La fléole des temps modernes.

vendredi 14 septembre 2007 par Dr Hervé Couteaux2087 visites

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La fléole des temps modernes.

La fléole des temps modernes.

vendredi 14 septembre 2007, par Dr Hervé Couteaux

L’allergie aux pollens des Poacées (ex-Graminées) est sans conteste la pollinose la plus fréquente en France. Son diagnostic et son traitement sont donc au cœur de nos préoccupations. Quel peut être l’apport de la technologie des recombinants dans ce problème quotidien ?

Diagnostic cutané de l’allergie aux pollens de Poacées par une molécule recombinante hybride. : Carine Metz-Favre, MDa, Birgit Linhart, PhDb, Margarete Focke-Tejkl, PhDb, Ashok Purohit, MDa, Frédéric de Blay, MDa, Rudolf Valenta, MDb, Gabrielle Pauli, MDa

From the Department of Respiratory Diseases, Hôpitaux Universitaires de Strasbourg, Christian Doppler Laboratory for Allergy Research, Division of Immunopathology, Department of Pathophysiology, Center of Physiology and Pathophysiology, Medical University of Vienna

dans JACI Volume 120, Issue 2, Pages 315-321 (August 2007)

 Contexte :

  • Une molécule recombinante hybride (HM) se composant de 4 allergènes principaux de fléole des prés (Phl p 1, 2, 5, et 6) a été exprimée par Escherichia coli, purifiée, et caractérisée quant à ses propriétés immunologiques.

 Objectifs :

  • Nous avons cherché à déterminer si le recombinant HM pouvait être utilisé pour les tests cutanés dans le diagnostic de l’allergie aux pollens de Poacées.

 Méthodes :

  • Des tests cutanés ont été réalisés chez 32 patients allergiques au pollen de Poacées et chez 9 sujets contrôles avec des concentrations croissantes (4, 12, 36, and 108 μg/mL) de recombinant HM et d’extrait commercial de pollens de Poacées.
  • L’IgE-réactivité spécifique vis-à-vis du recombinant HM, de l’extrait de pollen de Poacées, et d’un panel d’allergènes purifiés de pollen de Poacées (rPhl p 1, 2, 5, 6, 7, 12, et 13 et nPhl p 4) a été évaluée par ELISA tandis que les niveaux d’IgE spécifiques vis-à-vis du pollen de Fléole ont été mesurés par ImmunoCAP.

 Résultats :

  • L’allergie au pollen de Poacées a été diagnostiquée chez tous les patients par test cutané avec HM. 
  • Aucune réponse faux-positive aux tests cutanés n’a été obtenue chez les sujets contrôle.
  • Il y avait une excellente corrélation entre les niveaux d’IgE obtenus avec le HM et l’extrait normal de pollen de Poacées mesuré par ELISA (r = 0.98, P < .0001) et par ImmunoCAP (r = 0.98, P < .0001).

 Conclusion :

  • Le recombinant HM a permis un diagnostic in vivo précis et spécifique de l’allergie au pollen de Poacées chez tous les patients examinés.
  • Il peut être considéré comme un outil bien défini pour le diagnostic et peut-être pour l’immunothérapie de l’allergie aux pollens de Poacées.

 Implications cliniques :

  • Un recombinant HM peut remplacer les extraits allergéniques traditionnels pour le diagnostic de l’allergie aux pollens de Poacées basé sur les tests cutanés.

Sur 32 sujets polliniques aux Poacées (sans précision sur l’établissement du diagnostic), l’utilisation d’un recombinant comme moyen diagnostic donne les mêmes résultats que les moyens habituels.

La conclusion sur les implications cliniques de cette étude élargit ce résultat, considérant que ce recombinant permet de diagnostiquer efficacement tous les patients allergiques aux pollens de Poacées.

En l’état actuel des travaux, cette conclusion dérive en droite ligne de l’hypothèse couramment admise d’une réactivité croisée suffisante au sein des Poacées.

Selon Enrique Fernandez-Caldas, la pollinose aux Poacées représente de 10 à 30% des allergies IgE-médiées.

Parmi les 13 sous-familles des Poacées, 6 concernent l’Europe, peu ou prou.

L’hypothèse de la réactivité croisée au sein des Poacées est maintenant ancienne : elle repose sur la comparaison d’une douzaine d’espèces sur les 9000 espèces présentes à travers le monde qui représentent plus de 20% de la couverture végétale du globe.

Sur ces 12 espèces, il y en a une (Cynodon dactylon) qui ne croise pas aussi parfaitement que les autres.

Les études critiques de cette hypothèse (simplificatrice ?) sont pourtant rares :

Selon Enrique Fernandez-Caldas, les allergènes de Poa, Dactylis, Lolium et Phleum ont des allergènes similaires. Cynodon, Paspalum et Sorghum contiennent des allergènes différents et doivent être considérés comme antigéniquement distincts.

Esch, (Clin allergy immunol. 2004), a classé les Poacées selon leur degré de réactivité croisée et il estime que la réactivité croisée est faible pour Pooideae vs Chloridoideae et vs Panicoideae (Trois sous-familles largement représentées en Europe).

Qu’il existe des zones où cette hypothèse se vérifie est fort probable ; qu’il en existe d’autres où certaines espèces ont une présence abondante et des caractéristiques immunologiques différentes est une possibilité à étudier.

De telles zones existent : des milliers d’hectares de molinie bleue (classée dans les Aristidoideae) s’étalent dans le sud-ouest de la France et le sporobole tenace (Chloridoideae) est une espèce invasive de plus en plus abondante sur notre sol…

Les pollens de ces deux espèces n’ont pas été étudiés jusqu’à présent.

L’abord moléculaire du diagnostic donne des résultats comparables aux moyens traditionnels en attendant des implications thérapeutiques : quelques allergènes seulement pourraient donc fournir des outils thérapeutiques adaptés à la majorité des patients polliniques aux Poacées.

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