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Diagnostic de l’APLV : prêt-à-porter ou sur-mesure ?
mercredi 11 janvier 2006, par
Les tests épicutanés au lait de vache font partie des outils diagnostiques de l’allergie aux protéines de lait de vache (APLV) tout particulièrement en cas de manifestations retardées comme la dermatite atopique ou les signes digestifs. Dans cette étude, le Diallertest est comparé à un test épicutané au lait de vache « artisanal » (Finn Chamber) chez 49 nourrissons présentant une ALPV avec manifestations retardées.
Étude sur l’intérêt et la sécurité d’un test épicutané de l’atopie prêt à l’emploi (Diallertest) comparé à un test épicutané de l’atopie pratiqué avec une Finn Chamber chez des enfants atteints d’allergie au lait de vache. : Nicolas Kalach, MD, PhDab, Pascale Soulaines, MDa, Delphine de Boissieu, MDa, Christophe Dupont, MD, PhDac
a From the Department of Pediatrics-Neonatology, Pediatric Gastroenterology and Nutrition Unit, Cochin-Saint Vincent de Paul Hospital, Paris
b Clinic of Pediatrics Saint Antoine, Saint Vincent de Paul Hospital, Catholic University de Lille, Boulevard de Belfort, Lille
c Université Paris V-René Descartes, Paris
dans JACI Volume 116, Issue 6, Pages 1321-1326 (December 2005)
– Contexte
- Le test épicutané est utilisé dans le diagnostic de l’allergie alimentaire, particulièrement pour ce qui concerne les manifestations retardées.
– Objectifs
- Un test épicutané atopique, le Diallertest a été comparé à un autre dispositif de test épicutané, le Finn Chamber, dans le cadre de l’allergie au lait de vache chez l’enfant.
– Méthodes
- Cette étude prospective a impliqué 49 enfants (âgés de 34,3 +/- 17 mois) présentant une allergie au lait de vache se manifestant par une dermatite atopique (10,2%), manifestations digestives (40,8%) ou les deux (49%).
- Tous les enfants ont reçu les deux techniques de test épicutané avec une lecture à 72 heures après l’application et ont suivi un régime d’éviction du lait durant 4 à 6 semaines et ont subi un test de provocation au lait de vache en ouvert.
– Résultats
- Un résultat positif a été constaté chez 22 (44,8%) contre 13 (26,5%) des patients avec le Diallertest et les Finn Chamber, respectivement.
- Aucun effet adverse n’a été enregistré.
- Les deux techniques étaient concordantes chez 67,3% des patients.
- Parmi les 41 tests de provocation ouvert au lait de vache, 60,9% étaient positifs ; 8 patients ont été perdus durant le suivi.
- Les performances du test prêt à l’emploi et du test comparateur étaient les suivantes :
- sensibilité 76% (IC 95%, 59,2 à 92,7%) contre 44% (IC 95%, 24,5 à 63,4% ; P= 0,02) ;
- spécificité 93,8% (IC 95%, 81,9% à 100%) contre 93,8% (IC 95%, 81,9% à 100%) ;
- valeur prédictive positive, 95% (IC 95%, 85,4% à 100%, 1 faux positif) contre 91,7% (IC 95%, 76% à 100%, 1 faux positif) ;
- valeur prédictive négative, 71,4% (IC 95%, 52% à 90,7% ; 6 faux négatifs) contre 51,7% (IC 95%, 33,5% à 69,8% ; 14 faux négatifs) ;
- efficacité du test, 82,9% (IC 95%, 71,3% à 94,5%) contre 63,4% (IC 95%, 48,6% à 78,1% ; P=0,05).
– Conclusion
- Le test prêt à l’emploi Diallertest a montré une bonne sensibilité et une bonne spécificité, sans effet adverse.
Le but de cette étude était de démontrer l’intérêt du Diallertest, test épicutané de l’atopie au lait de vache prêt à l’emploi, comparé à un test épicutané au lait de vache pratiqué « artisanalement » à l’aide de Finn Chamber.
A priori, les résultats sont excellents quant à la sensibilité, la spécificité, la valeur prédictive positive et la valeur prédictive négative, résultats toujours supérieurs par rapport à ceux des tests pratiqués avec la Finn Chamber.
Dans les deux méthodes, il n’y a pas eu d’effet adverse, la tolérance est donc bonne.
Toutefois, il me semble que la comparaison entre les deux méthodes n’est pas pertinente.
Pour comprendre mes propos, il faut relire l’excellent article écrit par Fabienne Rancé dans l’Alim’Inter numéro 6 de novembre 2004 intitulé : « Quand recourir aux patch-tests pour le diagnostic d’une allergie aux protéines de lait de vache (APLV) ». Elle cite ainsi un travail de Niggemann (Niggeman B, Ziegert M, Reibel S. Importance of chamber size for the outcome ot atopy patch testing in children with atopic dermatitis and food allergy. J Allergy Immunol 2002 ; 110 : 515-6) qui démontre qu’il faut, pour augmenter la sensibilité et la spécificité des « atopy patch-tests », utiliser des cupules de 12 mm de diamètre. Hors une cupule de Finn Chamber a un diamètre intérieur de 8 mm pour 10 mm extérieurement. Ainsi, dans ces conditions, Fabienne Rancé, dans un travail personnel (Rancé F. What is the optimal occlusion time for the atopy patch test in the diagnosis of food allergies in children with atopic dermatitis ? Pediatr Allergy Immunol 2004 ; 15 : 93-6), sur 48 nourrissons, trouve une sensibilité de 89% et une spécificité de 96%, donc aussi bien que le Diallertest.
Les tests épicutanés « artisanaux » au lait de vache pratiqué par un Allergologue averti ont donc encore de beaux jours à vivre.
D’après ses promoteurs, le Diallertest trouve son intérêt dans le dépistage de masse de l’allergie aux protéines de lait de vache par les pédiatres et les médecins généralistes.
Pourtant, il semble qu’il existe un consensus pour dire que le cursus diagnostique doit être fait par des Allergologues avertis de la complexité de l’allergie aux protéines de lait de vache.
Ne pas oublier que le Diallertest n’est indiqué que dans les manifestations retardées comme la dermatite atopique et les troubles digestifs.
Enfin, le coût est de 21 €, non remboursé bien sûr.
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