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Respirer ou conduire : il va falloir choisir...
mardi 11 avril 2006, par
Les particules diesel sont régulièrement accusées d’aggraver les maladies respiratoires et tout particulièrement l’asthme. Un travail marseillais a étudié l’effet direct des particules diesel sur les cellules T de patients asthmatiques sévères en période d’exacerbation ou non.
Les particules diesel des gaz d’échappement augmentent l’activation des cellules T chez les asthmatiques sévères : E. Mamessier1, A. Nieves2, D. Vervloet1,2, A. Magnan1,2
1UPRES 3287, Université de la Méditerranée, IPHM IFR 125, Marseille, France ; 2Service de Pneumo-allergologie, Hôpital Ste Marguerite, Marseille, France
dans Allergy 61 (5), 581-588
La prévalence de l’asthme est en augmentation dans les pays occidentaux.
Des études épidémiologiques ont montré l’impact de la pollution automobile sur le déclenchement des symptômes et des exacerbations asthmatiques. Cet effet est principalement imputable au noyau hydrocarbure aromatique polycyclique des particules diesel des gaz d’échappement (PDE).
Cependant, en dehors du fait que les PDE induisent la synthèse d’IgE, on connaît peu de choses de leur rôle sur l’activation des cellules T qui sont les principales cellules orchestrant l’inflammation asthmatique.
Nous avons évalué l’effet des PDE sur l’activation des cellules T chez des asthmatiques sévères non contrôlés au moment (n = 13) et en dehors (n = 19) des exacerbations.
Les résultats ont été comparés avec les données obtenues chez des sujets contrôles sains (n = 14).
– Les cellules mononucléaires du sang périphérique ont été cultivées en présence de faibles doses de PDE.
– Les productions des marqueurs de l’activation des cellules T, de CD 69 et CD 25, d’interleukine-4 (IL-4) et d’interféron (INF)-gamma ainsi que la prolifération des cellules T ont été évaluées par cytométrie de flux.
– L’exposition aux PDE a augmenté la proportion des cellules T CD3+CD69+ chez tous les sujets.
– La proportion de cellules T CD25+ a augmenté avec la stimulation par les PDE uniquement dans le groupe exacerbation.
– Les cellules T produisant de l’INF-gamma et de l’IL-4 ont augmenté dans les deux groupes asthmatiques, tout particulièrement lors des exacerbations mais pas chez les sujets contrôles. Cet effet était plus prononcé pour l’IL4.
– En réponse à la stimulation par les PDE, la prolifération des cellules T a été la plus grande chez les asthmatiques comparativement aux sujets contrôles.
Ces résultats montrent que les PDE activent les cellules T seulement chez les asthmatiques, avec un effet plus important lors des exacerbations. Ceci est en accord avec les données épidémiologiques qui ont démontré que les PDE déclenchent des symptômes respiratoires chez les asthmatiques mais pas chez les contrôles.
L’effet plus important des PDE lors de l’exacerbation asthmatique suggère que l’asthme non contrôlé est un facteur de risque de survenue d’une aggravation lors de l’exposition à la pollution automobile.
Deux populations d’asthmatiques sévères ont été étudiées, l’une en période d’exacerbation (13 patients) et l’autre en dehors des exacerbations (19 patients).
Elles ont été comparées à un groupe contrôle (14 sujets).
L’exposition aux particules de diesel des gaz d’échappement (PDE) s’est faite in vitro.
Les résultats montrent que les PDE activent les cellules T seulement chez les asthmatiques, avec un effet plus important lors des exacerbations. Les résultats des études épidémiologiques précédentes sont donc confirmés.
On a déjà montré que les particules diesel pouvaient être responsables d’une modification du pouvoir antigénique de certains pollens et augmenter la production d’IgE. Voilà maintenant une explication à l’aggravation des asthmatiques par la pollution automobile.
Il s’agit d’une étude in vitro, sur un petit nombre de patients. Est-ce le reflet exact de ce qui se passe au niveau des voies aériennes ?
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