Accueil du site > Maladies > Asthme > Des vertus retrouvées de l’huile de foie de morue ?

Des vertus retrouvées de l’huile de foie de morue ?
lundi 20 février 2006, par
Le rôle des acides gras polyinsaturés de la série oméga 3 a été évoqué à de nombreuses reprises, pour leurs effets bénéfiques dans des pathologies multiples et variées, allant de la polyarthrite rhumatoïde à l’hypertension artérielle et aux maladies coronariennes en passant par le psoriasis et l’ostéoporose...sans oublier l’asthme !
Effet protecteur de la supplémentation en huile de poisson sur la bronchoconstriction induite par l’exercice physique dans l’asthme. : Timothy D. Mickleborough, PhD ; Martin R. Lindley, PhD ; Alina A. Ionescu, MD and Alyce D. Fly, PhD
* From Human Performance and Exercise Biochemistry Laboratory (Drs. Mickleborough and Lindley), Department of Kinesiology, Indiana University, Bloomington, IN ; Section of Respiratory Medicine and Communicable Diseases (Dr. Ionescu), University of Wales College of Medicine, University Hospital of Wales and Llandough Hospital, NHS Trust, Penarth, UK ; and Department of Applied Health Science (Dr. Fly), Nutrition and Dietetics, Indiana University, Bloomington, IN.
dans Chest. 2006 ;129:39-49
– Contexte :
- Des recherches antérieures ont démontré que la supplémentation en huile de poisson avait un effet protecteur sur la bronchoconstriction induite par l’exercice physique (BIE) chez des athlètes de haut niveau, qui pouvait être mise sur le compte de ses propriétés anti-inflammatoires.
- Puisque la BIE dans l’asthme implique le relarguage de médiateurs pro-inflammatoires, il est possible que la supplémentation en huile de poisson puisse réduire la sévérité de la BIE chez des sujets asthmatiques.
– Objectif :
- Déterminer l’efficacité de la supplémentation en huile de poisson sur la sévérité de la BIE chez des sujets asthmatiques.
– Conception de l’étude :
- Étude croisée, randomisée, en double aveugle.
– Cadre de l’étude :
- Fonction pulmonaire et épreuve d’effort dans un laboratoire de recherche universitaire.
– Patients et mesures :
- 16 patients asthmatiques avec des BIE documentées ont été intégrés dans l’étude, d’abord avec un régime alimentaire normal puis avec des capsules d’huile de poisson contenant 3.2 g d’acide eicosapentaenoïque et 2.0 g d’acide docohexaenoïque (régime huile de poisson, n = 8) ou des capsules placebo (régime placebo, n = 8), ceci chaque jour pendant trois semaines.
- Au début de l’étude (régime normal) et à la fin de chaque phase de traitement, on a mesuré (en préexercice et en post-exercice) :
- fonction pulmonaire,
- pourcentage de compte cellulaire différentiel sur expectoration induite,
- concentrations en métabolites = leucotriènes C4 (LTC4), leucotriènes E4 (LTE4), prostaglandines D2 (PGD2), cytokines (interleukine IL1béta et TNF-alpha,
- les métabolites eicosanoïdes leucotriène B4 (LTB4) et B5 (LTB5) issus des leucocytes poly-morphonucléaires (PMNLs).
– Résultats :
- Sous régime normal et placebo, les sujets ont présenté des BIE.
- Le régime huile de poisson a amélioré la fonction pulmonaire en dessous du seuil diagnostique de BIE avec une réduction de la consommation de bronchodilatateurs.
- Le pourcentage de compte cellulaire sur expectoration induite et les concentrations en LTC4-LTE4, PGD2, IL-1béta, et TNF-alpha étaient significativement réduits avant et après exercice pour le régime huile de poisson comparé au régime normal et au régime placebo.
- Il y avait une réduction significative de LTB4 et une augmentation significative de la production de LTB5 par les PMNLs activés pour le régime huile de poisson comparé au régime normal et au régime placebo.
– Conclusion :
- Nos données suggèrent que la supplémentation en huile de poisson peut représenter une intervention non pharmacologique potentiellement bénéfique pour des sujets asthmatiques avec BIE.
La supplémentation quotidienne en huile de poisson sur une période de 3 semaines a des effets significatifs sur la bronchoconstriction induite par l’exercice physique de sujets asthmatiques.
Faut-il modifier notre alimentation et/ou celle de nos patients asthmatiques ? Si oui, faut-il le faire de façon durable ? Et avec quelles recommandations précises ?
Nous n’en sommes pas encore là : quelques études affichent des résultats plus ou moins significatifs en ce qui concerne l’asthme et les allergies.
En 2002, une étude australienne avait objectivé une amélioration du contrôle de l’asthme.
En 2004, une étude Canadienne s’était intéressée à un impact plus général en supplémentant des femmes enceintes dans l’espoir de diminuer le risque d’allergie pour leurs futurs enfants ; les résultats en étaient peu probants.
Au total, il nous faudra encore attendre quelque temps pour que nous disposions de preuves suffisamment consistantes nous amenant à modifier nos pratiques.
Recevez les actualités chaque mois