Théorie hygiéniste, ce n’est pas encore cela l’explication...

lundi 26 juin 2006 par Dr Christian Debavelaere2128 visites

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Théorie hygiéniste, ce n’est pas encore cela l’explication...

Théorie hygiéniste, ce n’est pas encore cela l’explication...

lundi 26 juin 2006, par Dr Christian Debavelaere

Dans la quête d’une explication sur la flambée des allergies dans les pays développés, l’hypothèse d’un manque de stimulation du système immunitaire par les infections de la petite enfance est en vogue. Autrefois, c’est le manque d’infection parasitaire qui était avancée. Le serpent de mer de la vaccination est alors exploré, plus de vaccin = moins d’infections, donc plus d’allergie. CQFD. Cette intéressante étude nordique remet en question cette hypothèse.

Infection aiguë, niveau d’exposition aux agents infectieux et atopie. : M. Paunio*, H. Peltola+, M. Virtanen, P. Leinikki§, A. Makela+ and O. P. Heinonen

*Department of Health, Ministry of Social Affairs and Health, Helsinki, Finland, +Helsinki University Central Hospital, Hospital for Children and Adolescents, Helsinki, Finland, Department of Hospital Services, c/o The Association of Local and Regional Authorities, Helsinki, Finland and §Department of Infectious Diseases, National Public Health Institute, Helsinki, Finland

dans Clinical & Experimental Allergy 36 (5), 634-639

 Contexte

  • Ces dernières années, une nouvelle théorie, postulant que le manque d’infection dans la petite enfance pouvait augmenter le taux de prévalence des allergies, a rapidement pris de l’élan.
  • Cette hypothèse hygiéniste a été largement répandue dans le grand public et il a été suggéré que les vaccinations pourraient indirectement augmenter le nombre d’atopiques.
  • Nous avons exploré l’association entre infection aiguë, la pression des infections (c’est-à-dire le nombre de jours passés au contact d’autres enfants) et l’atopie dans une des plus grandes études de surveillance de population jamais publiée dans la littérature médicale.

 Méthodes

  • Presque tous les Finnois nés entre 1976 et 1984 et un échantillon d’adolescents plus âgés jusque l’age de 19 ans (n = 547 190) furent vaccinés et questionnés afin de recueillir un historique de la survenue des oreillons et de la rubéole et des manifestations d’atopie. (rhino-conjonctivites, eczéma et asthme) de 1982 à 1986.
  • Une sous-classe (n=37 733) incluant tous ceux qui furent vaccinés durant les 2 premiers mois des programmes concernant rougeole, oreillon et rubéole furent également questionnés à propos des infections des voies respiratoires supérieures et sur le niveau d’exposition aux agents infectieux.
  • Les ratios de prévalence brute et après ajustements concernant l’atopie, parmi ceux qui avaient des histoires de maladie infectieuse en comparaison avec ceux qui n’avaient pas cette histoire, furent calculés.

 Résultats

  • Le risque d’infection des voies respiratoires et une histoire d’oreillon, rubéole augmente avec le nombre de contacts journaliers avec d’autres enfants.
  • Cette association était visible, tout spécialement parmi les plus jeunes sujets, en considérant les infections des voies respiratoires supérieures.
  • Alors que la proportion de ceux qui avaient un historique d’oreillons ou de rubéole corrélé avec l’élévation de la pression des infections était plus évidente chez les enfants de 6 ans.
  • L’atopie n’était pas associée aux contacts quotidiens entre enfants parmi les enfants d’age préscolaires.
  • Les enfants avec des histoires d’infections de voies respiratoires supérieures et des infections type oreillons, rubéole avaient de manière substantielle plus d’atopie que ceux avec un taux plus faible d’infection des voies respiratoires supérieures ou de rubéole / oreillons.

 Conclusions

  • Les sujets atopiques semblent être spécialement sujets à faire des infections aiguës des voies respiratoires cliniquement apparentes et pourraient avoir un besoin particulier de protection par immunisation.
  • L’étude ne confirme pas l’idée que la prévalence de l’atopie dans les pays évolués pourrait être affectée par la disparition des infections du tractus respiratoire.

Cette étude est intéressante car portant sur un très grand nombre d’enfants.

Elle reprend les éléments de la théorie hygiéniste et l’hypothèse d’une explication de l’augmentation du nombre d’atopiques par manque de stimulation infectieuse dans la petite enfance.

Par ce manque de stimulation infectieuse, la vaccination pourrait ainsi contribuer à favoriser l’atopie.

Il n’en est rien apparemment.

En réalité, les enfants atopiques ont plus tendance à faire des infections, sans pour autant être plus exposés au risque infectieux car la pression d’exposition aux agents infectieux par la vie en collectivité n’est pas associée à un risque supplémentaire d’atopie.

Cette étude conclut que les atopiques sont plus vulnérables aux infections, ils doivent donc tout particulièrement être vaccinés.

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