L’immigration asiatique peut-elle contrôler l’asthme ?

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L’immigration asiatique peut-elle contrôler l’asthme ?

L’immigration asiatique peut-elle contrôler l’asthme ?

lundi 15 janvier 2007, par Dr Philippe Carré

Les populations immigrées ont des prévalences d’asthme parfois différentes des sujets autochtones, qui pourraient être en rapport avec la précocité et la durée de la présence dans le pays hôte. Les auteurs ont étudié la prévalence de l’asthme entre des jeunes femmes blanches et Asiatiques du sud vivant au Royaume Uni.

Asthme chez des jeunes femmes d’Asie du sud vivant au royaume Uni : importance de la vie précoce. : C. E. Kuehni, M-P. F. Strippoli, N. Low, M. Silverman (2007)

dans Clinical & Experimental Allergy 37 (1), 47-53.

 Contexte

  • Des études sur les immigrants suggèrent que l’environnement pendant la vie fœtale et la durée de résidence dans le pays hôte pourraient influencer le développement de l’asthme
  • On connaît peu de choses sur l’importance du moment de l’exposition dans le pays hôte et si les migrants pourraient être spécialement vulnérables dans certaines fenêtres d’âge

 Objectifs

  • Les auteurs ont comparé la prévalence rapportée de l’asthme entre des jeunes femmes blanches et Asiatiques du sud au Royaume Uni
  • Et ils ont recherché les associations entre le pays de naissance et l’âge au moment de l’immigration

 Méthodes

  • Un questionnaire sur l’atopie a été adressé par voie postale à de jeunes mères, de façon randomisée : 2380 Asiatiques du sud et 5796 blanches, dans le Leicestershire
  • Les renseignements sur l’origine ethnique étaient aussi disponibles à partir des réponses des mères
  • Les résultats étaient analysés en utilisant une régression logistique multivariable et une approche par score de propension

 Résultats

  • La prévalence rapportée de l’asthme était de 10.9% chez les Asiatiques du sud et 21.8% chez les femmes blanches
  • Les Asiatiques du sud qui avaient migré au Royaume Uni à l’âge de 5 ans ou plus avaient moins d’asthme (6.5%) que celles nées au Royaume Uni ou celles qui avaient migré avant l’âge de 5 ans (16%), avec un OR ajusté de 0.38 (IC à 95% : 0.23-0.64, p<0.001)
  • Pour celles qui avaient migré à plus de 5 ans, la prévalence ne changeait pas avec la durée de présence au Royaume Uni
  • L’exposition habituelle à des facteurs de risque environnementaux communs avait relativement peu d’effet sur les prévalences estimées

 Conclusion

  • Ces données, provenant d’une grande étude de population, supportent l’hypothèse que les facteurs d’environnement de la petite enfance influencent le risque d’asthme à l’âge adulte.

Les auteurs ont étudié la prévalence de l’asthme dans une population de jeunes femmes vivant au Royaume Uni, un groupe (n=5796) étant d’origine caucasienne et un autre groupe (n=2380) étant originaires d’Asie du sud.

Ils ont recherché s’il y avait une relation entre la prévalence et d’une part le pays de naissance, d’autre part l’âge de l’immigration et la durée de présence dans le pays hôte.

Les résultats montrent que :
 les Asiatiques du sud avaient une prévalence d’asthme 2 fois moins forte que les femmes caucasiennes (10.9% vs 21.8%)
 pour ce qui concerne l’âge d’immigration, la prévalence était d’autant moins forte que les femmes avaient migré à un âge plus tardif (5 ans ou plus) : 6.5 vs 16%
 la prévalence, en cas de migration après 5 ans, ne changeait pas avec la durée de présence dans le pays hôte
 l’exposition à un environnement commun avait peu d’influence sur la prévalence

Cette étude permet de conclure que, chez des femmes Asiatiques du sud ayant migré au Royaume Uni, ni les facteurs d’environnement dans le pays hôte ni la durée de la présence dans ce pays ne modifiaient la prévalence de l’asthme, au contraire de l’âge d’immigration qui semblait le facteur le plus important, la prévalence étant d’autant plus faible que l’âge au moment de l’immigration était pus élevé.

Le risque d’asthme à l’âge adulte semble donc être lié surtout aux facteurs d’environnement locaux de la première partie de la vie, sans que cette étude puisse faire la distinction entre la responsabilité de l’environnement fœtal ou celui de la petite enfance.

Cette période apparaît donc primordiale pour l’orientation et la protection vis-à-vis du développement de la maladie asthmatique. En tout cas chez les femmes nées en Asie du sud ; mais ceci confirme les données d’autres études épidémiologiques de prévalence de l’asthme, même si l’environnement ultérieur joue aussi un rôle dans le contrôle de la maladie. Ces facteurs ne sont donc certainement pas exclusifs.

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