 11,07) respectivement].
  • Peu d’effet sur la qualité de vie spécifique de l’asthme à 12 mois (c’est à dire différences ajustées à 12 mois 0,13(IC=95% 0,02 à 0,25)) et peu d’effet sur le statut de l’état de santé général, et n’étaient qu’apparents seulement sur les analyses ajustées globalement, ce qui reflétaient les améliorations dues à l’autogestion observées à la fin de la phase intense de l’intervention.

 Conclusions :

  • Une intervention à domicile pratiquée par une infirmière recevant une supervision psychologique peut avoir des effets sur la qualité de vie mais est globalement limitée sur un bénéfice à long terme chez des adultes à risque de résultats défavorables de l’asthme.

Si la grande majorité des « asthmes » pourraient être équilibrés à l’aide des traitements actuellement disponibles, pourtant, nous le savons, les résultats ne sont pas au rendez-vous du fait de la mauvaise observance des patients.

L’objet de cette étude était d’évaluer l’efficacité de l’intervention d’infirmières spécialisées à domicile d’asthmatiques sévères afin de réduire les facteurs psychosociaux néfastes susceptibles d’entraîner un mauvais résultat thérapeutique.

Ce qu’il faut retenir des résultats de cette étude, c’est une faible amélioration des critères choisis (contrôle des symptômes, qualité de vie, état général) après 6 mois d’intervention à domicile et lors du contrôle un an plus tard.

Il serait intéressant de connaître le statut social des patients. Sont-ils issus d’un milieu défavorisé ? Quel est l’environnement professionnel ? Quel est l’environnement domestique ? Les infirmières avaient-elles une action sur cet environnement domestique ?

Le biais serait-il que ces patients aboutissent à un asthme grave du fait, en partie au moins, d’une mauvaise observance ?

Autant de questions qui trouveront probablement réponses dans le texte complet de cette étude.

Cette étude intéresse tout particulièrement les allergologues de terrain qui savent combien la prise en charge cohérente de l’asthme doit se faire de façon la plus pertinente possible dès le début de la maladie. Nous savons tous combien, il est ensuite difficile de soigner un asthmatique qui n’a pas été pris en charge correctement et qui « galère » de longue date. Nous ressentons chez ces patients un grand sentiment de résignation amère.

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