Allergie et OGM : quoi de neuf docteur ?

jeudi 2 novembre 2006 par Dr Stéphane Guez2144 visites

Accueil du site > Allergènes > Alimentaires > Allergie et OGM : quoi de neuf docteur ?

Allergie et OGM : quoi de neuf docteur ?

Allergie et OGM : quoi de neuf docteur ?

jeudi 2 novembre 2006, par Dr Stéphane Guez

Les OGM suscitent des prises de position qui manquent parfois de nuances : ainsi il y a ceux qui sont totalement contre et ceux qui sont totalement pour. Comme d’habitude la vérité est rarement aux extrêmes. Pour l’allergologue la question se pose en terme d’allergénicité. Les OGM sont-ils plus allergisants ?

Evaluation de la fréquence des sensibilisations et identification des sites de fixation des IgE de pommes de terre sauvages ou génétiquement modifiées chez des patients allergiques. : Soo-Keol Lee1 , Young-Min Ye2 , Sung-Ho Yoon2 , Bou-Oung Lee3 , Seung-Hyun Kim2 and Hae-Sim Park2

1Department of Internal Medicine, College of Medicine, Dong-A University, Busan
2Department of Allergy & Rheumatology, School of Medicine, Ajou University, Suwon
3College of Agriculture, Chonbuk National University, Chonju, Korea

dans Clinical and Molecular Allergy 2006, 4:10

 Introduction :

  • La pomme de terre (PDT) est l’un des aliments les plus communément modifiés génétiquement.
  • Cependant il y a très peu de données évaluant l’impact de ces manipulations génétiques (OGM) sur l’allergénicité des PDT ainsi génétiquement modifiées.

 Objectifs de l’étude :

  • Les auteurs ont comparé l’allergénicité de PDT génétiquement modifiées par rapport à des variétés sauvages à la fois, in vivo et in vitro, chez des patients adultes allergiques sensibilisés aux PDT.

 Matériel et méthode :

  • Un total de 1886 patients ayant des affections allergiques variables et 38 patients non malades a participé à cette étude.
  • Des tests cutanés et des dosages IgE par tests ELISA ont été préparés avec les extraits de PDT sauvages et par OGM.
  • Un test d’inhibition ELISA a été utilisé pour confirmer la spécificité de la fixation.
  • Les sites de liaison IgE dans les extraits des deux sortes de PDT ont été identifiés par SDS-PAGE et technique imunoblotting IgE.
  • Les effets des enzymes digestives et de la chaleur sur l’allergénicité des extraits ont été étudiés en pré-incubant les PDT avec ou sans liquide de stimulation gastrique et intestinal, en l’absence ou en présence de chaleur.

 Résultats :

  • Les réponses positives aux prick-tests (rapport de la taille de la papule induite par l’allergène sur celle induite par l’histamine (A/H) > ou = à 2) pour le type sauvage ou les extraits de PDT OGM, sont observées chez 108 patients (5.7%).
  • Des IgE spécifiques sériques ont été détectées chez 0 à 88% des sujets qui ont été testés positivement.
  • Le test d’inhibition ELISA montre de façon significative une inhibition avec l’extrait de chaque type de PDT ajouté.
  • L’imunoblotting montre la présence de 14 sites de fixation des IgE spécifiques avec le type sauvage de PDT et 9 avec celui des OGM.
  • De plus un composant commun de 45 kDa fixant les IgE de la même façon a été observé chez plus de 80% des tests utilisant les sérum de patients sensibilisés au type de PDT sauvage ou au type OGM.
  • L’exposition au liquide gastrique et au traitement par la chaleur inhibe de façon similaire la liaison des IgE par les extraits des types sauvage ou OGM de PDT, alors que des modifications minimes sont obtenues après exposition des extraits au liquide de stimulation intestinal.

 Conclusion :

  • Ces résultas suggèrent fortement que les manipulations génétiques des PDT n’augmentent pas leur risque allergénique.
  • Le pourcentage de sensibilisation chez les adultes allergiques aux deux sortes de PDT est de 5.7%, et un allergène majeur commun de 45 kDa a été identifié.

Les auteurs démontrent que le pourcentage de sensibilisation d’une population adulte aux pommes de terre, variétés sauvage ou OGM, est identique.

La manipulation génétique n’augmente pas le potentiel allergisant. L’allergène majeur est commun aux 2 variétés avec une même dégradation par les enzymes gastriques.

Ce travail est intéressant car il est un des rares abordant le problème de l’allergénicité des OGM. 

En étudiant une population importante d’adultes allergiques, les auteurs montrent bien qu’ils n’y a pas plus d’allergies avec les 2 variétés de pomme de terre : sauvage ou OGM. De plus, la manipulation génétique n’affecte pas la structure du composant allergénique majeur, qui fixe les IgE spécifiques de la même façon pour le sérum des patients sensibilisés aux 2 variétés de pommes de terre.

La question est de savoir si cette étude peut rassurer de façon globale sur les risques allergéniques des OGM ?

Il serait plus prudent de retenir que ce résultat est valable pour la PDT et qu’il est difficile d’extrapoler ces résultats à tous les allergènes des végétaux comestibles.

Ce travail est intéressant de plus par la méthodologie simple qu’il utilise et qui peut être appliquée de la même façon à l’étude d’autres allergènes génétiquement modifiés.

Abonnez-vous!

Recevez les actualités chaque mois