Maman asthmatique, risque de bébé siffleur ?!

vendredi 12 mai 2006 par Dr Alain Thillay1497 visites

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Maman asthmatique, risque de bébé siffleur ?!

Maman asthmatique, risque de bébé siffleur ?!

vendredi 12 mai 2006, par Dr Alain Thillay

Il a déjà été suggéré fortement qu’un enfant né d’une mère asthmatique a plus de risque de devenir lui-même asthmatique. Le taux des IgE totales sériques étant, chez le nourrisson, un marqueur acceptable de l’atopie et donc du risque de devenir asthmatique, les auteurs de ce travail ont cherché à faire le lien entre asthme maternel et taux des IgE totales sériques du nourrisson.

Association entre la prédisposition au premier degré d’asthme et l’atopie (IgE totales sériques) chez le nouveau-né. : S. Kuiper*, J. W. M. Muris*, E. Dompeling, C. P. van Schayck*, H. J. A. M. Schönberger, G. Wesseling and J. André Knottnerus*

Departments of *General Practice, Paediatrics, and Pulmonology, University Hospital Maastricht, Maastricht, The Netherlands

dans Clinical & Experimental

 Introduction :

  • On pense généralement que les nourrissons ayant une prédisposition familiale de premier degré à l’asthme ont un risque plus important de développer de l’asthme que les nourrissons sans prédisposition.

 Objectifs :

  • Rechercher s’il existe une association entre avoir un risque important de développer un asthme et l’augmentation des IgE totales sériques chez les nouveaux-nés et si les IgE totales sériques sont influencées par le genre, la taille de famille, la saison de naissance, le tabagisme maternel, le poids de naissance, l’âge gestationnel et le régime maternel.

 Méthodes :

  • Deux cent vingt et un nourrissons à haut risque et 308 à risque faible ont été sélectionnés avant la naissance sur une période de 5 ans.
  • Trois à 5 jours après naissance, les IgE totales sériques ont été mesurées sur sang capillaire prélevé au niveau du talon.

 Résultats :

  • Les données concernant les IgE totales et la prédisposition familiale de premier degré étaient disponibles pour 170 nourrissons à haut risque et 300 à faible risque.
  • Il y avait un rapport statistiquement significatif :
    • entre être à haut risque d’asthme (asthme maternel) et l’augmentation des IgE totales chez les nouveaux-nés ((seuil du niveau des IgE totales sériques : 0.6-0.9 IU/ml (OR)=2.1, IC 95% : 1.2-3.7 à 3.0, IC 95% : 1.5-5.9)) ;
    • entre être né en automne et l’augmentation du taux des IgE totales chez les nouveaux-nés ((seuil du taux des IgE : 0.5-0.6 IU/ml (OR=2.5, IC 95% : 1.2-5.1 à 2.5, IC 95% : 1.2-5.4)) ;
    • et entre la prise de complément vitaminique par la mère et la diminution du taux des IgE totales chez le nouveau-né (seuil du niveau des IgE totales : 0.9 IU/ml (OR=0.5, IC 95% :0.3-1.0)).
  • Il n’y avait aucune interaction entre les effets de l’asthme maternel et de la saison de naissance sur les IgE totales, aussi bien qu’entre les effets de l’asthme maternel et de la prise maternelle de suppléments vitaminique.
  • Le genre, la taille de famille, le tabagisme maternel, le poids de naissance, et l’âge gestationnel n’ont pas influencé les associations.

 Conclusion :

  • Avoir un haut risque d’asthme (asthme maternel) et la saison de naissance sont franchement associés à la présence de plus grands taux d’IgE totales sériques à la naissance, tandis que la prise de suppléments vitaminiques par la future maman est négativement associée à la présence d’IgE totales sériques à la naissance.

La question posée par ce travail est simple. Est-ce que le fait d’être né d’une mère asthmatique prédispose à l’atopie ? Ici, le critère pris chez ces nourrissons est la mesure des IgE totales sériques. Ce qui, dans cette tranche d’âge, apparaît être un critère suffisant.

Les résultats apportent trois indications.
 La première montre un lien significatif entre asthme maternel et atopie.
 La seconde montre un lien entre être né à l’automne et atopie.
 Et enfin, la troisième, la prise de complément vitaminique par la mère durant la grossesse montre une association significative et négative avec l’atopie.

Par contre, il n’existe pas de lien, si on prend asthme maternel et saison de naissance ou asthme maternel et prise de vitamines.

De même, il n’existe pas de lien entre le taux des IgE totales sériques et le genre, la taille de la famille, le tabagisme maternel, l’âge gestationnel et le poids de naissance.

Parmi ces facteurs, certains, comme la taille de la famille, le tabagisme maternel, seront impliqués dans les facteurs environnementaux du début de la vie favorisant ou pas l’émergence des manifestations atopiques.

La première indication semble logique. L’asthme étant, chez le sujet jeune, le plus souvent un marqueur de l’atopie, il est logique de retrouver alors des enfants issus de mères asthmatiques qui présentent un taux élevé d’IgE totales sériques.

Plus étonnante est la seconde indication. En effet, être né à l’automne est lié à un taux d’IgE totales sériques élevé. Sachant que le prélèvement sanguin est pratiqué au plus tard après 5 jours de vie, on peut se demander quel est le facteur qui favorise cette augmentation des IgE totales.

Enfin, pour la troisième indication, des études antérieures ont déjà suggéré que le fait de prendre des antioxydants durant la grossesse protègerait du risque d’atopie chez l’enfant à venir. Cela a été montré particulièrement pour la vitamine E.

Cette étude ne va pas révolutionner le mode de l’allergologie, il apporte une confirmation de plus.

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