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Prise en charge de l’asthme : pouvons nous mieux faire ?
mercredi 28 décembre 2005, par
Bien traiter l’asthme suppose une bonne évaluation de la situation et donc un recueil de données adapté. Nombre d’asthmatiques sont en réalité sous-traités car mal évalués. D’ici à imaginer que le pêché originel se situe au niveau de la tenue du bon vieux dossier médical, il n’y a qu’un pas ...En avant, marche !
Qualité d’évaluation de l’asthme en médecine générale : pouvons nous développer de meilleurs critères ? : Barbara P. Yawna, and Roy A. Yawnb,
aDepartment of Primary Care Research, Olmsted Medical Center, 210 Ninth St. SE. Rochester, MN 55904, USA
bDepartment of Internal Medicine, Olmsted Medical Center, Rochester, MN, USA
dans Respiratory Medicine
Volume 100, Issue 1 , January 2006, Pages 26-33
– Objectifs :
- L’asthme est fréquent et souvent sous-traité.
- Les indicateurs de qualité actuels ne fournissent pas souvent d’orientations spécifiques dans une optique d’amélioration.
- Ce travail jette les bases d’une tentative d’amélioration qui fournirait un feedback spécifique en relation directe avec l’ensemble des activités cliniques concernant chaque patient asthmatique.
– Méthodes :
- Revue médicale de données utilisant un ensemble de critères de qualité tiré d’une précédente étude sur le traitement de l’asthme et sur les guidelines NAEPP pour le traitement de l’asthme.
– Résultats :
- Sur 500 écoliers âgés de 5 à 18 ans qui ont consulté au moins une fois pour asthme dans l’année étudiée, nous avons enregistré des symptômes d’asthme diurnes chez 54% des patients et d’asthme nocturne chez 33% d’entre eux.
- 12% des dossiers seulement mentionnaient des informations sur l’absentéisme au travail, à l’école ou pour les jours d’activités.
- 9% des dossiers contenaient des informations sur les facteurs de déclenchement de l’asthme ou les mentionnaient.
- Le niveau de sévérité de l’asthme n’était mentionné que dans 4% des dossiers des enfants.
- La plupart des dossiers comportait des précisions quant aux médicaments prescrits et leurs dosages (85%), mais peu précisaient les traitements (médicaments et dosages) suivis avant la consultation.
– Conclusions :
- De nombreux dossiers médicaux n’incluent pas les informations cliniques de base nécessaires pour évaluer la sévérité de l’asthme, l’observance thérapeutique et la réponse au traitement.
- Ce manque d’information rend impossible l’application des guidelines pour le traitement de l’asthme.
- C’est pourquoi ces mesures peuvent être des indicateurs de qualité de base dans la mise en place d’une amélioration de la prise en charge de l’asthme.
- Suggestions d’indicateurs de qualité :
- Fréquence des symptômes diurnes.
- Fréquence des symptômes nocturnes.
- Nombre de jours d’activités manqués.
- Score de sévérité si aucun des items ci-dessus ne sont mentionnés.
- Facteurs déclenchants mentionnés ou compte rendu allergologique.
- Mention des traitements prescrits.
- Mention des traitements actuellement suivis.
- Visite pour asthme non urgente.
- RAD ou autre diagnostic « non-asthme » utilisé.
- Débit de pointe ou spirométrie dans l’année du diagnostic d’asthme si le patient a plus de 8 ans.
C’est la simplicité de cette étude qui en fait la force : nous ne pouvons pas prétendre à prendre en charge correctement nos patients asthmatiques si nous ne disposons pas des données cliniques de base nécessaires.
Les résultats de cette étude sont sans nuances : la plupart des dossiers médicaux ne comportent pas ces informations indispensables.
Les auteurs en tirent les conclusions qui s’imposent en suggérant un ensemble de données minimum à recueillir dans tout dossier médical digne de ce nom.
On peut trouver que l’importance des éléments allergologiques n’est pas suffisamment soulignée. Rappelons que des tests cutanés négatifs chez l’enfant éliminent pratiquement le diagnostic d’asthme (Intérêt d’un résultat négatif de prick-tests cutanés aux pneumallergènes dans le diagnostic d’asthme chez de jeunes adultes. : Yael Graif, MD ; Mordechai Yigla, MD ; Naveh Tov, MD and Mordechai R. Kramer, MD, FCCP dans Chest. 2002 ;122:821-825)
A l’aube de l’EPP (évaluation des pratiques professionnelles) cette étude ne peut que nous interpeller : si notre qualité s’évalue sur nos pratiques médicales, elle s’évalue également sur la tenue du dossier.
Ce préalable indispensable à toute prise en charge efficiente est sans doute trop souvent négligé comme vient le rappeler cette étude américaine.
Rappelons enfin que non content d’être sous traité, l’asthme est également sous diagnostiqué, mais ceci est une autre histoire...
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