Les bronches s’enflamment dans la rhinite allergique

mercredi 23 mai 2007 par Dr Clément FOURNIER16540 visites

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Les bronches s’enflamment dans la rhinite allergique

Les bronches s’enflamment dans la rhinite allergique

mercredi 23 mai 2007, par Dr Clément FOURNIER

Il existe un continuum entre la rhinite allergique et l’asthme. Afin de mieux analyser ce lien, cette étude s’est intéressée à l’inflammation bronchique de patients avec rhinite allergique, et l’a comparée avec celle de patients sains et asthmatiques.

Inflammation des voies aériennes distales dans la rhinite allergique : une comparaison avec les asthmatiques et les sujets normaux. : J. L. Brown, A. F. Behndig, B. E. Sekerel, J. Pourazar, A. Blomberg, F. J. Kelly, T. Sandström, A. J. Frew, S. J. Wilson (2007)

*Allergy and Inflammation Research, University of Southampton, Southampton, UK, Department of Respiratory Medicine and Allergy, University Hospital Umeå, Umeå, Sweden and Lung Biology, Pharmaceutical Sciences Research Division, School of Biomedical and Health Sciences, King’s College London, London, UK

dans Clinical & Experimental Allergy 37 (5), 688–695.

 Contexte :

  • La rhinite allergique et l’asthme représentent un continuum au sein des maladies allergiques.
  • La rhinite allergique est supposée prédisposer un individu à développer un asthme.
  • La réponse inflammatoire dans les voies aériennes inférieures des patients rhinitiques n’est pas entièrement élucidée par comparaison à celles de sujets normaux ou asthmatiques.
  • Les auteurs ont émis l’hypothèse que la réponse inflammatoire de patients avec rhinite allergique était d’un niveau intermédiaire entre celle des sujets normaux et des asthmatiques.
  • Pour tester cette hypothèse, ils ont comparé l’inflammation bronchique et les niveaux de cytokines (ARN messager) chez des patients avec rhinite allergique sans asthme, des patients asthmatiques allergiques, et des sujets normaux.

 Méthodes :

  • Des biopsies de muqueuse bronchique étaient réalisées sous fibroscopie chez 14 patients avec rhinite allergique, 16 patients asthmatiques, et 21 sujets normaux.
  • Les biopsies étaient incorporées dans une résine de méthacrylate glycol pour analyse immunohistochimique de l’inflammation cellulaire, et congelées pour une mesure semi-quantitative en PCR des niveaux d’ARN messager codants pour des cytokines.

 Résultats :

  • L’inflammation des voies aériennes chez les sujets rhinitiques était caractérisée par une augmentation muqueuse des éosinophiles, des mastocytes, et de l’ARNm codant pour le TNF-α, à des niveaux intermédiaires entre les sujets sains et les asthmatiques.
  • De plus, la quantité de lymphocytes CD3+ et CD8+ dans l’épithélium, l’expression endothéliale d’ARNm codant pour l’IL-1β et la molécule d’adhésion vasculaire 1 (VCAM-1), était plus élevés chez les sujets rhinitiques par comparaison à la fois aux sujets asthmatiques et aux sujets sains.
  • Par ailleurs, l’ARNm codant pour le GRO-α (Growth-Related Oncogene) était diminué chez les sujets rhinitiques par comparaison aux sujets asthmatiques et sains.
  • L’inflammation des voies aériennes dans le groupe des asthmatiques par comparaison aux sujets sains et rhinitiques était caractérisée par un nombre accru d’éosinophiles et de mastocytes associé à une augmentation de l’ARNm codant pour le TNF-α.
  • L’ARNm codant pour l’INF-gamma était au plus haut chez les sujets sains, et au plus bas chez les asthmatiques.

 Conclusion :

  • Ces données suggèrent que les sujets avec rhinite allergique ont un statut intermédiaire d’inflammation des voies aériennes se situant entre celui de sujets sains et de sujets asthmatiques.
  • Elles montrent également qu’une production d’INF- par les lymphocytes CD8+ pourrait être un facteur protecteur de l’hyperréactivité bronchique.
  • Des travaux ultérieurs sont nécessaires pour évaluer cette hypothèse

Il est admis depuis plusieurs années que la rhinite allergique précède et favorise la survenue d’un asthme. Ce risque concerne 10 à 30% des patients avec rhinite allergique selon les études.

Cette étude, bien qu’effectuée sur un effectif restreint, confirme qu’il existe une inflammation bronchique chez des patients présentant une rhinite allergique. Le niveau de cette inflammation se situerait à un stade intermédiaire entre le sujet asthmatique et le sujet sain. Il existe des différences de profil inflammatoire entre les bronches d’un rhinitique non asthmatique et celles d’un asthmatique. Le problème dans ce type d’étude est qu’il est toujours difficile de savoir si ce que l’on observe joue réellement un rôle physiopathologique ou si cela n’est qu’une conséquence collatérale d’autres mécanismes.

L’hypothèse la mieux reconnue actuellement pour expliquer l’inflammation bronchique de la rhinite allergique est celle d’une propagation de l’inflammation nasale aux voies respiratoires basses par la circulation systémique. Cette propagation marcherait aussi en sens inverse puisqu’il peut exister une inflammation éosinophilique nasale chez des asthmatiques sans rhinite. Tout ceci conforte l’hypothèse d’un système respiratoire unique qui réagit sur l’ensemble de sa longueur.

Il reste par contre à expliquer pourquoi seule une partie des patients avec rhinite allergique développent un asthme.

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