L’ARIA, nouveau chant du rhinitique malheureux.

mercredi 24 mai 2006 par Dr Stéphane Guez1551 visites

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L’ARIA, nouveau chant du rhinitique malheureux.

L’ARIA, nouveau chant du rhinitique malheureux.

mercredi 24 mai 2006, par Dr Stéphane Guez

La rhinite allergique connaît un regain d’intérêt avec la parution de recommandations concernant à la fois une nouvelle classification proche de celle de l’asthme accompagnée de suggestions pour la prise en charge thérapeutique. Mais qu’en est-il de la faisabilité en médecine quotidienne de ville ?

Classement et prise en charge des patients avec une rhinite allergique en pratique de ville pendant la saison pollinique. : H. Van Hoecke1,*, N. Vastesaeger2, L. Dewulf2, L. Sys1, P. van Cauwenberge1,*

1Department of Otorhinolaryngology, Ghent University, Ghent, Belgium ; 2Schering-Plough, NV, Brussels, Belgium

dans Allergy 61 (6), 705-711

 Introduction :

  • La rhinite allergique (RA) représente un problème majeur de prise en charge en première intention par les généralistes.
  • L’ARIA (The Allergic Rhinitis and its Impact on Asthma ) a proposé une nouvelle classification de la RA et a édité des recommandations pour prendre en charge cette affection.

 Objectif de l’étude :

  • Les auteurs ont conduit ce travail pour à la fois évaluer la distribution des rhinites selon cette nouvelle classification
  • et pour évaluer si la prise en charge de la RA en pratique de ville est conforme aux recommandations de l’ARIA.

 Méthodologie :

  • Pendant la saison pollinique 2003, 95 médecins généralistes belges ont inclus 804 patients qui présentaient des manifestations de RA.
  • Pour chaque patient, un questionnaire incluant les manifestations cliniques et la prise en charge médicale a été rempli.

 Résultats :

  • Chez 64% des patients ayant une RA, celle ci a été classée intermittente et dans 36% des cas comme persistante.
  • Une rhinite persistante entraîne plus d’inconfort qu’une rhinite intermittente.
  • Seulement 50% des patients ont eu un test allergologique.
    • Parmi eux, 51% sont allergiques à la fois à des allergènes saisonniers et perannuels.
    • 82% des rhinites persistantes sont allergiques à au moins un allergène saisonnier -**et 72% des rhinites intermittentes à au moins un allergène perannuel.
  • Lorsqu’on compare strictement les recommandations de l’ARIA aux prescriptions, 49% des patients ayant une rhinite légère et/ou une rhinite intermittente sont sur-traités, alors que 30% de ceux qui ont une rhinite modérée à sévère sont sous-traités.

 Conclusion :

  • Cette étude confirme que le classement initial des rhinites selon les termes de « saisonniers » ou « perannuels » est effectivement inadéquat et que les termes de « persistante » ou « intermittente » ne se superposent pas à la classification en RA saisonnière ou persistante.
  • De plus, la rhinite persistante a pu être identifiée comme une entité pathologique distincte.
  • D’autres efforts sont nécessaires pour diffuser et compléter les études sur le diagnostic de rhinite et sur l’utilisation des recommandations en première intention en pratique de ville.

Dans cette étude de « terrain » réalisée par des médecins généralistes, la nouvelle classification de la rhinite semble correspondre effectivement à une réalité et semble plus proche de la réalité que l’ancienne classification. Trop peu de patients ont vu un allergologue et le traitement n’est pas souvent optimal.

Ce travail est intéressant car il confirme que la classification qui sépare les rhinites en fonction de la durée et de l’intensité de la gêne est beaucoup plus réaliste que l’ancienne classification reposant uniquement sur l’identification d’allergènes saisonniers ou perannuels, ces deux classification ne se croisant d’ailleurs quasiment pas.

L’absence d’identification des allergènes rend certainement la prise en charge thérapeutique plus simple en première intention par le généraliste, mais l’absence de bilan allergologique conduit certainement à une sur-prescription médicamenteuse en empêchant des mesures d’éviction ciblée, et la désensibilisation n’est pas abordée alors qu’elle peut éviter des traitements au long cours comme les topiques corticoïdes.

Reste le problème du traitement qui ne « colle » pas vraiment aux recommandations avec autant de sur-traités que de sous-traités : peut-être faut-il y voir l’absence de recommandations et de critères concernant, au sein des rhinites, les situations cliniques qui devraient conduire à prendre l’avis d’un spécialiste allergologique ?

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