Asthme et entérotoxines staphylococcique : un couple infernal !

samedi 7 janvier 2006 par Dr Alain Thillay1666 visites

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Asthme et entérotoxines staphylococcique : un couple infernal !

Asthme et entérotoxines staphylococcique : un couple infernal !

samedi 7 janvier 2006, par Dr Alain Thillay

Les entérotoxines staphylococciques sont des superantigènes, on les sait impliquées dans la dermatite atopique, la polypose naso-sinusienne (PNS), le psoriasis. Les auteurs ont voulu vérifier leur rôle dans les maladies allergiques respiratoires comparativement à la dermatite atopique.

Taux élevés d’IgE sériques spécifiques des entérotoxines A et B staphylococciques chez des patients allergiques rhinitiques et asthmatiques. : Jyh-Hong Leea, Yu-Tsan Lina, Yao-Hsu Yanga, Li-Chieh Wanga, Bor-Luen Chianga, b

aDepartment of Pediatrics, National Taiwan University Hospital, and
bGraduate Institute of Clinical Medicine, National Taiwan University College of Medicine, Taipei, Taiwan, ROC

dans International Archives of Allergy and Immunology 2005 ;138:305-311

 Généralités

  • L’association entre entérotoxines staphylococciques et dermatite atopique (DA) est bien caractérisée.
  • Nous avons cherché à évaluer l’association entre la sensibilisation aux entérotoxines staphylococciques A et/ou B (ESA/ESB) et le développement des maladies respiratoires allergiques.

 Méthodes

  • Deux cent soixante-quatorze patients ont été regroupés, rhinite allergique (RA) et/ou asthme seulement, DA seule et RA/asthme + DA.
  • Le groupe RA/asthme était de plus divisé en RA seule et RA et hyperréactivité bronchique (RA+HRB) et asthme.
  • Les IgE sériques totales et spécifiques étaient déterminées par le CAP système PHARMACIA.
  • Les associations de la sensibilisation aux ESA/ESB et aux maladies allergiques respiratoires étaient évaluées par analyse logistique de régression.

 Résultats

  • Le taux global de sensibilisation aux ESA/ESB était de 25,7%, alors que ce taux était dans le groupe DA seule de 45,5% et significativement plus élevé dans le groupe RA/asthme (24,5%, Qi2=8,1).
  • Après sensibilisation à ESA/ESB, la moyenne géométrique des taux d’IgE sériques totales était significativement élevée chez les patients RA+HRB et asthme, mais pas chez ceux ayant une RA seulement.
  • Les patients asthmatiques avaient une moyenne géométrique plus élevée d’IgE sériques spécifiques d’ESA/ESB que chez les patients atteints uniquement de RA et ceux atteints de RA+HRB.
  • L’analyse de régression logistique révélait que les RA/asthme étaient plus souvent associés à une sensibilisation ESA/ESB (OR=6,57) que le groupe DA seule et RA/asthme+DA (OR=2,44 et 1,72).

 Conclusions

  • Le statut atopique, après sensibilisation à ESA/ESB, était plus étroitement associé à l’asthme qu’avec les autres manifestations allergiques respiratoires, impliquant que ESA/ESB pourraient jouer un rôle dans l’exacerbation des allergies des voies respiratoires et pourraient augmenter le risque d’allergie respiratoire.
  • Notre étude suggère que les entérotoxines staphylococciques jouent un rôle important dans la pathogenèse des maladies allergiques respiratoires aussi bien que dans la dermatite atopique.

Le rôle des entérotoxines staphylococciques dans des pathologies comme la dermatite atopique, le psoriasis, la polypose nasosinusienne et l’asthme commence à être bien connu.

Ces entérotoxines agissent comme superantigène c’est à dire qu’elles sont capables d’activer non spécifiquement le couplage lymphocyte T et cellules présentatrices de l’antigène dans le cadre des molécules du CMH II.

Les conséquences en sont une induction d’une activité polyclonale B (polyimmunoglobuline), une activation indépendante de la spécificité antigénique (activation massive du système immunitaire avec libération de cytokines inflammatoires, possibilité de lymphocytes dirigés contre les antigènes du « soi »). Sans oublier l’activation spécifique via le système de l’allergie IgE médiée.

Comme les auteurs le signalent en conclusion, à la lumière de ces nouvelles connaissances sur le rôle de superantigène des ESA/ESB, il est facile d’imaginer leur implication dans la pathogénie des maladies allergiques respiratoires.

Les résultats montrent un lien clair entre sensibilisation ESA/ESB et asthme plus qu’avec les autres pathologies allergiques IgE médiées.

Pour ma part, ces résultats viennent comme une sorte de confirmation de mon attitude thérapeutique intuitive de prescrire à mes patients souffrant d’une DA, d’une PNS ou d’un asthme de façon systématique une antibiothérapie appropriée lorsque le tableau clinique est grave. Je trouve cette attitude particulièrement pertinente dans ces cas de DA généralisée pour lesquels, si certes on trouve un terrain atopique (sensibilisation aux aéroallergènes), le bilan allergologique concernant les aliments ne donnent pas grand chose (prick et patch). Comme si, les ESA/ESB avaient provoqué une inflammation chronique.

Nous n’allons pas nous plaindre que des résultats de recherche semblent cadrer avec la réalité clinique....

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