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Du fumier, de la vache, cré vin diou !
vendredi 19 mai 2006, par
Une vie trop aseptisée favoriserait l’allergie, c’est la théorie hygiéniste qui pourrait expliquer l’effet favorable de la possession d’un chat au début de la vie, la meilleure santé d’un enfant exposé aux allergènes de la ferme, ou aux infections du jeune âge. Cette étude recherche le lien entre exposition aux endotoxines bactériennes, aux mycotoxines, et aux acariens et son influence sur la sensibilisation aux acariens. Résultat ? en demi-teinte ...
Relations non linéaires entre les niveaux en allergènes de la poussière de maison et la sensibilisation aux acariens chez les enfants vivant à la ferme ou non. : D. Schram-Bijkerk1, G. Doekes1, M. Boeve1, J. Douwes1,2, J. Riedler3, E. Üblagger3, E. von Mutius4, J. Budde4, G. Pershagen5, M. van Hage6, M. Wickman7, C. Braun-Fahrländer8, M. Waser8, B. Brunekreef1,9 and the PARSIFAL study group*
1Institute for Risk Assessment Sciences, University of Utrecht, Utrecht, the Netherlands ; 2Centre for Public Health Research, Massey University, Wellington, New Zealand ; 3Children’s Hospital, Schwarzach, Austria ; 4Children’s Hospital, Munich, Germany ; 5Division of Environmental Epidemiology, Institute of Environmental Medicine, Center for Allergy Research, Karolinska Institutet, Stockholm, Sweden ; 6Clinical Immunology and Allergy Unit, Department of Medicine, Karolinska Institutet and University Hospital, Stockholm Sweden ; 7Unit for Environmental Medicine, Karolinska Hospital, Stockholm, Sweden ; 8Institute of Social and Preventive Medicine, University of Basel, Basel, Switzerland ; 9Julius Center for Health Sciences and Primary Care, University Medical Center, Utrecht, the Netherlands
dans Allergy 61 (5), 640-647.
– Contexte
- Un faible taux de sensibilisation aux allergènes communs a été observé chez les enfants vivant dans une ferme, qui pourrait être dû à un degré élevé d’exposition aux agents microbiens.
- On ne sait pas comment les agents bactériens modifient l’association entre l’exposition spécifique aux allergènes et la sensibilisation.
– Objectif
- Examiner les relations entre niveau d’exposition aux allergènes de la poussière de maison et la sensibilisation aux acariens chez les enfants vivant à la ferme ou non.
- Mesurer les effets du niveau d’agent bactérien dans cette association.
– Méthodes
- les allergènes majeurs des acariens Dermatophagoïdes pteronyssinus Der p1 et farinae Der f 1, les endotoxines, les (1,3)-glucans et les polysaccharides extracellulaires fongiques étaient mesurés dans les poussières de matelas de 402 enfants participant a une étude stratifiée croisée dans 5 pays Européens.
- les niveaux d’allergènes acariens Der p1 et der f1 étaient divisés en tertiles avec une zone seuil 1.4 et 10,4 g/g.
- la sensibilisation était contrôlée par la mesure des IgE spécifiques de l’allergène des acariens de la poussière de maison.
– Résultats
- Les ratios de prévalence de sensibilisation aux acariens pour les niveaux médians et élevés comparé avec les niveaux faibles étaient de 3.1 (1.7-5.7) et 1.4 (0.7-2.8) respectivement.
- Les taux les plus élevés de sensibilisation associés à un niveau d’exposition intermédiaire étaient observés uniformément selon les pays (sauf la Suède) et chez les enfants dans les fermes ou en dehors des fermes.
- La forme de la courbe dose réponse était similaire selon les niveaux microbiens dans les matelas au dessus et en dessous de la médiane, mais le pic de sensibilisation apparaissait plus faible pour les zones supérieures au niveau moyen
– Conclusions
- Nos données confirment une relation dose réponse en cloche entre exposition aux acariens et sensibilisation aux acariens.
- Dans les populations exposées à un taux élevé de bactéries et un faible taux de sensibilisation la courbe est atténuée.
Cette étude compare le lien entre exposition aux allergènes acariens et degré d’exposition aux acariens, en fonction d’un facteur supplémentaire qui est la présence d’endotoxines bactériennes ou de spores fongiques, le tout dans le contexte de théorie hygiéniste qui postule le moindre degré de sensibilisation allergique dans les milieux moins aseptisés, comme dans une ferme.
La conclusion est qu’une forte exposition aux acariens est moins à même d’entraîner une sensibilisation si les endotoxines bactériennes et les spores fungiques sont présents. Il n’y a pas en revanche de modification dans l’exposition modérée aux acariens.
L’exposition aux agents infectieux est une voie de recherche et d’étude très actuelle, en particulier pour expliquer la forte prévalence des allergies.
Citons les études sur les CpG-DNA, séquence d’ADN codant pour le CpG, bactérien, immunomodulateur étudié en cancérologie et dans l’immunothérapie spécifique comme adjuvant de celle-ci ou comme effet direct sur l’allergie, les probiotiques, chers à madame Isolauri dans la dermatite atopique.
Pour autant, avant de déposer du fumier dans le lit de nos allergiques, attendons les résultats de ces recherches...
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