Le platane du bord des routes au centre de nos préoccupations.

mardi 13 mars 2007 par Dr Hervé Couteaux3248 visites

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Le platane du bord des routes au centre de nos préoccupations.

Le platane du bord des routes au centre de nos préoccupations.

mardi 13 mars 2007, par Dr Hervé Couteaux

C’est un traitement long, contraignant, qui a tous les défauts du monde si vous voulez … mais la désensibilisation est irremplaçable dans notre arsenal de prise en charge des maladies allergiques : c’est le seul traitement étiologique, et son actualité reste entière, comme en témoigne l’étude du jour !

Une étude d’observation sur l’évolution d’allergies alimentaires au cours d’une immunothérapie spécifique par voie sous-cutanée à un autre pollen que le bouleau. : R. Alonsoa, E. Enriquea, F. Pinedab, M. Basagañaa, M.M. San Miguel-Moncína, J. Bartraa, R. Palaciosb, A. Cisteró-Bahímaa

Allergy Department, Institut Universitari Dexeus, Universitat Autònoma de Barcelona, Barcelona, and
bResearch and Development Department, Laboratorios Diater, Madrid, Spain

dans International Archives of Allergy and Immunology 2007 ;143:185-189

 Contexte :

  • L’immunothérapie spécifique (SIT) au pollen de bouleau diminue l’allergie aux aliments contenant des allergènes homologues à ceux du pollen de bouleau.
  • Une réactivité croisée a également été observée entre le pollen de platane et quelques aliments d’origine végétale.

 Objectif :

  • Le but de cette étude a été d’évaluer l’évolution de l’allergie alimentaire chez des patients présentant des allergies alimentaires d’origine végétale associées à une pollinose au pollen de platane (rhino-conjonctivite et/ou asthme) traités par SIT au pollen de platane.

 Méthodes :

  • Une étude d’observation et prospective a été conduite chez 16 patients adultes présentant des allergies à des aliments d’origine végétale (noisette, noix, laitue, pêche et cerise) et aux pollens de platane, traités par SIT au pollen de platane depuis un an.
  • Des tests de provocation orale ouverts ont été réalisés avec les aliments en cause avant et après immunothérapie.
  • Des prélèvements sanguins ont été réalisés en vue de réaliser des tests d’IgE et d’IgG4 spécifiques vis à vis des pollens et des aliments avant et après traitement.

 Résultats :

  • L’immunothérapie spécifique aux pollens de platane a entraîné une diminution de l’allergie alimentaire, puisque la quantité moyenne d’aliments nécessaire pour déclencher des symptômes objectifs a augmenté, passant de 2.19 à 13.74 g (p<0.05) ; 6 des 11 patients ont toléré le plus haut niveau (25 g) de doses d’aliments utilisées lors des tests de provocation après SIT au pollen de platane.
  • Les données de laboratoires ont également montré une diminution des niveaux d’IgE et une augmentation d’IgG4 après immunothérapie.

 Conclusion :

  • la SIT au pollen de platane a un impact positif sur l’allergie alimentaire de sujets allergiques au pollen de platane.

L’immunothérapie spécifique aux extraits de pollens de platane, menée chez 16 sujets polliniques, a entraînée une baisse de leur allergie alimentaire évaluée par l’augmentation de la quantité d’aliments nécessaire pour déclencher des réactions objectives.

Étude clinique venant compléter les données plus étoffées dont nous disposons pour les pollens de bouleau.

Le soubassement moléculaire est précisé par ailleurs, dans une étude allemande récente (Février 2007) qui s’est intéressé à la présence de LTP dans le pollen de platane (Pla a 3) et étudié ses relations immunologiques avec les LTP alimentaires, notamment de la pêche.

Cette même équipe allemande avait, dès 2003, publié sur les réactivités croisées entre les LTP alimentaires (les aliments étudiés étaient alors la cerise et la noisette) et celles du pollen.

Rappelons les allergènes connus et caractérisés du pollen de platane tels que nous les livre le site allergome (http://www.allergome.org/ ) :
 Pla a 1 : invertase inhibitor
 Pla a 2 : polygalacturonase
 Pla a 3 : LTP
 Pla a profilin (dont les réactivités croisées avec Ole e 2 et Che a 2 sont documentées, mais qui, comme la quasi totalité des profilines végétales, doivent croiser également avec les autres profilines végétales.)

L’immunothérapie spécifique confirme à travers cette étude son statut de traitement primordial, avec une remarque, à la fois anecdotique et cruciale...

Le terme « spécifique », accolé à « immunothérapie » mériterait d’être précisé : s’adresse-t-il à la notion d’extrait de pollen de bouleau ? à certains allergènes qu’il contient ? à tous les allergènes qu’il contient ?

Quant au « spécifique » des IgE, son incongruité semble faire lentement (trop lentement ?) son chemin...

Progressant avec les données moléculaires toujours plus précises et plus nombreuses, l’allergologie clinique ne devra pas faire l’économie d’un toilettage de vocabulaire, préalable indispensable à la révolution de pensée générée par l’allergologie moléculaire.

En guise de petit complément botanique, rappelons que la famille des Platanacées, qui prirent une grande extension pendant l’ère tertiaire (que nous sommes de moins en moins nombreux à avoir bien connue) ne sont plus représentées, de nos jours, que par un seul genre : platanus comportant une demi douzaine d’espèces.

Deux espèces doivent être soulignées : le platane d’Orient (platanus orientalis) aux feuilles lobées jusqu’au-delà du milieu, et le platane commun ou platane à feuilles d’érable (platanus acerifolia) aux feuilles lobées tout au plus jusqu’au milieu, aux origines incertaines.

En France, on rencontre des arbres à feuilles plus ou moins profondément découpées (probablement de nombreux hybrides...)

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