Allergie au lait de vache : la vérité n’est pas dans l’étable mais chez le biologiste !!

vendredi 29 septembre 2006 par Dr Stéphane Guez3160 visites

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Allergie au lait de vache : la vérité n’est pas dans l’étable mais chez le biologiste !!

Allergie au lait de vache : la vérité n’est pas dans l’étable mais chez le biologiste !!

vendredi 29 septembre 2006, par Dr Stéphane Guez

L’allergie au lait de vache peut être médiée ou non par les IgE avec une évolution heureusement le plus souvent marquée par une tolérance acquise. Mais quel est le mécanisme de la réponse immune dans cette allergie lorsqu’elle n’implique pas les IgE ? Et comment expliquer l’apparition d’une tolérance ?

Les modifications des réponses humorales à la bétalactoglobuline chez les patients tolérants évoquent le rôle particulier des IgG4 dans la réaction retardée non médiée par les IgE de l’allergie au lait de vache. : Gaynour B. G. Sletten1,2, Ragnhild Halvorsen3, Eliann Egaas1 and Trond S. Halstensen1,2

1National Veterinary Institute, Oslo, Norway, 2Department of Oral Biology, Laboratory for Mucosal Immunology (LMI), University of Oslo, Oslo, Norway, 3Voksentoppen Centre for Asthma and Allergy, Oslo, Norway

dans Pediatric Allergy and Immunology 17 (6), 435-443

 Introduction :

  • L’allergène majeur du lait de vache, la bétalactoglobuline (b-LG) est relativement résistante à la dégradation enzymatique et pourrait donc être impliquée dans l’allergie non IgE médiée au lait de vache (CMA) avec des manifestations cliniques gastro-intestinales retardées.

 Objectif et méthodologie :

  • Les taux sériques des IGA, IgG1, IgG4 et IgE spécifiques à b-LG ont été comparés chez des patients :
    • avec une CMA avec des manifestations gastro-intestinales retardées, soit cliniquement active soit avec tolérance, médiée ou non par les IgE (n=29)
    • et chez des témoins contrôles (n=10).

 Résultats :

  • La tolérance est associée à une diminution des IgE, des IgG, et des IgG4 spécifiques à la b-LG dans les 2 groupes de patients.
  • Cependant, l’augmentation significative des taux d’IgG4 spécifiques de la b-LG chez les patients cliniquement réactifs avec une CMA non médiée par les IgE, et la réduction de la médiane de ces taux d’un facteur 36 chez les patients tolérants, suggèrent le rôle possible des IGg4 dans le mécanisme immuno-pathologique de la réaction retardée dans la CMA.
  • De façon similaire, l’augmentation significative des taux d’IgE spécifiques à la b-LG chez les patients ayant une CMA médiée par les IgE est au contraire diminuée d’un facteur 44 chez les patients tolérants.
  • Les patients tolérants ont apparemment basculés leur réponse humorale dominante de type IgE et/ou IgG4 spécifiques à la b-LG vers une réponse immune de type IgA dominante comme le montre :
    • l’augmentation des rapports IgA/IgE
    • ou IgA/IgG4
  • qui sont respectivement augmentés :
    • d’un facteur 90
    • et d’une facteur 15
  • chez les patients ayant une CMA IgE médiée avec tolérance et chez les patients avec une CMA non IgE médiée avec tolérance.

 Conclusion :

  • Ainsi, la différence significative des rapports entre les immunoglobulines spécifiques de la b-LG suggère une tolérance induite par inhibition d’une réponse immune de type TH2 avec une augmentation significative de la réponse par IgA dans les différents groupes de patient ayant une CMA.

Les auteurs démontrent que l’allergie au lait de vache non médiée par les IgE implique en fait les IgG4, et que d’autre part la tolérance résulte d’une modification de la réponse immune avec inhibition de la réponse TH2 et augmentation prédominante et significative des taux d’IgA spécifiques à la bétalactoglobuline.

Ce travail est intéressant car il peut avoir des implications cliniques rapides en pratique allergologique et pédiatrique.

En effet on pourrait imaginer de doser les IgG4 pour affirmer une allergie au lait de vache non IgE médiée, avec un suivi permettant de mettre en évidence l’acquisition d’une tolérance : il y a alors diminution des IgG4 et augmentation des IgA avec une modification du rapport IgG4 sur IgA spécifiques à la bétalactoglobuline.

De même chez les patients ayant une allergie IgE médiée, la chute des IgE et l’inversion du rapport IgE sur IgA pourraient permettre de dépister l’acquisition d’une tolérance.

Le mécanisme de la tolérance est acquis et résulte d’une augmentation significative des taux d’IgA spécifiques à la bétalactoglobuline, avec réponse IgA prédominante. Ceci serait du à une inhibition de la réponse immune de type TH2.

Cependant il faut valider ces résultats sur des effectifs beaucoup plus importants de patients avant de proposer ces outils pour le diagnostic et le suivi de l’acquisition d’une tolérance chez les enfants ayant une allergie au lait de vache avec des manifestations retardées de type gastro-intestinales.

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