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Arachide imprévisible.
mercredi 26 avril 2006, par
L’allergie à l’arachide impose un régime d’exclusion qui est souvent difficile à suivre.
Par ailleurs, la dose réactogène très variable d’un patient à un autre peut nous amener à discuter le degré de l’exclusion. L’équipe de Flinterman a tenté de définir une corrélation entre les doses réactogènes lors de tests de provocation oraux et l’histoire clinique des patients, les résultats des tests cutanés et des IgE spécifiques.
Les auteurs ont également évalué le devenir des régimes selon le degré d’exclusion chez les enfants allergiques.
Détermination de la dose « non réactogène » et de la dose « réactogène » d’un groupe représentatif d’enfants sensibilisés à l’arachide : Annebeth E. Flinterman, MDa, Suzanne G. Pasmans, MD, PhDa, Maarten O. Hoekstra, MD, PhDb, Yolanda Meijer, MDb, Els van Hoffen, PhDa, Edward F. Knol, PhDa, Susan L. Hefle, PhDc, Carla A. Bruijnzeel-Koomen, MD, PhDa, André C. Knulst, MD, PhDa
a From the Department of Dermatology/Allergology
b Department of Pediatrics, University Medical Center Utrecht
c Food Allergy Research and Resource Program, University of Nebraska
dans JACI Volume 117, Issue 2, Pages 448-454 (February 2006)
– Objectifs :
- Déterminer la dose où aucune réaction ne se produit (NOAEL pour No-Observed-adverse-Effect-Levels) et la dose réactogène (ED pour Elicited Doses) lors de tests de provocation oraux dans un groupe représentatif d’enfants sensibilisés à l’arachide.
– Méthodes :
- A partir d’un groupe éligible de 96 enfants sensibilisés à l’arachide, 27 enfants ont été évalués par questionnaires, tests cutanés, dosages des IgE spécifiques et tests de provocation oraux en double aveugle avec 9 doses d’arachide (de 10 µg à 3 g).
- Un suivi alimentaire a été réalisé pendant 12 mois.
– Résultats :
- Vingt-deux enfants (81%) ont eu un test de provocation oral positif.
- Dans ce groupe, la dose où aucune réaction n’a été observée était de 1 mg (correspondant à 2 mg d’arachide entière).
- La dose réactogène pour les symptômes subjectifs (10 mg à 3 g) était significativement plus faible que pour les symptômes objectifs (100 mg à 3 g) avec p<0.002.
- Les réactions sévères ne sont apparues qu’avec des doses importantes d’arachide.
- La dose réactogène n’était corrélée ni à l’histoire clinique antérieure, ni aux tests cutanés ou aux dosages des IgE spécifiques.
- Tous les patients ayant eu un test de provocation oral positif ont bénéficié d’un régime d’exclusion.
- Dix enfants ont eu un régime moins strict avec la possibilité de consommer des aliments contenant des traces d’allergène.
- Dans 3 cas, des réactions modérées sont apparus avec des aliments étiquetés « peut contenir des traces d’arachides ».
– Conclusion :
- Chez les enfants allergiques, la dose où aucune réaction n’a été observée était de 2 mg d’arachide.
- La compliance du régime d’exclusion était inadapté pour la moitié de ces enfants.
L’allergie à l’arachide est une des allergies les plus graves à laquelle nous sommes confrontés du fait du risque important d’anaphylaxie, de l’absence de traitement curatif et de la difficulté de suivre un régime strict (ambiguïté sur la présence ou non d’arachide dans de nombreux produits alimentaires manufacturés).
La réalisation de tests de provocation pour évaluer le seuil de réactivité à l’allergène fait toujours prendre un risque de réaction sévère, voir fatale. Ceci nous amène à réfléchir sur une alternative qui est de déterminer un score selon l’histoire clinique, les tests cutanés et le dosage des IgE spécifiques.
L’équipe de Flinterman a tenté sans y parvenir de déterminer une corrélation entre doses réactogènes ou non réactogènes et histoire clinique, tests cutanés et IgE spécifiques. Là encore, on se heurte à la faiblesse des effectifs qui rend difficile toute conclusion.
Le travail reste tout de même intéressant sur quelques éléments.
Le groupe étudié comportait 10 enfants sensibilisés mais qui n’avaient jamais présenté de réaction allergique avant le test de provocation oral. Parmi ces enfants, 60% ont eu un test de provocation positif, contre 94% pour les enfants qui avaient des antécédents d’allergie à l’arachide.
Inversement, 73% des enfants ayant un test de provocation positif avaient déjà présenté une réaction allergique, contre 20% pour ceux qui n’avaient qu’une sensibilisation connue.
Par ailleurs, les enfants, dont les tests de provocation ont été négatifs, ont bénéficié d’un régime avec arachide pendant 12 mois sans le moindre problème.
Ma conclusion : si la tentative était bonne, l’essai n’est pas transformé et le bon sens (l’histoire clinique : sensibilisation ou allergie) prime sur la nécessité de réaliser des tests de provocation oraux à l’arachide et de suivre un régime d’exclusion strict.
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