Non au CPE (Composés Particulièrement néfaste pour l’Environnement)

lundi 24 avril 2006 par Dr Stéphane Guez2416 visites

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Non au CPE  (Composés Particulièrement néfaste pour l’Environnement)

Non au CPE (Composés Particulièrement néfaste pour l’Environnement)

lundi 24 avril 2006, par Dr Stéphane Guez

Depuis quelques années, le concept de pollution intérieure est étayé par de plus en plus d’études publiées. Ainsi il apparaît que la maison soit un lieu « non sécurisé » qui augmente en particulier le risque d’asthme par exposition prolongée à des composés organiques volatils. Y a-t-il également un risque pour la peau ?

Influence d’une exposition aérienne courte à Der p1 et à des composés organiques volatils sur la fonction de barrière cutanée et sur le flux sanguin dermique chez des patients ayant un eczéma atopique et chez des individus sains. : J. Huss-Marp*, B. Eberlein-König*, K. Breuer, S. Mair, A. Ansel*, U. Darsow*, U. Krämer*§, E. Mayer, J. Ring and H. Behrendt*

*Division of Environmental Dermatology and Allergy, GSF/Technical University Munich, ZAUM - Center for Allergy and Environment, Munich, Germany, Department of Dermatology and Allergy Biederstein, Technical University Munich, Munich, Germany, Fraunhofer Institute of Building Physics, Holzkirchen, Munich,Germany and §Environmental Health Research Institute, Düsseldorf, Germany

dans Clinical & Experimental Allergy 36 (3), 338-345

 Introduction :

  • Les études épidémiologiques ont montré que des polluants de l’environnement pouvaient être impliqués dans l’augmentation de prévalence des maladies allergiques.
  • Dans des études d’exposition chez l’homme , les composés organiques volatils (VOC) ont été reconnus comme responsables d’exacerbation de la maladie asthmatique, alors qu’il n’y a pas de données concernant l’eczéma atopique (DA).

 Objectif de l’étude :

  • Les auteurs ont étudié les effet de VOCs aériens sur la peau de patients ayant une DA et chez des témoins, en présence ou en l’absence d’un acarien de la poussière de maison, le Der p 1.

 Matériel et méthode :

  • Il s’agit d’une étude croisée en double aveugle portant sur ;
    • 12 adultes ayant une DA
    • et sur 12 patients volontaires sains appariés
  • et qui ont été exposés au niveau de la peau de l’avant bras à Der p 1 et à un mélange de 22 VOC (M22, 5 mg/m3) dans une chambre d’exposition corps entier pendant 4 heures.
  • La perte transcutanée d’eau (TEVVL) et le flux sanguin cutané ont été mesurés chez tous les patients, avant et après exposition.
  • De plus, un patch test avec Der p 1 a été appliqué sur la peau après exposition.

 Résultats :

  • Il existe une augmentation significative de la TEVVL 48h après exposition aux VOC par rapport à l’exposition à de l’air simplement filtré chez tous les patients (différence moyenne : + 34%, IC 95% : 7- 69 %).
  • L’exposition préalable à Der p 1 entraîne une augmentation significative du flux sanguin dermique après 48h chez les patients ayant une DA mais pas chez les patients sains.
  • 6 des 7 patients montrent une augmentation de la réaction au patch test avec Der p 1 après exposition aux VOC.

 Conclusion :

  • Ces résultats montrent que l’exposition aux VOC à une concentration rencontrée de façon habituelle dans les habitats, peut entraîner une lésion de la barrière cutanée épidermique et augmente le risque de réaction indésirable à Der p 1 des patients sensibilisés avec un DA.
  • Ces données permettent de mieux comprendre les mécanismes qui sous tendent l’augmentation de prévalence et d’exacerbation de la DA.

Dans ce travail, les auteurs démontrent que l’exposition cutanée à composés organiques volatils présents dans l’air ambiant entraîne une effraction de la barrière cutanée avec une modification de la perte d’eau transcutanée et du flux sanguin dermique. Cela pourrait expliquer l’augmentation de prévalence de la dermatite atopique.

Ce travail est très intéressant car il apporte une nouvelle pierre au concept de pollution intérieure mais cette fois sur le plan cutané.

Depuis quelques années, il apparaît que ce n’est pas forcément le milieu extérieur qui est le plus à risque pour le développement de maladie respiratoire. En effet il a été, par exemple, bien montré qu’il existe une diminution globalement de la pollution atmosphérique à l’intérieur des villes sans pour cela qu’il n’y ait une diminution de l’asthme.

Des prélèvements d’air réalisés à domicile de patients asthmatiques ont montré qu’ils étaient exposés à de fortes concentrations de composés organiques volatils qui « s’échappent » aussi bien de la moquette que des meubles, peinture murale etc...
Il semble évident que si ces composés ont un rôle néfaste sur le plan respiratoire ils peuvent également avoir un effet délétère sur la peau.

Ce travail confirme qu’effectivement l’exposition expérimentale à des composés organiques volatils entraîne des anomalies cutanées pouvant expliquer une exacerbation d’une dermatite atopique. Mais il y a également une plus forte réaction allergique retardée aux acariens.

Ainsi donc, c’est bien le lieu de vie de l’homme qui est le plus à risque pour expliquer le développement des maladies allergiques.

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